« Mon entreprise est trop petite pour pouvoir innover » ; « L’innovation, c’est du flan, c’est juste de la communication ! » Quel entrepreneur n’a jamais entendu de la bouche de ses confrères – et parfois exprimé lui-même – de telles affirmations ? Bien sûr, elles recèlent une part de vérité. Des mots ou des sigles comme « digitalisation des métiers », « BIM », « Lean », ou encore « RSE » peuvent en effet effrayer. On peut préférer ne pas les entendre, arguant a priori de leur inutilité ou du coût exorbitant de leur mise en œuvre.
Cette attitude est compréhensible, mais elle va à l’encontre de l’intérêt même de l’entreprise. Car si une chose est bien partagée dans notre secteur, c’est la volonté d’assurer la pérennité de son entreprise. Or nul avenir n’est assuré à celui qui reproduit ce qu’il a toujours fait. L’entreprise doit savoir se réinventer, sinon elle se laisse mourir tout doucement. C’est là l’objectif concret de l’innovation. Les deux mutations numérique et écologique de notre société sont – qu’on le veuille ou non – très profondes et appellent l’innovation. Il est vital que chaque entrepreneur puisse s’en emparer, à son échelle, selon ses besoins.
Donner à chacun d’eux l’envie et les moyens d’innover : c’est justement la mission de la commission Innovation de Nouvelle- Aquitaine, et plus généralement des commissions Innovation territoriales et nationale. Notre rôle est simple : nous détectons les tendances qui pourraient impacter l’activité dans le futur, et nous informons, accompagnons et formons les adhérents pour qu’ils puissent se familiariser avec elles et, pourquoi pas, les expérimenter. Une initiative récente l’illustre parfaitement : nous avons convaincu de nombreux maîtres d’ouvrage d’expérimenter la démarche Lean sur leurs chantiers, et nous avons embarqué des dizaines d’adhérents sur ces projets. Ceux-ci se sont révélés fructueux, avec, à la clé, des gains de productivité pour les entreprises participantes. Aujourd’hui, quarante entrepreneurs de Nouvelle-Aquitaine se sont engagés dans la démarche, et nous lançons une initiative similaire sur le BIM pour les corps d’état secondaires.
Nous sommes fiers de ces succès aux retentissements nationaux, dont la recette tient en trois ingrédients. D’abord, l’antériorité. La commission Innovation Nouvelle-Aquitaine a été créée lors de la fusion des régions en 2015 sur les fondations de la commission de Poitou-Charentes, qui existait depuis plusieurs années. Les débuts n’ont pas été faciles, nous avons essuyé les plâtres, puis nous avons progressivement bâti notre ossature, nous nous sommes fait connaître, auprès des adhérents et à l’extérieur. C’est d’ailleurs là le deuxième ingrédient de notre réussite : la persévérance dans les actions. Enfin, le troisième est peut-être le plus important : la volonté politique. Notre ancien président et notre actuelle présidente se sont impliqués pour faciliter la création du réseau et des liens que nous pouvons nouer, et nous donner les moyens de nos ambitions. Pour que notre exemple puisse en inspirer d’autres, je lance un appel : en articulation avec la commission Innovation nationale, il est primordial que les représentations régionales puissent prendre à bras-le-corps la thématique de l’innovation. L’échelon local est le plus pertinent pour trouver les terrains de jeu de l’innovation, permettant ensuite aux bonnes pratiques et initiatives d’être partagées plus largement
Jérôme Cohade, président de la commission Innovation Nouvelle-Aquitaine