Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, la France pourrait compter jusqu’à 21,9 millions de seniors en 2070 d’après le scénario central des projections de population, soit 29 % de la population. Ce vieillissement massif pose alors la question du maintien à domicile des personnes âgées, qui aspirent très majoritairement à rester dans leur logement, évitant ainsi leur déracinement et la désorientation qui l’accompagne souvent (voir en ce sens le rapport Libault de 2019 sur la concertation Grand âge et autonomie). Or l’adaptation des logements au vieillissement constitue aujourd’hui un véritable défi auquel les politiques publiques doivent répondre, car le maintien à domicile des personnes âgées va devenir la règle. Et les entreprises du bâtiment ont toute leur part à prendre dans cette mobilisation générale.
De nouvelles règles ont déjà été mises en place pour favoriser le « bien vieillir » à domicile, notamment, depuis la loi Elan de 2018, l’obligation de construire dans le neuf des logements évolutifs, c’est-à-dire des logements accessibles en grande partie et pouvant être rendus totalement accessibles par des travaux assez simples. Un copropriétaire a aussi la possibilité aujourd’hui de faire réaliser à ses frais des travaux pour l’accessibilité de son logement sans obtenir d’autorisation de l’assemblée générale, et ce, même s’ils affectent les parties communes ou l’aspect extérieur de l’immeuble.
Par ailleurs, il existe différentes aides pour financer des travaux d’adaptation des logements, mais elles demeurent encore trop souvent méconnues et assez complexes à mettre en œuvre. Les caisses de retraite, Action Logement et l’Anah, notamment, subventionnent sous conditions de ressources l’aménagement des logements à la perte d’autonomie. Idem pour les conseils départementaux et les collectivités locales. Certaines dépenses réalisées afin d'installer des équipements pour personnes âgées ou handicapées peuvent aussi donner droit à un crédit d’impôt.
Malgré ces dispositifs, les politiques sociales associées au vieillissement doivent encore évoluer pour répondre aux besoins d’une population croissante et de plus en plus fragile. C’est la raison pour laquelle, suite au rapport de Luc Broussy sur l’adaptation de l’habitat au vieillissement publié en mai 2021, une nouvelle aide financière destinée à permettre aux seniors de vivre le plus longtemps possible à leur domicile devrait voir le jour. Baptisée MaPrimeAdapt’, elle viserait, au sein d’un guichet unique, à regrouper les différentes aides existantes pour faciliter les démarches d’adaptation du logement. De nombreuses solutions finançables seraient prévues dans ce cadre, dont les douches sans ressaut, les sols antidérapants, les rampes d’accès, mais aussi des innovations technologiques, comme les serrures connectées et les systèmes d’actimétrie permettant la détection anticipée de fragilités ou d'anomalies de comportement, connectés à une offre de téléassistance. Étant précisé que l’adaptation des logements, c’est aussi souvent du bon sens, avec des solutions simples et pas forcément coûteuses.
Les entreprises du bâtiment ont donc un rôle à jouer pour devenir des acteurs incontournables de ce dispositif d’aides. L’autonomie des seniors à domicile et l’amélioration de leur bien-être au quotidien passeront par des solutions nécessitant l’intervention de professionnels reconnus compétents(2) en termes de prescription et d’installation, afin qu’ils assurent pleinement leur rôle avec un gage de sécurité et de maintenance dans le temps. La FFB est d’ailleurs mobilisée de longue date sur ce sujet : elle a créé, dès 2009, Les Pros de l’accessibilité, une marque attribuée à des professionnels compétents en matière d’accessibilité des constructions pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite, et propose des formations en ligne. La Fédération française des intégrateurs électriciens (FFIE-FFB) est aussi très active, en proposant des guides et des formations sur les solutions capables d’apporter sécurité, confort et lien social aux seniors.
Aujourd’hui, l’ensemble des entreprises du bâtiment doit s’unir pour que « vieillir sans être vieux » ne soit pas un vœu pieux.
(1) Source : INSEE, France, portrait social : Seniors, édition 2019.
(2) Par exemple : attestation de formation en travaux d’adaptation des logements.