- Mot(s) clé(s) :
- Concours métiers
11 médailles pour 13 métiers - L’Équipe de France du BTP a brillé aux WorldSkills Lyon 2024
Le contenu est réservé à nos adhérents. Pour le consulter
Solidarité et esprit de coopération
Ce rendez-vous mondial, organisé tous les deux ans dans un pays différent, ne peut se résumer à un « simple » concours des métiers, réservé aux jeunes de moins de 23 ans, quel que soit leur statut (apprenti en alternance, élève de lycée professionnel, salarié, etc.).
Il met aussi en valeur les talents de la jeunesse, tout en favorisant la coopération internationale. Pour illustration, une cinquantaine de métiers en compétition ont pu s’entraîner en amont des Mondiaux sur différents continents, à l’exemple de Quiterie Ducournau, médaillée d’excellence pour l’épreuve Peinture et décoration et seule compétitrice féminine de l’Équipe de France du BTP.
« J’ai eu la chance de faire une compétition amicale, en avril dernier, à Abu Dhabi dans les Émirats arabes unis. Là, je me suis confrontée en conditions réelles à d’autres challengers que j’ai retrouvés lors des Mondiaux à Lyon. J’ai même noué des relations amicales avec certaines concurrentes. Nous allons rester en contact », raconte la jeune peintre.
De son côté, Axel Laumond, médaillé d’or en Plâtrerie et constructions sèches, est parti en Chine pour se mesurer à ses impitoyables homologues asiatiques, qui habituellement trustent les podiums. L’esprit de coopération et de partage entre pays constitue ainsi une valeur cardinale au sein du mouvement WorldSkills.
« C’est ce qui en fait une aventure humaine exceptionnelle, où se croisent les cultures du monde entier », souligne Axel Bezias, médaillé d’excellence en Plomberie et chauffage. Sans oublier que 1 500 volontaires, maillons essentiels au bon déroulement de cet événement, se sont mobilisés eux aussi autour des principes d’excellence, de générosité et d’unité.
Lors d’une compétition amicale, en avril dernier, à Abu Dhabi dans les Émirats arabes unis, je me suis confrontée en conditions réelles à d’autres challengers que j’ai retrouvés lors des Mondiaux à Lyon.
Quiterie Ducournau, médaillée d’excellence pour l’épreuve Peinture et décoration
J’ai manipulé une vingtaine de plaques pour exécuter une maquette imposante composée de plusieurs cloisons, le tout dans un espace limité. Heureusement, j’avais travaillé depuis plusieurs mois la musculature de mon dos et de mes bras pour être prêt le jour J.
Axel Laumond, médaillé d’or en Plâtrerie et constructions sèches
Mettre en valeur des métiers d’avenir qui portent le savoir-faire français
Autre vertu de cette compétition, valoriser les métiers et la formation professionnelle pour montrer, de la plus belle des manières, qu’il s’agit d’une véritable voie d’excellence et d’épanouissement. Nicolas Coindet, à la fois expert métier et ancien employeur du médaillé Axel Bezias, explique le sens de son engagement : « Pour moi, ce concours vise à promouvoir les métiers, lutter contre les stéréotypes, et, mieux encore, susciter des vocations auprès des jeunes. »
Et ce patron d’une entreprise artisanale de plomberie et de chauffage située en Loire-Atlantique de poursuivre : « Contrairement à certaines nations, les concurrents français sont des ambassadeurs de leurs métiers, et non des bêtes à concours. Sinon, je ne me serais pas investi comme je l’ai fait sur ces longs mois de préparation. » Cette dimension de valorisation des métiers était bien au rendez-vous : durant les quatre jours des épreuves, plus de 60 000 scolaires, essentiellement des collégiens et des lycéens, ont pu admirer au plus près les Tricolores donner le meilleur d’eux-mêmes dans leur espace de travail soigneusement délimité, mais sans barrières.
« Malgré une foule enthousiaste de spectateurs, un environnement parfois bruyant, je suis resté concentré sur les assemblages que je devais effectuer », confie au passage le compagnon David Clémencin, médaillé d’or dans la catégorie Charpente. Conscients des enjeux d’attractivité des métiers, de formation professionnelle et de recrutement portés par ce rendez-vous unique, plusieurs politiques, comme Nicole Belloubet, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale, et Catherine Vautrin, ministre démissionnaire du Travail, sont venus encourager les Bleus à Lyon.
En écho à la compétition officielle, un Village des métiers se trouvait niché au cœur de la capitale des Gaules, place Bellecour, pour permettre au plus grand nombre de mieux appréhender la richesse des savoir-faire hexagonaux. « À travers l’enthousiasme et la recherche de la perfection manifestés par les candidats du BTP, et contrairement aux idées reçues, c’est une filière qui donne du sens à une vie professionnelle, offre des perspectives d’évolution rapide et des salaires attractifs.
