J’ai l’honneur et la responsabilité de représenter les entreprises au sein de l’Alliance HQE-GBC. Cette association est d’abord connue pour porter deux cadres de référence, l’un pour le bâtiment et l’autre pour l’aménagement, servant de base à la rédaction des référentiels de certification HQE. Elle a d’autres missions, comme la réalisation de projets prospectifs sur la construction durable (qualité de l’air, économie circulaire, biodiversité, impact carbone, etc.), ou le lancement d’initiatives comme “HQE pour tous”, créée pour les porteurs de projets qui souhaitent engager une dynamique de performance sans aller jusqu’à la certification.
Mais l’une des actualités phares de l’Alliance HQE-GBC est liée à la RE 2020. L’association est en effet propriétaire d’Inies, la base de données environnementale des produits et matériaux de construction, où sont notamment regroupées les fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) et PEP (profils environnementaux produits). Cette base a été fondée par des industriels du secteur qui avaient la conviction que ces données pourraient contribuer à la création de bâtiments plus performants et plus durables. Avec l’expérimentation E+C–, qui a servi de source à l’écriture de la nouvelle réglementation, cette base, qui était au départ une initiative des industriels, a été mise sous le feu des projecteurs. Elle endosse aujourd’hui un rôle stratégique, car la RE 2020 utilise les données des FDES et PEP pour les calculs réglementaires nécessaires à la réalisation des analyses de cycle de vie (ACV), désormais obligatoires pour toutes les constructions neuves.
Cette évolution est très vertueuse, puisqu’elle a le potentiel d’améliorer significativement la durabilité de la construction en favorisant le choix de matériaux présentant les meilleurs bilans environnementaux et sanitaires sur leur cycle de vie. Mais comme toute nouveauté, nous devons être vigilants sur certaines dérives possibles liées à son utilisation. Car c’est bien l’optimisation de la conception globale, en visant la meilleure combinaison possible de produits – chacun apportant sa contribution spécifique à l’ensemble – qui est cruciale pour garantir les performances techniques, thermiques et environnementales d’un bâtiment.
Par ailleurs, coté entreprise, dans le cadre des discussions avec la DHUP1, nous pointons certains risques contractuels des ACV pour les entreprises.L’un d’eux concerne la concordance entre les différentes pièces de marché : nous constatons en effet fréquemment des incohérences entre les produits sources ayant servi à l’élaboration des ACV et ceux figurant dans les CCTP. Cette anomalie, qui n’a pour le moment jamais eu de conséquences graves, pourrait néanmoins conduire à terme à remettre en question la bonne réception des bâtiments. Pour répondre à cette question et à bien d’autres, nous travaillons main dans la main avec le ministère pour tirer les meilleurs enseignements de cette nouvelle réglementation qui est, rappelons-le, une première mondiale.