Prix de l'Apprenti du patrimoine : Nina Lefèvre, une apprentie taillée pour la pierre

Le premier prix de l’Apprenti du patrimoine, lance par le magazine Le Pèlerin et le GMH-FFB, a récompensé Nina Lefèvre, apprentie en taille de pierre. La jeune femme de 19 ans a su convaincre le jury en expliquant ses motivations et en lui présentant la caisse à outils de ses rêves… qu’elle remportera lors d’une cérémonie officielle repoussée pour cause sanitaire.
14:1101/12/2020
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Bâtimétiers Numéro 61 | Décembre 2020
Un joli coup de pouce pour démarrer dans la vie professionnelle ! En 2021, Nina Lefèvre, jeune apprentie en taille de pierre de 19 ans, se verra remettre, lors d’une cérémonie officielle, sa caisse à outils idéale. À l’intérieur s’y trouveront pêle-mêle un marteau pneumatique, une gamme de ciseaux pour tailler les moulures, des chemins de fer pour les finitions, un conformateur pour épouser la forme des moulures… Cet ensemble d’outils en métal forgé d’une valeur totale de 1 500 euros, Nina l’a soigneusement choisi à l’occasion de sa participation au prix de l’Apprenti du patrimoine. Ce prix annuel, créé par le magazine Le Pèlerin en partenariat avec le Groupement des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH-FFB), s’adresse à tous les jeunes inscrits dans les formations « métiers du patrimoine » qui se destinent à la restauration du patrimoine bâti (voir encadré ci-contre).

C’est en décembre 2019 que le patron de Nina, Frédéric Bourreau, gérant de l’entreprise de maçonnerie-taille de pierre spécialisée dans les monuments historiques SN Billon Centre, située à La Roche-Clermault, près de Chinon (Indre-et-Loire), lui présente le concours et lui propose de candidater. « Nina faisait partie des cinq apprentis que nous avions à l’époque, et elle était particulièrement investie dans son travail, c’est pour cela qu’il me semblait intéressant qu’elle puisse participer », se rappelle Frédéric Bourreau qui, passé lui aussi par l’apprentissage, prend sous son aile chaque année plusieurs jeunes professionnels.

« J’ai tout de suite été intéressée par ce concours. Je trouvais l’idée de gagner ses propres outils très motivante ! », s’exclame Nina. Très rapidement, la jeune femme, en première année d’apprentissage à la Maison des compagnons de Saumur, prend connaissance du règlement sur Internet. « Il fallait produire un dossier présentant la caisse à outils que je rêvais d’avoir, le devis correspondant, ainsi qu’une lettre de motivation expliquant pourquoi je voulais participer au concours », détaille Nina. Et puisque à quelque chose malheur est bon, la jeune apprentie profite des deux mois de confinement pour constituer son dossier, entièrement depuis… son téléphone portable ! « L’ordinateur familial avait rendu l’âme, j’ai donc dû me débrouiller avec les moyens du bord », explique-t-elle.

Il lui faut d’abord constituer sa caisse idéale. « J’ai pris en photo tous les outils qui me servent au quotidien. La forme étant libre, j’ai créé des décors pour les mettre en valeur. » Ainsi, Nina fait « poser » son outil de traçage devant une couette blanche « pour améliorer le contraste ». Le portrait des ciseaux à pierre est, quant à lui, réalisé sur un fond de fleurs du jardin « pour apporter des touches de couleurs ». Entre deux photos, Nina taille des pierres « pour le plaisir » dans l’atelier qu’elle loue à deux pas de chez elle. « Il fallait bien s’occuper ! », sourit-elle.

Peu à peu, le dossier prend de l’épaisseur –  il fera au total 46  pages et sa constitution aura demandé à Nina trois semaines de travail. Pour agrémenter les photos, Nina ajoute un texte original. « J’ai décrit chaque outil, son utilité, et lorsque je le pouvais, ajouté une petite note contextuelle et historique. » On apprend ainsi que le « chemin de fer dévorant », qui sert à dégrossir et aplanir une face, a été mis au point au XIXe  siècle et « a permis de gagner en rapidité d’exécution pour ébaucher ».

Nina était particulièrement investie dans son travail, c’est pour cela qu’il me semblait intéressant qu’elle puisse participer.

Frédéric Bourreau, gérant de l’entreprise de maçonnerie-taille de pierre spécialisée dans les monuments historiques SN Billon Centre, située à La Roche-Clermault (Indre-et-Loire)
Parallèlement, la jeune apprentie rédige sa lettre de motivation. « J’ai expliqué que je souhaitais participer au concours pour acquérir des outils qui me permettraient d’évoluer dans le métier, poursuit-elle. Par exemple, le marteau pneumatique, c’est l’avenir de la taille de pierre : comparé à un marteau manuel, il permet de diminuer la pénibilité tout en améliorant l’efficacité du geste. » Dans la lettre, Nina explique aussi sa motivation pour devenir tailleuse de pierre. « J’ai pris très tôt goût au bâtiment. Dès 15  ans, j’aidais mon père sur ses chantiers, et je touchais un peu à tous les corps de métiers », détaille Nina. Son intérêt pour la taille de pierre est né alors qu’elle participait à la restauration d’une maison troglodyte. « J’ai immédiatement trouvé beau et passionnant le travail de la pierre. Je ne regrette pas de m’être engagée sur cette voie. C’est sûr, au début, ça pique, lorsqu’on doit porter des pierres et que l’on pèse 45  kg ! Mais le soin, la précision des gestes techniques qu’il faut maîtriser pour dresser une face de pierre droite, la fierté que l’on éprouve lorsqu’on propose enfin un caillou présentable sont des composantes très satisfaisantes », poursuit-elle.
Le jury du prix a particulièrement apprécié l’engouement et le dynamisme de l’apprentie, qui transparaissaient dans son très beau dossier de présentation. « Bien que je ne sois pas du genre hystérique, j’ai littéralement sauté de joie quand j’ai appris que j’étais lauréate. C’était la meilleure récompense qu’on puisse me donner et une vraie reconnaissance pour le travail que j’avais accompli. » Alors, une chose est sûre : sur son prochain chantier, et lors du tour de France qu’elle fera à l’issue de son apprentissage, Nina transportera fièrement sa précieuse caisse à outils car, comme elle le résume très simplement : « Un bon ouvrier, c’est un ouvrier bien équipé ! »

Une caisse à outils à gagner !

Le prix de l’Apprenti du patrimoine s’adresse à tout jeune en formation de niveau  5 (CAP) ou de niveau  4 (bac pro, brevet professionnel) et qui se destine à l’un des douze métiers du patrimoine : charpentier, couvreur, doreur, ferronnier, maçon du patrimoine, maître verrier, marbrier, menuisier, restaurateur de décor peint, sculpteur, staffeur ou tailleur de pierre.

Pour participer, le candidat doit élaborer sa caisse à outils idéale, constituée d’outils adaptés au métier auquel il se destine. Le candidat peut laisser libre cours à son imagination pour présenter sa caisse à outils sous la forme qu’il souhaite (maquette, collage, etc.). Le descriptif détaillé et justifié des outils choisis est accompagné d’un devis, destiné à convaincre le jury que le candidat dispose d’un solide projet et a tout pour devenir un bon professionnel. L’apprenti doit faire acte de candidature avec son maître d’apprentissage, qui sera mentionné dans le dossier mais ne concourra pas.

Pour participer, rendez-vous sur le site lepelerin.com / Grand Prix Pèlerin du Patrimoine

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