Changement d'ère pour l'entretien du bassin versant de la Seine

Bâtiment passif et isolation biosourcée

Le projet de mise à niveau du centre d’entretien d’Éclaron-Braucourt-Sainte-Livière comprend la déconstruction, la dépollution et le désamiantage de bâtiments obsolètes, ainsi que la construction d’un nouveau bâtiment passif en ossature bois, conçu par l’architecte Bruno Tonfoni de l’agence parisienne Atelier Cité Architecture, le tout dans un budget maîtrisé.

« Le bâtiment que nous avons construit se caractérise d’abord par la haute performance de l’enveloppe, grâce à une isolation conséquente de toutes les parois en continuité totale pour une parfaite étanchéité à l’air, et un coefficient R de 9 à 10 obtenu grâce à une épaisseur de 38cm de ouate de cellulose, en remplissage des caissons en bois en toiture et sous forme de panneaux pour les murs », explique Michaël Simier, directeur du secteur Construction bois chez Le Bâtiment Associé.

Cette entreprise de gros œuvre, qui emploie 220 salariés à Muizon (Marne), a pris en charge les lots démolition, désamiantage, gros œuvre, ossature bois, charpente bois, bardage bois, menuiseries extérieures, couverture et isolation intérieure.

Le choix fort de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre en faveur de ce matériau biosourcé – la ouate de cellulose – apporte au bâtiment un déphasage thermique, une bonne gestion de l’hygrométrie et une intéressante séquestration de CO2. Le bâtiment, de conception bioclimatique avec sa forme compacte et ses ouvertures majoritairement orientées au sud pour bénéficier au mieux des apports solaires, est également équipé de menuiseries à triples vitrages et d’une VMC double flux à très haut rendement de récupération de chaleur, certifiée par banc d’essais indépendant.

Un ensemble d’éléments qui lui permet de répondre aux exigences du bâtiment passif, à savoir une consommation énergétique inférieure à 15kWh/m².an (ou 10W/m² de puissance de chauffage) selon l’outil de calcul PHPP du Passivhaus Institut. En hiver, cette conception se traduit par une température homogène sans sensations désagréables de convection ou rayonnement froid ; une grande partie des besoins en chauffage est couverte par l’activité des occupants (éclairage, bureautique, etc.).

En été, le bâtiment se maintient pratiquement seul à une température très confortable et ne nécessite quasiment jamais de climatisation généralisée (tout du moins dans la région Grand-Est).

Un enjeu majeur : l’étanchéité à l’air

Pour l’entreprise de construction, le défi majeur a été d’assurer une étanchéité à l’air parfaite, difficile à obtenir compte tenu des grandes dimensions du bâtiment, d’une surface de 850m² pour un volume de 4.600m³. « Nous avons été particulièrement attentifs aux raccords entre éléments d’ossature préfabriqués, avec les menuiseries extérieures et au niveau des passages de réseau, précise Michaël Simier, ce qui nous a permis d’obtenir des résultats au-delà des attentes au moment des essais. »

L’entreprise a également dû gérer un chantier en site occupé : les agents de l’EPTB Seine Grands Lacs ont assuré la continuité de service pendant les travaux – notamment la gestion des niveaux de remplissage des lacs de Seine et de Marne – dans les locaux existants, avant de prendre possession du nouveau bâtiment passif. La préfabrication en atelier, qui représentait environ 80% du projet, contre 20% sur site, a permis de réduire à moins de treize mois seulement la durée des désagréments causés par le chantier.

Après la prise de possession en avril 2023 des nouveaux locaux, qui accueillent les bureaux et un atelier de réparation, le projet s’est poursuivi avec la déconstruction de l’ancien bâtiment et la construction d’une nouvelle structure en ossature bois, sans isolation et habillée d’un simple bardage, qui servira de garage pour les engins de maintenance des infrastructures fluviales.

Soutenue par des aides publiques, la mise à niveau du centre d’entretien d’Éclaron-Braucourt-Sainte-Livière est bien un projet exemplaire en matière d’efficacité énergétique et de réduction de l’empreinte carbone des bâtiments.