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46e compétition WorldSkills : l'argent et l'excellence pour les métiers du bâtiment, avant une pluie d'or en 2024 ?
L’année 2022 est à marquer d’une pierre blanche. Lors de la 46e édition du plus grand concours mondial des métiers, la WorldSkills Competition, la France est entrée dans la cour des grands en se hissant à la 5e place mondiale. Et sur les trente-neuf médailles tricolores remportées, onze sont issues des métiers du bâtiment. Un palmarès forcément inspirant pour les futurs champions de la 47e édition de la compétition, dont les sélections régionales ont déjà démarré, avant les Finales Internationales à Lyon en 2024. Et surtout, une opportunité unique pour le bâtiment de faire découvrir, aimer, voire adopter, ses métiers passionnants.
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À travers chaque médaillé, qu’il soit plombier, carreleur ou maçon, c’est toute une profession qui rayonne auprès des jeunes et de leurs familles.
Palmarès de la 46e édition : le bâtiment fait honneur au drapeau tricolore
Fidèle à sa réputation de filière ultraperformante, le secteur du bâtiment a fait montre d’un engagement exceptionnel lors de la 46e compétition mondiale, qui s’est achevée fin 2022. La preuve, onze médailles françaises sur les douze métiers en compétition ont été remportées par un groupe conquérant et enthousiaste, peu adepte de la maxime d’un certain Pierre de Coubertin : « L’important, c’est de participer. » Grâce à ses trente-neuf médailles, la France parvient même à se hisser au 5e rang mondial des meilleures nations, derrière la Chine, la Corée, le Taipei chinois(1) et le Japon. Pour mémoire, elle occupait le 9e rang mondial lors de la précédente édition du concours, organisée en 2019 à Kazan en Russie.
Ce palmarès est d’autant plus méritoire que la compétition a été malmenée de bout en bout par la situation sanitaire avec, en point d’orgue, l’annulation des mondiaux à Shanghai, sachant que les épreuves des 61 métiers en compétition ont finalement pu être accueillies dans quinze pays hôtes du mouvement WorldSkills, dont la France pour six d’entre eux (six avec la taille de pierre en démonstration).
En dépit de cette organisation inédite, et donc possiblement déroutante pour les compétiteurs, une vraie « guerre des talents » a opposé les quelque 1 200 candidats, sélectionnés à travers le monde.
Des mains en or et un mental de vainqueur
Les candidats du BTP n’ont pas ménagé leurs efforts pour rester mobilisés tout au long de la compétition, qui s’est parfois étirée sur plusieurs années pour certains, à l’instar de Nancy Maurille, médaillée d’argent en peinture et décoration. Une consécration pour cette jeune peintre, embarquée dans l’aventure WorldSkills depuis 2018, et déjà auréolée d’une médaille d’excellence lors des EuroSkills en Autriche à Graz, fin 2021. « L’expérience de la compétition européenne m’a aidée à gravir la deuxième marche du podium aux Mondiaux en Italie, où j’ai notamment dû exécuter, sur plus de vingt heures d’épreuves réparties sur trois jours et demi, un module de rapidité ainsi qu’un grand logo représentant un paysage de montagne avec des reflets, le tout à main levée », précise l’énergique jeune femme. Rigueur, rapidité, concentration mentale, c’est ce qu’a également démontré avec brio, Pierre Loir, en décrochant une médaille de bronze à Bordeaux pour l’épreuve de construction digitale, nouvellement invitée dans le concours. Alors âgé de 25 ans, ce BIM Manager chez Eiffage Construction Sud-Est a affronté, sans sourciller, une quinzaine d’autres candidats venus du monde entier, autour d’exercices sur un projet de seize logements. « Je suis venu aux Mondiaux en mode conquérant et non en mode découverte, car je n’avais rien à perdre, mais tout à gagner », confie-t-il.
