« Depuis le printemps dernier, la profession a déplacé des montagnes avec succès pour s’adapter aux conséquences de l’épidémie de Covid-19. Mais la prévention dans nos métiers se décline également dans d’autres domaines, et notamment celui de l’amiante et de la silice cristalline, où le combat est triple. Le premier concerne les chantiers relevant de la “sous-section 4”, relative aux opérations de maintenance, de réparation ou d’entretien sur des matériaux susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante. Les fiches, que nous avons produites avec l’OPPBTP (basées sur les travaux Carto Amiante), permettent aux entrepreneurs non spécialistes de l’amiante d’intervenir de manière sécurisée sur ces petits chantiers. Elles feront l’objet d’une communication particulière prochainement intitulée “les règles de l’art amiante”. Les modalités d’intervention décrites sont simples, pratiques et très efficaces. Mais ce n’est malheureusement pas le cas des formalités nécessaires à leur réalisation. Pour percer un trou dans un mur revêtu d’un enduit amianté, il faut ainsi produire une somme de documents proche de celle nécessaire à la réalisation d’une opération de désamiantage”! Cette lourdeur administrative est disproportionnée. Pour ce type d’interventions, et toutes celles relevant de la sous-section 4, il serait judicieux de pouvoir alléger les règles. Mais je ne perds pas espoir : je ne me lasse pas de répéter à l’administration que l’on peut faire mieux tout en faisant plus simple !
Le second combat sur le front de l’amiante est celui du repérage avant travaux. Nous avons découvert à l’été 2019, lors de sa mise à l’enquête publique, qu’une norme sur le repérage amiante avant travaux était en cours d’écriture. Le texte, qui doit être publié avant la fin de l’année avec son arrêté d’application, oblige notamment à effectuer des sondages de reconnaissance d’amiante naturel dans tous les terrains non remaniés. Là encore, nous affirmons que, faute d’un ensemble cartographique précis, connu des propriétaires des sites et des maîtres d’ouvrage potentiels, ce nouveau repérage avant travaux ne sera pas effectif.
Notre troisième cheval de bataille est celui de la silice cristalline alvéolaire. Une directive européenne de décembre 2017 a classé les procédés de travail générant ces poussières comme agents cancérogènes et mutagènes. La directive, qui propose une valeur limite d’exposition (VLEP) sur les poussières de quartz fixée à 0,1 mg/m³, doit être traduite prochainement dans la réglementation française. Nous demandons que la France ne sur-transpose pas le texte européen en abaissant cette VLEP à un niveau inférieur à la valeur européenne. Le risque serait, le cas échéant, de devoir mettre en œuvre les protocoles prévus pour les travaux de désamiantage. Autant dire que les entreprises ne pourraient alors plus travailler.
Sur ce dossier comme sur les autres, nous ne cessons de répéter que, pour faire avancer la prévention sur les chantiers et dans les ateliers, les mesures doivent être simples, techniquement applicables et économiquement supportables ! »