Accélérer sur la voie de l'habitat bas carbone - Emmanuelle Wargon
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L’esprit de la nouvelle réglementation est tout le contraire d’exclure ou d’imposer, et les ajustements qui ont été faits lors des discussions avec les acteurs de la construction, dont la FFB, ont levé les derniers doutes dans ce sens.
Comment éviter que certains matériaux et modes constructifs ne soient pénalisés, voire exclus, par les nouveaux seuils réglementaires, et comment les accompagner dans cette transition ?
E. W. — L’esprit de la nouvelle réglementation est tout le contraire d’exclure ou d’imposer, et les ajustements qui ont été faits lors des discussions avec les acteurs de la construction, dont la FFB, ont levé les derniers doutes dans ce sens. La RE 2020 indique des résultats à atteindre, pas des obligations de moyens. Nous nous sommes assurés que tous les matériaux permettront d’atteindre les seuils proposés, compte tenu des trajectoires de décarbonation sur lesquelles leurs filières industrielles se sont engagées. Dans la décennie, qui est l’horizon de la RE 2020, les matériaux et les produits de construction, avec le levier de l’innovation et des aides que nous mettons en place pour favoriser leur décarbonation, vont profondément se transformer. On le voit déjà, par exemple, avec les bétons bas voire ultra-bas carbone, ou avec des équipements de production d’énergie comme les pompes à chaleur. Grâce à ces progrès, certains modes constructifs deviendront moins émetteurs sans que les pratiques de mise en œuvre changent fondamentalement. Pour autant, la RE 2020 entraînera aussi une évolution des modes constructifs, en favorisant notamment la mixité des matériaux. Mixer par exemple des matériaux de second œuvre biosourcés et du gros œuvre en béton, un rez-de-chaussée en béton et des étages en construction bois : de telles pratiques vont se multiplier. Là encore, des aides à l’innovation sont prévues pour aider le secteur à s’approprier la mixité des matériaux. Nous avons annoncé en février qu’une enveloppe de 20 millions d’euros sera consacrée à des projets innovants dans ce domaine, via le Programme d’investissements d’avenir.
La rénovation énergétique des bâtiments est un axe important du plan France Relance et du projet de loi Climat et Résilience. Quelle est votre ambition dans ce domaine ?
E. W. — Tout un système de politiques publiques se met en place depuis plusieurs années pour développer massivement la rénovation énergétique des bâtiments, et l’ambition du Gouvernement est de mettre en cohérence toutes les briques de ce système pour accélérer le mouvement. Concernant les aides, il faut souligner les moyens très importants consacrés dans le plan France Relance à MaPrimeRénov’, qui est un dispositif à la fois plus juste – ceux qui ont le moins de revenus sont le plus aidés – et plus efficace – on arrête de faire attendre les ménages pour qu’ils touchent leurs aides, comme c’était le cas auparavant avec le crédit d’impôt. Plusieurs dispositions inscrites dans la loi Énergie-Climat de 2019 et dans la nouvelle loi Climat et Résilience vont aussi jouer un rôle important d’incitation : la refonte du DPE, rendu plus fiable et plus lisible, l’audit énergétique obligatoire pour vendre un logement « passoire énergétique », et surtout, l’interdiction à horizon 2028 de louer des « passoires énergétiques » – l’obligation pour les propriétaires de réaliser des travaux de rénovation thermique étant une mesure écologique mais aussi de justice sociale, car on ne peut pas laisser les locataires dans la précarité énergétique. En parallèle, nous mettons l’accent sur l’accompagnement de l’usager dans le parcours de rénovation énergétique de son logement.
Précisément, en quoi consiste « l’accompagnateur rénov’ », dont l’idée est reprise dans le projet de loi Climat et Résilience ?
E. W. — C’est une proposition issue du récent rapport d’Olivier Sichel sur la rénovation des « passoires énergétiques »1. Les modalités de mise en œuvre devront être définies en concertation avec les acteurs de la filière, en prenant le temps d’une réflexion fine sur le sujet. L’idée générale est que les ménages qui s’engagent dans des travaux de rénovation énergétique importants – pas simplement l’isolation des combles ou le remplacement d’une chaudière –, avec des aides importantes, ont besoin d’être accompagnés de bout en bout, en plus des informations et des conseils apportés par le service public de la rénovation énergétique FAIRE. La question de savoir quelles catégories d’acteurs assureront cet accompagnement est ouverte à ce stade, l’important étant d’abord de qualifier les compétences dont doivent pouvoir bénéficier les utilisateurs. Quoi qu’il en soit, la massification de la rénovation énergétique est en marche, dans un cadre que nous allons continuer de structurer pour inciter de plus en plus de Français à s’y engager !
1 « Pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive dans les logements privés », rapport d’Olivier Sichel, directeur général délégué de la Caisse des dépôts, remis au Gouvernement le 17 mars 2021.
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