Ce concours en est la preuve la plus spectaculaire », défend Cyril Guy. Et parce que savoir-faire ne rime pas avec passéisme, un pavillon France, installé dans Eurexpo à côté des espaces de compétition, permettait de découvrir comment chaque métier embarque l’innovation, l’intelligence artificielle et le développement durable.
L’Équipe de France du BTP en figure de proue
C’est bien connu, la valeur n’attend pas le nombre des années. C’est ce qu’ont magistralement prouvé les seize jeunes talents (dont un binôme en Construction béton armé) de l’Équipe de France du BTP. En tant que déjà grands professionnels, ils ont moissonné onze médailles sur les treize métiers en compétition officielle : trois en or, une en argent, une en bronze, ainsi que six d’excellence. Loin d’être des prix de consolation, ces dernières sont décernées aux compétiteurs totalisant plus de 700 points sur 800.
Qu’est-ce qui fait qu’on gagne une médaille ? « Le jury d’experts évalue chaque candidat selon des critères rigoureux de précision, de qualité et de rapidité, la propreté de l’espace de travail étant même prise en compte. En bref, chaque détail compte ! » s’exclame le jeune plombier Axel Bezias, âgé de seulement 20 ans. L’excellent palmarès de l’Équipe de France du BTP atteste des compétences plurielles déployées par ces champions, comme la détermination, la persévérance, la concentration, la minutie ou encore la patience, pour ne citer qu’elles.
« Médaillés ou non, ils ont de l’or dans les mains, la culture de la gagne et un moral en acier trempé », assure Cyril Guy. De la concentration, il en a fallu à Ruben Johan pour accrocher l’or en Construction digitale face à dix-sept concurrents. Au fil des quatre jours, il a dû travailler sur six modules, en particulier la mise en place de la plateforme collaborative et la modélisation d’une maquette structure et architecture.
« J’ai découvert que je pouvais rester focus devant un écran d’ordinateur pendant vingt-deux heures », relève avec humour cet étudiant ingénieur. D’autres membres de l’Équipe de France du BTP ont composé avec des contraintes différentes de celles d’un logiciel, à l’instar du plâtrier staffeur Axel Laumond. « J’ai manipulé une vingtaine de plaques pour exécuter une maquette imposante composée de plusieurs cloisons, le tout dans un espace limité. Heureusement, j’avais travaillé depuis plusieurs mois la musculature de mon dos et de mes bras pour être prêt le jour J », souligne ce Compagnon du devoir. Et la créativité est loin d’être absente du concours.
Par exemple, pour la partie libre de son épreuve, Quiterie Ducournau a dessiné, pinceaux en main, un timbre aux couleurs lumineuses à l’intérieur duquel figurait un profil féminin, qui a forcé l’admiration générale.
Carton plein pour les métiers en démonstration du pôle Construction
Le Poitevin Sam Grignon a obtenu la médaille d’or en Couverture métallique, un métier en démonstration sur la 47e édition. Bien que cette médaille n’entre pas dans le classement final du concours, cela n’enlève rien à la performance de ce jeune artisan monté sur le Toit du monde ! Si les métiers en démonstration se distinguent de ceux en compétition officielle, c’est qu’ils n’ont pas encore rassemblé le nombre minimum de concurrents requis pour intégrer les Mondiaux. Pour qu’un métier soit déclaré en compétition mondiale, il faut que quatorze pays membres choisissent de présenter un jeune talent.
Tous pour un, un pour tous
Le palmarès de l’Équipe de France du BTP est à mettre au crédit de l’engagement, voire parfois de l’abnégation, des compétiteurs, mais encore des experts, des équipes de WorldSkills France, ainsi que de tous ceux qui les ont entourés au quotidien, formateurs, enseignants, employeurs, familles, etc., chacun s’avérant une pièce essentielle du puzzle de cette brillante réussite. De véritables collectifs se sont formés autour de chaque jeune.
Ruben Johan salue ainsi son expert métier, Jonathan Pires, ingénieur BIM et transition numérique à la FFB, ainsi que l’entreprise altoséquanaise dans laquelle il œuvre en tant qu’alternant. « J’ai fait en sorte de travailler sur des projets présentant des points communs avec les épreuves du concours WorldSkills », souligne celui qui au départ se rêvait architecte.
Pour sa part, Axel Bezias a pu compter sur Nicolas Coindet, son employeur durant cinq années consécutives. L’entreprise a même réservé à cet apprenti un espace pour qu’il puisse s’entraîner en conditions réelles. « Je suis fier de son parcours. Son formateur au sein du BTP CFA de La Roche-sur-Yon (Vendée) l’a également beaucoup aidé. Il est arrivé 6e sur 26. C’est une très belle performance, appréciée par les salariés de mon entreprise ainsi que par nos clients. Bien que mon engagement soit bénévole, il m’apporte un enrichissement exceptionnel », confie cet entrepreneur.
