Le béton et le bois en bonne intelligence

Ce programme de logements réalisé à Rennes, qui associe une structure porteuse en béton et des façades en ossature bois, s’inscrit dans la promotion de nouveaux modes constructifs biosourcés qui répondent aux exigences de la RE 2020 et aux impératifs de la transition énergétique.
13:1512/09/2023
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Bâtimétiers Numéro 72 | septembre 2023

 

À la fin de l’année 2022, la ville de Rennes a accueilli son premier immeuble de logements de 3e famille – 6 étages – en construction mixte bois-béton. Ce projet de 32 logements, situé dans la ZAC de la Courrouze, est né d’une consultation en conception-réalisation dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Construire bois pour tous », lancée en 2018 par Abibois (devenu Fibois) et Rennes Métropole.

 

À l’issue du processus d’attribution confié au promoteur breton Keredes, c’est le projet baptisé « l’Estampe », porté par un groupement composé de l’agence d’architecture Desaleux-Soares (basée à Paris et à Rennes), l’entreprise de gros œuvre Planchais, qui emploie 80 salariés à Étrelles près de Vitré (Ille-et-Vilaine), et l’entreprise de construction bois CCL Construction, établie à Saint-M’Hervé dans le même département, qui a été retenu.

 

Avec sa conception mixte bois-béton, ce programme répond aux objectifs de l’aménageur : « Promouvoir les nouveaux modes constructifs biosourcés que les organismes HLM de construction vont désormais adopter dans le cadre de la transition énergétique, sur fond de choix écologiques, d’engagements vertueux, de RE 2020 mais également de normes toujours plus exigeantes. »

Le béton pour le contreventement et l’acoustique

 

Si les tenants du projet communiquent beaucoup sur la présence du bois, qui pèse favorablement sur le bilan carbone de la construction, la structure porteuse n’en a pas moins été réalisée en béton. Ainsi, le bâtiment comporte un sous-sol et un rez-de-chaussée traditionnels en béton, ainsi que des niveaux en surélévation avec une structure en poteaux-poutres également en béton. De même, ce matériau a été utilisé pour la réalisation des cages d’escalier et d’ascenseur, les murs de refend qui séparent les logements et les planchers qui ont été coulés en place.

 

« Pour ce type de construction, le béton continue de cumuler différents points forts », commente Didier Planchais, le dirigeant de l’entreprise éponyme qui a réalisé le gros œuvre. Les noyaux verticaux des cages d’escalier et d’ascenseur assurent le contreventement du bâtiment, explique-t-il, tandis que les planchers participent à sa conformité avec la réglementation acoustique et de protection incendie. » 

La performance thermique est très importante, mais elle n’est pas le seul enjeu à prendre en compte. 

Didier Planchais, dirigeant de l’entreprise éponyme, à Étrelles près de Vitré (Ille-et-Vilaine).

À titre d’exemple, des planchers réalisés en bois rendraient difficile l’isolation phonique exigée dans les logements et plus complexe le passage des fluides.

 

Pour ce qui est des balcons, la maîtrise d’ouvrage a retenu une solution à base de planchers béton traditionnels, posés sur des corbelets et désolidarisés des nez de dalles par un isolant de 20 cm, ce qui a permis de réduire à la fois les ponts thermiques et les coûts de construction par rapport à la solution bois initialement prévue.

 

Sécurité incendie et étanchéité à l’air

 

Le choix constructif fort et différenciant du projet est d’intégrer des façades à ossature bois (FOB) non porteuses, qui viennent fermer la structure en béton – et qu’il ne faut pas confondre avec les murs à ossature bois (MOB), qui sont des structures porteuses. Préfabriquées dans les ateliers de CCL Construction, ces façades ont été mises en œuvre sur la façade sud et les deux pignons du bâtiment, tandis que la façade nord a été réalisée en béton pour pouvoir supporter les coursives d’accès aux logements.

La réalisation de telles façades en bois, rapportées sur une structure porteuse en béton, implique des exigences spécifiques, que nous maîtrisons bien aujourd’hui. 

Éric Dubost, dirigeant de CCL Construction, à Saint-M’Hervé(Ille-et-Vilaine).

 

« Étant donné que nous sommes sur un bardage ventilé qui constitue une masse combustible, nous avons dû mettre en place des déflecteurs de 20cm en bois massif, tous les deux étages, pour répondre à l’IT 249, le texte qui réglemente la propagation du feu en façade. »

 

Pour satisfaire, d’une part, à la réglementation incendie, et, d’autre part, à la seconde grande exigence, l’étanchéité à l’air, on a comprimé une laine de roche de 20cm d’épaisseur entre l’about de dalle et la façade bois, ce qui permet de supprimer les ponts thermiques et d’empêcher le passage des gaz chauds.

 

Enfin il a été mis en œuvre une membrane pare-vapeur qui a pour fonction de liaisonner les deux niveaux et d’assurer la continuité de l’étanchéité à l’air de l’enveloppe. Pour finir, les façades ossature bois sont protégées par une plaque de plâtre extérieure, située derrière le pare-pluie, le tout étant recouvert par un lattage pour support de bardage.

Un mode constructif biosourcé

 

  • Projet : l’Estampe (ZAC de la Courrouze à Rennes)Association beton bois gros oeuvre
  • Immeuble de logements de 3e famille, 6 étages et 32 logements
  • Mode constructif : mixte bois et béton
  • Maître d’ouvrage : Keredes
  • entreprise de gros œuvre : Groupe Planchais
  • Entreprise de construction bois : CCL Construction
  • Label « Bâtiment biosourcé » : 36kg de matériau biosourcé par mètre carré de surface habitable (SHAB), niveau 3
  • Certification : NF Habitat HQE 9

Un arbitrage entre bilan carbone et coût de construction

À sa livraison fin 2022, l’Estampe affiche un ratio de 36kg de matériau biosourcé par mètre carré de surface habitable (SHAB), ce qui correspond au niveau 3 – le plus élevé – dans le classement du label « Bâtiment biosourcé ». « Nous aurions pu atteindre 60kg de matériau biosourcé par mètre carré de SHAB, si nous avions pu mettre en œuvre une solution pour les balcons en CLT bois, avec une tresse coupe-feu qui serait venue en compression par rapport aux FOB et aurait permis de répondre à la règle du C+D1, ajoute Éric Dubost, mais elle a été abandonnée pour réduire le coût de construction, dans un contexte inflationniste. »

De façon générale, l’entrepreneur estime que l’essor de la façade à ossature bois dépendra fortement de la capacité à maîtriser son coût au mètre carré, en réduisant notamment le prix des bardages. « Il serait également intéressant de réfléchir à une rationalisation de l’organisation du chantier, en assurant par exemple la mise en œuvre des façades à ossature bois à l’avancement et en les intégrant au lot gros œuvre, pour réduire les moyens de levage et optimiser le phasage et le temps de chantier », propose Didier Planchais. De nouvelles pistes à explorer pour rendre encore plus compétitif un mode constructif bois-béton plein d’avenir.

 

  1. Définie par l’instruction technique 249, la règle du C+D a pour but d’empêcher la propagation verticale du feu d’un étage à l’autre par la façade.

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