Si le goût de la compétition est une caractéristique commune de ces médaillés, la passion du métier l’est tout autant. « Sans une passion sincère, je n’aurais pas pu aller jusqu’au bout de cette compétition particulièrement exigeante, qui nécessite quand même beaucoup de sacrifices et un gros investissement personnel », commente Thomas Degrendele, médaillé d’excellence en maçonnerie en Autriche. Cet Ornais de 22 ans, actuellement en formation chez les Compagnons du devoir pour préparer un diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques, n’était d’ailleurs qu’à quelques points du podium. Pour Guillaume Oswald, médaillé de bronze en métallerie aux États-Unis, le sujet d’épreuve était la réalisation d’une catapulte d’acier en deux modules, intégrant un bras articulé. « Seuls 3 points sur 800 me séparent du Taïwanais, vice-champion mondial. À ce niveau de la compétition, il faut viser la perfection », lâche ce salarié de 23 ans, actuellement chargé d’affaires à la Ferronnerie Cassien à Toulon. « Le niveau technique de l’ensemble des compétiteurs est si élevé aux Internationaux que les podiums se jouent à presque rien », confirme Cyril Guy.
L’expérience de la compétition européenne m’a aidée à gravir la deuxième marche du podium aux Mondiaux en Italie.
Je suis venu aux Mondiaux en mode conquérant et non en mode découverte, car je n’avais rien à perdre, mais tout à gagner.
À savoir
Grâce à une convention de mécénat de compétences signée avec WorldSkills France, chaque entreprise dont un salarié est engagé dans la compétition bénéficie d’une prise en charge à hauteur de 60 % du salaire versé au jeune durant ses absences.
Idem pour l’achat du matériel et de matériaux utiles au concours.
Une préparation qui ne laisse rien au hasard
À l’issue des Finales Nationales et une fois l’Équipe de France des métiers sélectionnée, des stages de perfectionnement technique, d’une durée de cinq à huit semaines selon les métiers, sont organisés par WorldSkills France dans des centres d’excellence (CFA, locaux des Compagnons du devoir, lycées professionnels, etc.). « Ces entraînements consistent à répéter des gestes techniques sur d’anciennes épreuves de la compétition afin de gagner en endurance, en vitesse et en précision. Concrètement, il s’agit de passer d’un niveau national à un niveau mondial », explique Maxime Bloqué, médaillé d’excellence à 23 ans, en Suisse, dans l’épreuve menuiserie. Actuellement alternant en brevet de maîtrise à la menuiserie Brandenburger située près de Metz, il poursuit : « Participer seul à ce concours serait irréaliste, car la confrontation technique y est très rude. Nous sommes face à de véritables machines à concours, comme peuvent l’être les candidats asiatiques surentraînés ! »
À ce cycle technique s’ajoutent des entraînements personnels pour réellement performer. Tom Pean l’a bien compris en s’engageant corps et âme dans la compétition. « Trois mois avant les Mondiaux et malgré l’annulation de Shanghai, je me suis entraîné tous les soirs et chaque week-end, dans les locaux des Compagnons du devoir de Périgueux où je poursuis ma formation, avant de devenir moi-même compagnon. » Et ce travail acharné n’a pas été vain, car il peut désormais s’enorgueillir du titre de vice-champion du monde de plomberie obtenu en Allemagne, la plus haute distinction ramenée par un Français dans ce métier depuis plus de trente ans. « C’est difficile de revenir à la vraie vie après un tel investissement de près de deux ans, d’autant que j’étais entouré de tout un staff d’experts, d’anciens candidats, d’entreprises partenaires, de coachs, la plupart bénévoles », raconte le jeune plombier de 22 ans.
En effet, rien n’est laissé au hasard puisque l’Équipe de France des métiers bénéficie aussi collectivement d’une préparation physique et mentale, sous la houlette notamment d’un professeur de boxe. Comme le souligne Guillaume Oswald : « Le coaching mental est déterminant. Cela m’a aidé à résister à la pression de la compétition mondiale. Le jour J, j’étais dans ma bulle, focalisé sur mon travail. Le seul moment où le stress m’a envahi, c’est lorsque j’attendais l’annonce des résultats. » Une nouvelle illustration que l’épopée WorldSkills n’est pas qu’un simple concours, mais aussi une véritable aventure collective. Cette force du collectif, la FFB entend bien la mettre à profit pour que la jeunesse du BTP excelle en 2024.
Sans une passion sincère, je n’aurais pas pu aller jusqu’au bout de cette compétition particulièrement exigeante.
C’est difficile de revenir à la vraie vie après un tel investissement de près de deux ans.
À noter
La liste des métiers en compétition est régulièrement actualisée, en fonction de leur pratique dans le monde. Pour qu’un métier soit retenu au niveau international, il faut que 14 pays sur les 85 États membres de WorldSkills International y présentent des candidats (7 pour les EuroSkills).
