Certaines idées préconçues doivent être remises en cause. Ainsi, dans le domaine de la construction, une réalisation provisoire n’est pas forcément synonyme de bas de gamme, et de tels ouvrages peuvent tout à fait rimer avec exceptionnel. La tour Eiffel en est l’archétype. Le Grand Palais éphémère (GPE), qui vient d’ouvrir ses portes au public sur le Champ-de-Mars aux pieds de la « grande dame de métal », en est un autre exemple qui, lui aussi, marquera certainement l’esprit des Parisiens.
Cet ouvrage de 10 000 m² destiné à se substituer au Grand Palais pendant la rénovation de ce dernier, soit jusqu’en 2024, représente l’aboutissement d’un véritable défi architectural. Il porte sur le devant de la scène tout le potentiel du bois dans la concrétisation d’un projet hors du commun. Portance, légèreté, rapidité d’exécution du chantier, respect des normes de sécurité incendie, propriétés acoustiques et thermiques, empreinte carbone, etc. : ce bâtiment constitué d’une ossature bois recouverte d’un immense voile protecteur répond à tous les standards, normes et exigences les plus pointus actuellement en vigueur.
La charpente du GPE se compose d’un assemblage de poutres cintrées en bois lamellé-collé préfabriquées en atelier au millimètre près ! Celles-ci constituent deux immenses voûtes en forme de croix et au profil d’arche. Leurs portées respectives sont de 51 m pour la plus grande et de 33 m pour la plus petite, leur hauteur commune culminant à plus de 16 m. À la croisée des deux nefs, la longueur des poutres atteint 65 m. Point remarquable de l’ouvrage : à l’instar du Grand Palais, il ne possède aucun poteau de soutènement, laissant ainsi un vaste espace intérieur totalement vide d’appuis porteurs intermédiaires. Une preuve supplémentaire de la capacité du bois à être déployé lors de la création de structures de grande portée, à l’égal des autres matériaux. À noter également que toutes les pièces métalliques ayant servi à assembler les différents éléments de la charpente ont systématiquement été capotées de bois afin d’accroître la résistance au feu de l’ensemble.
La réussite du projet de construction du GPE tient aussi en très grande partie à l’attention portée à la conception du bâtiment. Ainsi, pas moins de 2 500 heures ont été consacrées aux études pour « seulement » 2 000 heures à la préfabrication. Mais il n’en fallait pas moins non seulement pour assurer un montage millimétrique des poutres cintrées mais également pour anticiper le démontage d’un ensemble qui se veut entièrement modulaire. Chacune des quatre branches des deux nefs et l’espace central de la croix pourront en effet être démontés et remontés séparément, ce qui démultipliera les réutilisations potentielles ultérieures de l’ouvrage, une fois le Grand Palais entièrement rénové et les Jeux olympiques Paris 2024 achevés.
Car, outre les multiples expositions, spectacles et autres salons qui s’y dérouleront d’ici là, le GPE accueillera également les épreuves de judo et de lutte des Jeux de Paris. De quoi mettre en valeur aux yeux du monde entier l’usage du bois dans la construction – un matériau qui, de surcroît, est totalement en phase avec l’ambition « bas carbone » du comité organisateur de Paris 2024.