Relever ensemble les nouveaux défis de l'acte de bâtir : entretien avec Christine Leconte, présidente du CNOA
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Pour les jeunes générations d’architectes, le temps du chantier redevient central,notamment dans le dialogue autour des matériaux mis en œuvre.
Dans cette logique, doit-on aussi aborder différemment la problématique du logement ?
C. L. — Tout à fait. D’abord, au lieu de se concentrer quasi exclusivement sur la construction neuve pour répondre aux besoins de logements, il faut élargir la question au stock de logements vacants : on en compte six cent mille dans les quartiers « Action cœur de ville », qui pourraient être réhabilités. Concernant les logements neufs, on a beaucoup misé, pour accélérer leur construction, sur les produits en défiscalisation du type « Pinel ». Cela revient à prendre le sujet sous un prisme principalement économique, et à fabriquer des logements de plus en plus petits, mono-orientés, où l’on a supprimé les entrées et les placards, sans espaces extérieurs, etc. Or, entre de tels logements collectifs et les logements individuels du type pavillon, que l’on oppose de manière simpliste, beaucoup de possibilités existent : les maisons en bande, superposées, avec des jardins partagés… Sans nier la question de la rentabilité, il faut retrouver un équilibre en intégrant mieux les enjeux sociétaux et écologiques dans la conception de l’habitat. Car il faut être bien chez soi pour être bien en ville !
Les architectes se sont-ils approprié les outils du digital, et quels progrès en attendez-vous ?
C. L. — L’appropriation du BIM dépend souvent de l’échelle des agences, comme d’ailleurs pour les entreprises de bâtiment, et si le BIM est utile pour certains projets, je ne suis pas sûre qu’une petite agence qui fait de la réhabilitation pour des particuliers, par exemple, et qui connaît bien les artisans avec lesquels elle travaille, gagne réellement du temps avec de tels outils. Cela dit, par les interactions qu’il suscite, le BIM est potentiellement un outil de dialogue et de résolution des problèmes entre les partenaires de l’acte de construire. Encore faudra-t-il pouvoir s’appuyer sur un modèle numérique universel, permettant de passer facilement d’un logiciel à l’autre, en évitant qu’un grand groupe extérieur à nos métiers s’approprie la technologie et nous fasse perdre nos savoir-faire.
Ce qui me paraît intéressant également dans la finalité du BIM, c’est de pouvoir livrer au maître d’ouvrage, en même temps que le bâtiment lui-même, une maquette numérique qui l’aide à gérer son bâti et facilite les opérations d’entretien, puis accompagnera les évolutions futures du bâtiment. Dans la fabrique de la ville de demain, les bâtiments auront plusieurs vies. On va passer de bureaux en logements, les usages hybrides vont se multiplier – en créant, par exemple, des logements au-dessus d’une école. La cartographie fournie par le BIM sera très utile pour réaliser ces mutations dans le temps.
Pour conclure, quel est votre message pour les entrepreneurs ?
C. L. — Je voudrais leur dire que la période que nous vivons, avec toutes ces mutations, appelle plus que jamais au dialogue entre nous. Plus nous saurons apprendre les uns des autres, plus nous monterons collectivement en compétences et serons fiers des ouvrages que nous réalisons. Discuter avec un artisan et trouver ensemble une solution créative, c’est tout l’intérêt de nos métiers en même temps que celui de nos clients. J’observe d’ailleurs que, pour les jeunes générations d’architectes, le temps du chantier redevient central, notamment dans le dialogue autour des matériaux mis en œuvre. Ce « retour à la matière », qui prolonge l’acte de conception sur le chantier, renforce les liens entre architectes et artisans ou entreprises. Je rêve d’ailleurs de voir se développer les échanges entre CFA et écoles d’architecture, pour fabriquer ensemble des modèles, mieux nous connaître et nous voir mutuellement comme de vrais partenaires pour réussir les projets !
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