La crise sanitaire a fait prendre conscience aux autorités et aux citoyens de la nécessité de se protéger et de protéger les autres face aux risques de contamination. Si les gestes barrières ou le port du masque ont vite été intégrés individuellement, la crise a également mis en lumière le fait que l’environnement bâti avait un rôle important à jouer dans la gestion du virus. Il est ainsi largement connu et documenté que les contacts avec des surfaces telles que les poignées de portes, les mains courantes ou les interrupteurs sont d’importants vecteurs de transmission du virus. Celui-ci peut en effet survivre de plusieurs heures à plusieurs jours suivant les matériaux : de quatre heures, sur du cuivre, à deux à trois jours sur du plastique ou de l’acier inox.
Dès le premier confinement, les adhérents du Groupement Actibaie-FFB ont entamé une réflexion collégiale visant à recenser et mettre en valeur toutes les solutions techniques permettant de minimiser le contact avec les surfaces pour accéder aux bâtiments. « L’accès dans de bonnes conditions d’hygiène va devenir une exigence à très court terme pour les usagers, estime Frédéric Catherine, directeur technique de Dormakaba France, chef de file des portes automatiques piétonnes du Groupement Actibaie-FFB, et président de la commission P25C du BNTEC (commission Portes automatiques piétonnes) rattachée au groupe de travail CEN/TC 33/WG 09. Cette tendance devrait perdurer même après la crise, car les agents infectieux (grippe, gastro-entérite, etc.) n’ont pas attendu le Sars-Cov-2 pour se transmettre via les surfaces de contact. »
Une importante marge de progression
La réflexion du groupe de travail vise en particulier à équiper les bâtiments existants (tertiaires, ERP, etc.) avec des solutions d’automatisation d’accès sans obstacle. « Beaucoup de bâtiments ne disposent pas encore d’accès sécurisé et sans contact alors même qu’ils comportent de multiples portes actionnées de nombreuses fois dans la journée, comme les restaurants, les stations-service ou les sanitaires. Même si la France est, avec l’Allemagne, le leader européen de l’automatisation des accès, le marché est six fois moins important qu’au Japon », illustre Frédéric Catherine. Il existe donc une marge de progression considérable.
De nombreuses solutions sont disponibles pour limiter les interactions manuelles et favoriser une circulation des personnes fluide, sûre et respectueuse des règles d’hygiène. Coulissantes, battantes ou tournantes… toutes les portes existantes peuvent être automatisées par l’ajout de dispositifs adéquats. Une fois la porte rendue automatique, il est alors très facile de l’équiper d’un système d’ouverture sans contact, pour un coût modeste. Deux technologies doivent être distinguées : « l’involontaire » et la « volontaire ». L’ouverture sans contact est dite « involontaire » lorsqu’elle est provoquée par l’entrée d’une personne dans le champ d’un détecteur radar positionné à proximité de la porte – typiquement la porte coulissante d’un commerce. Le champ du radar peut être modifié et réglé en longueur, en largeur et en sensibilité, selon les besoins du client. L’ouverture sans contact est dite « volontaire » lorsque l’accès n’est autorisé que sous l’action de la personne entrante ou d’un tiers – hall d’immeuble, urgences hospitalières, etc. Elle peut être réalisée par actionnement d’un bouton-poussoir, d’une télécommande, d’un badge, ou plus récemment d’un smartphone (lecture d’un QR Code) ou d’une main passés au-dessus d’un détecteur.
Des dispositifs modulables et novateurs
Mais la crise sanitaire a également fait émerger le besoin de se sentir protégé à travers des dispositifs innovants, de nature à garantir simultanément santé et sécurité. Des technologies de capteurs intelligents de contrôle d’accès peuvent ainsi être associées aux systèmes sans contact. Elles sont intégrées dans des colonnes techniques implantées à proximité de l’ouverture, qui viennent se « brancher » au système d’automatisation existant. « En fonction des instructions que l’on donne, l’accès peut être autorisé ou refusé, par exemple si la température de la personne est trop élevée, si elle ne porte pas de masque sanitaire ou si elle n’a pas prélevé de gel hydroalcoolique dans le distributeur sans contact intégré à la colonne. En fonction des demandes du client, on peut intégrer un, deux ou trois niveaux de sécurité, et alléger le protocole dans les périodes de moindres contraintes sanitaires », commente Frédéric Catherine, qui précise que ces colonnes techniques peuvent être achetées ou louées selon les besoins.
Des dispositifs novateurs peuvent aussi être mis en œuvre pour gérer les entrées et sorties en comptabilisant les flux de personnes dans le bâtiment, et désactiver automatiquement la porte d’entrée lorsque la jauge maximale est atteinte. « Ces dispositifs permettent de mieux réguler le nombre de personnes présentes simultanément, une tâche délicate confiée habituellement à des vigiles dans les magasins, par exemple », note Frédéric Catherine. Ces systèmes peuvent être totalement paramétrés, pour moduler le seuil de personnes admissibles ou supprimer le comptage lors de certaines périodes.