Les médaillés français du bâtiment aux 46es Worldskills
- Carrelage : Goulven Lecoq (excellence)
- Charpente : Charles Navelot (excellence)
- Construction béton armé : William Romano et Gabriel Pimenta Meireles (excellence)
- Construction digitale : Pierre Loir (bronze)
- Ébénisterie : Florentin Lanceleur (excellence)
- Maçonnerie : Thomas Degrendele (excellence)
- Menuiserie : Maxime Bloqué (excellence)
- Métallerie : Guillaume Oswald (bronze)
- Peinture et décoration : Nancy Maurille (argent)
- Plâtrerie-construction sèche : Baptiste Lamy (excellence)
- Plomberie et chauffage : Tom Pean (argent)
Mobilisation générale pour la FFB
Un nouveau cycle vient de s’ouvrir avec la tenue des sélections régionales de la 47e compétition WorldSkills, qui s’achèveront fin mars 2023. Particularité de cette édition, les Finales Nationales et Internationales se dérouleront à Lyon, sachant que cela faisait vingt-neuf ans que la France n’avait pas accueilli sur son sol la compétition au niveau mondial. Au regard de l’importance de ce rendez-vous, la FFB ainsi que ses Unions et Syndicats n’ont pas ménagé leurs efforts pour qu’un maximum de jeunes s’embarquent dans le concours afin de mettre en lumière le savoir-faire des métiers du bâtiment. Résultat, un peu plus de 2 500 candidats se sont engagés (soit 13 % de plus que sur la 46e édition). Parmi eux, les futurs champions appelés à intégrer l’Équipe de France du BTP, constituée à l’issue des Finales Nationales en septembre 2023. Car à événement majeur, mobilisation générale. Ainsi, la FFB, en partenariat avec la FNTP et la SMABTP, a décidé de créer une équipe nationale de jeunes talents de la construction, destinée à ramener seize médailles dans les seize métiers du BTP en compétition. Excusez du peu ! « Pour atteindre cet objectif, nous devons passer de la très haute performance à l’excellence. Or, la différence est dans la tête et pas dans les mains, au niveau mondial », assène Cyril Guy. C’est la raison pour laquelle l’entraîneur de rugby, Christophe Urios, a été mandaté pour coacher cette équipe. « Connu et reconnu pour être un très bon technicien, mais surtout un redoutable meneur d’hommes, Christophe est un passionné des relations humaines », s’exclame Cyril Guy. Et de compléter : « En créant une histoire de groupe, Christophe va inculquer à cette équipe de France du BTP la culture de “la gagne”, la domination de la fatigue, la capacité à surmonter ses erreurs. Bref, l’aptitude à se dépasser physiquement et moralement. » Et, comme toute équipe de compétiteurs, ce groupe va se doter d’un club des supporters du BTP, dont la ferveur devrait contribuer à ce qu’un maximum de drapeaux tricolores se lèvent durant la cérémonie de clôture à Lyon, en septembre 2024. Attention, prévient Cyril Guy : « 2024 n’est pas une fin en soi, mais une occasion en or pour mieux faire connaître la compétition et, partant, mieux assurer la promotion des métiers du bâtiment. » Un bel héritage qu’il reste maintenant à construire.
(1) Dénomination utilisée par Taïwan quand elle participe à des manifestations internationales.
À ce niveau de la compétition, il faut viser la perfection.
La confrontation technique est très rude ; nous sommes face à de véritables machines à concours.
Des Unions et Syndicats de métiers de la Fédération engagés
L’UPMF-FFB (Union professionnelle des métiers de la finition) vient de lancer, à l’occasion des finales régionales de la 47e édition de la compétition, la campagne « WorldSkills Heroes », dont la marraine n’est autre que Nancy Maurille, médaillée d’argent de la 46e en peinture et décoration. Avec cette opération, il s’agit de promouvoir les métiers de peintre et de solier, mais aussi de permettre aux finalistes régionaux de participer à une master class avec l’objectif de monter en compétence, avant les Finales Nationales.
