Risque d'inondation : les entreprises appelées à s'engager

Face à la montée en puissance du risque d’inondation en France, le Gouvernement est en train de déployer une démarche proactive en matière de prévention, qui passe notamment par la réalisation de travaux pour renforcer la résilience des bâtiments. Les entreprises, accompagnées par la FFB, ont tout intérêt à être au rendez-vous.
13:5924/03/2022
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 66 | Mars 2022

Depuis plusieurs années maintenant, les phénomènes naturels d’une gravité anormale, en particulier les inondations, se multiplient sur l’ensemble du territoire français. La faute au dérèglement climatique dont l’intensité va croissant, souligne le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) d’août 2021. Ces mêmes inondations représentent le premier risque naturel en France par l’importance des dommages qu’elles suscitent, le nombre de communes concernées, l’étendue des zones inondables et les populations résidant dans ces zones. Chacun se souvient des inondations de mai et juin 2016 autour des bassins de la Seine et de la Loire, ainsi que des intempéries meurtrières qui ont frappé fin 2020 les vallées de la Vésubie et de la Roya, dans l’arrière-pays niçois.

 

Par ailleurs, la facture annuelle des sinistres liés aux inondations n’a jamais été aussi élevée qu’aujourd’hui, comme le révèle une étude d’octobre 2021 de la Fédération française d’assurance consacrée à l’impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2050. Et cette tendance ne peut que se poursuivre, si aucune stratégie d’acculturation aux risques, de prévention et de résilience n’est mise en place. Ainsi, le montant des sinistres pourrait augmenter de 81 %, soit 50 milliards d’euros en cumulé d’ici 2050 pour le risque d’inondation. Face à cette situation préoccupante, le Gouvernement vient d’ailleurs de revoir le régime des catastrophes naturelles en s’appuyant sur un texte de loi consacré avant tout aux modalités d’indemnisation des personnes sinistrées.

 

Les différents visages du risque d’inondation

 

L’inondation peut être définie comme une submersion temporaire, par l’eau, de terres qui ne sont pas submergées en temps normal, quelle qu’en soit l’origine. Il peut s’agir d’inondations provoquées par des crues de rivières ou de torrents consécutives à des averses violentes, mais aussi d’une lente montée des eaux en région de plaine ou de nappe affleurante. Il existe, en outre, les submersions marines, qui sont des inondations temporaires de la zone côtière par la mer intervenant lors de conditions météorologiques défavorables. Sans oublier les inondations par ruissellement, qui se manifestent lorsque les eaux de pluie ne peuvent pas ou plus s’infiltrer dans le sol.

 

Prévenir les inondations : le millefeuille des outils existants

 

Ce risque naturel ayant partie liée avec les politiques d’urbanisme et d’aménagement du territoire, la lutte contre les inondations est un domaine partagé entre l’État et les collectivités territoriales. Aussi, l’État, avec en tête de proue la Direction générale de la prévention des risques (DGPR), et les collectivités, au travers notamment du Centre européen de prévention et de gestion des risques d’inondation (Cepri), ont mis en place différents outils pour prévenir les inondations. Toutefois, la lisibilité d’ensemble de ce dispositif gagnerait à être améliorée.

 

Parmi les outils d’information préventive, on peut citer le site georisques.gouv.fr qui permet au public d’accéder à des données cartographiques relatives aux inondations. De plus, la loi impose aux vendeurs d’un bien d’annexer au contrat de vente un état des risques naturels auxquels est exposé ce bien. Au niveau départemental, le document de référence en matière d’information préventive est le dossier départemental des risques majeurs, tandis que le maire est responsable de son document d’information communal sur les risques majeurs.

 

Côté urbanisme, la récente loi dite « Climat et résilience » fixe un objectif de zéro artificialisation nette des sols à l’horizon 2050 pour tout l’Hexagone, en vue notamment de réduire le risque d’inondation, car, d’une façon générale, le développement des surfaces imperméabilisées est un facteur aggravant du ruissellement. Par ailleurs, il n’existe pas de réglementation nationale visant les projets de construction ou les constructions existantes en zone inondable. Sur le plan local, le seul document réglementaire est le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI). Élaboré par l’État, ce document vise à maîtriser l’urbanisation en zones inondables. Il est opposable à toute décision d’urbanisme, en particulier les permis de construire. Pour répondre au PPRI, les collectivités locales et les services de l’État d’un même bassin versant peuvent, en outre, être amenés à définir un programme d’actions de prévention des inondations (PAPI). La vocation de ce dispositif : définir une stratégie cohérente de gestion des risques d’inondation.

 

Travaux de réduction de la vulnérabilité des bâtiments aux inondations : la subvention « fonds Barnier »

Le fonds de prévention des risques naturels majeurs, dit « fonds Barnier », permet de soutenir des mesures de prévention des personnes et des biens exposés à des risques naturels majeurs. Sur la période 2013-2018, ce fonds a été mobilisé à hauteur de 60 % pour la prévention des inondations. Un particulier ou une entreprise de moins de vingt salariés peut ainsi bénéficier, sous certaines conditions, d’une subvention pour des travaux de réduction de la vulnérabilité des bâtiments existants, exposés à un risque d’inondation.

Améliorer la résilience d’un bâtiment, un marché prometteur pour les entreprises

 

Conscient du risque accru d’inondation, le Gouvernement a introduit dans la loi de Finances pour 2021 un dispositif expérimental, « Mieux reconstruire après inondation ». Financé par le fonds Barnier (voir encadré), celui-ci doit apporter une aide pour reconstruire des habitations de façon plus résiliente après une inondation, afin d’éviter de nouveaux dommages. À ce jour, seules certaines communes des Alpes-Maritimes et des Landes y sont éligibles.

 

En parallèle, d’autres démarches sont en cours, comme le principe des « solutions à bénéfices multiples », proposé par le Cepri. Autrement dit, pourquoi ne pas réfléchir aux mutualisations possibles entre les travaux de réduction de la vulnérabilité et les opérations de rénovation énergétique dans le secteur de la maison individuelle existante ? Des groupes de travail au niveau des régions Centre-Val-de-Loire et Grand Est, auxquels participe l’Agence Qualité Construction, sont en train d’identifier les types de mesures couramment employées par les acteurs des deux domaines, tout en réfléchissant à des outils d’information à l’intention des entreprises et de leurs clients pour faciliter le passage à l’acte des travaux. Le référentiel national des travaux de prévention de l’inondation dans l’habitat existant de 2012 devrait également être prochainement actualisé.

 

On le voit, l’État et ses partenaires se mobilisent autour du risque d’inondation. Or les entreprises du bâtiment doivent participer à cet élan, non seulement parce qu’elles détiennent un savoir-faire éprouvé, quelles que soient les techniques de construction mises en œuvre, mais aussi car c’est un nouveau champ d’activité qui s’ouvre à elles. La FFB, avec l’accompagnement de sa commission Technique et Normalisation, travaille ainsi à être associée aux expérimentations en cours et à venir sur le territoire. De plus, elle souhaite coconstruire des outils d’information destinés aux entreprises pour les faire monter en compétences sur ce champ d’activité encore mal cerné, et les accompagner dans la composition des profils de travaux nécessaires pour garantir la prévention du risque d’inondation.

 

La question, en somme, n’est donc pas : « Faut-il y aller ? », mais : « Comment y aller ? ».

 

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