Déjà très impliquée dans la 46e compétition WorldSkills, l’Union des métalliers-FFB poursuit ses actions de communication en 2023 pour mieux mettre en valeur ses métiers, de la menuiserie à la ferronnerie d’art, en passant par la serrurerie traditionnelle. Comment ? En participant à l’ensemble des sélections régionales des 47es pour soutenir les candidats, en y réalisant des reportages qui seront ensuite largement relayés auprès des professionnels et du grand public. Réseaux sociaux, newsletters, site Web et communiqués de presse vont, ainsi, accompagner le parcours des candidats tout au long du concours.
De son côté, l’UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre) accompagne les jeunes maçons, constructeurs en béton armé et tailleurs de pierre. De plus, elle soutient les experts, organise du prêt de matériel et peut prendre en charge des stages de formation. Pour ce faire, l’Union organise une collecte de fonds en financement participatif. Présente lors des Finales Régionales, Nationales et Internationales, l’UMGO-FFB assure, dès qu’elle le peut, une couverture média en direct sur ses réseaux sociaux.
L’UMPI-FFB (Union des métiers du plâtre et de l’isolation) a déployé un stand « Skills Challenge » début 2022, lors des 46es Finales Nationales de la compétition. Cette opération a permis de mettre un coup de projecteur sur la richesse des métiers de la plâtrerie traditionnelle, de la plâtrerie sèche et de l’isolation. Des élèves, de jeunes apprentis, ou encore des familles, ont notamment pu participer à des ateliers de moulage de plâtre. La médaille d’excellence de Baptiste Lamy décrochée aux Mondiaux fin 2022 devrait contribuer à mettre plus fortement en lumière cette filière pour la 47e compétition WorldSkills.
Pour soutenir les jeunes carreleurs engagés dans la 47e édition des WorldSkills, l’UNECP-FFB (Union nationale des entrepreneurs carreleurs chapistes projeteurs de polyuréthane) finance l’acquisition de nouveaux matériels informatiques destinés à l’équipe métier du Centre d’excellence carrelage, qui a créé des sujets uniformisés pour toutes les régions, en vue de faire monter en compétences les candidats régionaux.
3 questions à Thomas Landreau
Dirigeant de l’entreprise Landreau Ceramic Design en Loire-Atlantique et employeur de Goulven Lecoq, médaillé d’excellence en carrelage aux 46es Finales Mondiales.
Avez-vous joué un rôle dans l’inscription de Goulven à la 46e édition ?
Pas directement. Lorsqu’il a participé aux sélections régionales, il travaillait comme alternant chez Murs Sols Création, à Pontchâteau, en Loire-Atlantique. Une fois ses diplômes en poche (CAP et brevet professionnel de carreleur), il a rejoint mon entreprise, car il savait que je détenais le titre de champion du monde obtenu aux WorldSkills de São Paulo en 2015, dans la catégorie « carrelage ». Goulven espérait que je le guide dans cette aventure. Il ne s’est pas trompé puisque, du haut de ses 21 ans, il décroche une très belle médaille d’excellence aux Mondiaux en Italie.
Comment l’avez-vous accompagné ?
Sa préparation technique a été assurée par ses anciens formateurs du CFA des métiers du bâtiment de Loire-Atlantique, puis par son expert métier, Davy Rezeau, quand il a été sélectionné dans l’Équipe de France des Métiers. Je suis volontairement resté en retrait pour ne pas lui imposer de pression supplémentaire en tant qu’employeur avec l’autorité hiérarchique qui va avec. En revanche, je lui ai accordé du temps pour qu’il puisse s’entraîner dans les meilleures conditions. Concrètement, il a pu s’absenter douze semaines, sans que cela ait un impact sur son salaire. De mon côté, j’ai été indemnisé par Constructys, partenaire des WorldSkills. Et je n’ai pas manqué de faire le déplacement aux Mondiaux en Italie, pour le soutenir.
Que retirez-vous de la médaille de Goulven ?
Goulven a acquis une grande rigueur dans son travail, saluée par nos clients. Il a pris confiance en lui, et connaît désormais mieux ses points forts et ses points faibles. Il a également gagné en maturité et en ouverture d’esprit grâce aux rencontres qu’il a pu faire tout au long de la compétition.
En bref, que du positif. Et sa médaille, ajoutée à la mienne, offre une vitrine exceptionnelle pour mon entreprise. L’aventure ne s’arrête donc pas une fois la médaille décrochée !
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