« La mobilisation des employeurs est une condition sine qua non pour que les jeunes puissent performer, et c’est un pari gagnant-gagnant avec des retombées positives sur l’image de l’entreprise », confirme Cyril Guy. Quant à l’expertise éprouvée de Philippe Paillard, enseignant et expert métier de Quiterie Ducournau, elle a permis à cette artiste en herbe de se surpasser.
« Il m’a vraiment poussée vers le haut, avec patience et persévérance », souffle avec reconnaissance la jeune femme qui fait partie des Compagnons du devoir. C’est le fameux « nous », cher à Christophe Urios, capable de transcender un collectif. Car, comme au rugby, il faut une grande cohésion, un projet commun, pour ramener des médailles dans cette redoutable compétition mondiale des métiers.
« Le jury d’experts évalue chaque candidat selon des critères rigoureux de précision, de qualité et de rapidité, la propreté de l’espace de travail étant même prise en compte. En bref, chaque détail compte ! »
Axel Bezias, médaillé d’excellence en Plomberie et chauffage.
Du talent et, surtout, beaucoup de travail
On l’a compris, avoir une âme de compétiteur ne suffit pas. Seule une préparation, intense et ciblée, autorise à se distinguer parmi les meilleurs de la planète. Concrètement, une fois l’Équipe de France des métiers constituée à l’issue de la compétition nationale, l’entraînement intensif est devenu le mot d’ordre, intégrant une séquence à l’international pour se frotter à ses futurs challengers.
Dès lors, chaque geste est répété, travaillé, réfléchi, avec l’expert métier, mais aussi à l’occasion de plusieurs semaines de stages de perfectionnement dans des centres d’excellence. Trois regroupements avec l’Équipe de France des métiers, où les coachs physique et mental ont prodigué notamment des conseils stratégiques pour que les jeunes arrivent dans les meilleures conditions aux Mondiaux, complétaient ce dispositif technique.
En parallèle de ce travail collectif piloté par WorldSkills France, il y avait évidemment l’entraînement individuel de chaque champion. « Cela faisait deux ans que je m’entraînais sans relâche, sept jours sur sept, mais tous ces sacrifices se sont effacés avec ma médaille d’or. J’ai gagné plusieurs années d’expérience en quelques mois », reconnaît le charpentier David Clémencin. Un sens de l’effort partagé par Axel Bezias.
« J’ai aménagé plusieurs zones de travail chez mes parents, dans le garage, dans la chambre d’amis, pour m’entraîner quand je voulais. De plus, j’ai suivi des cours hebdomadaires de méditation en pleine conscience avec un préparateur pour booster ma concentration », avoue celui qui était déjà couronné d’or, en tant que meilleur apprenti de France en plomberie et chauffage. À cette mécanique bien huilée, il convient d’ajouter les temps d’entraînement dédiés au pôle Construction.
« Le fait d’avoir pu bénéficier d’un encadrement complémentaire, en synergie avec les actions déjà mises en place pour nous préparer aux Mondiaux, a permis de renforcer les liens entre les membres du pôle Construction et d’être plus forts. Le coaching de Christophe Urios sur l’art de bien maîtriser son mental était la cerise sur le gâteau », déclare Ruben Johan. Cyril Guy surenchérit :
« Vous confiez à Christophe Urios les meilleurs, il en fait des vainqueurs ! Il agit comme personne sur les aspects émotionnels et psychologiques des concurrents. C’est comme s’il entrait dans leurs têtes. » Cette Équipe de France du BTP qui gagne est, pour partie, le fruit d’un engagement solide et pérenne de la FFB et de ses partenaires, qui ont su réunir treize métiers sous une même bannière, un même logo et un coach au leadership reconnu.
Comme chez les sportifs de haut niveau, la seule compétence technique ne suffit pas pour monter sur le podium, même si elle est bien sûr un prérequis obligatoire. Il faut y ajouter de la passion, de l’engagement, du plaisir et de la fierté à représenter son pays face au monde entier. C’est ce qui a animé les jeunes de l’Équipe de France du BTP. Ils étaient prêts : ils savaient ce qu’ils devaient faire. Et le fait d’être à domicile, ça donne le petit truc en plus.
Christophe Urios, coach de l’Équipe de France du BTP.
La FFB a joué collectif et sur mesure
La Fédération, impliquée depuis toujours dans cette vitrine éphémère, mais puissante, de la richesse des métiers du bâtiment, a décuplé son engagement à travers cette 47e édition « à la maison ». Un appel à projets auprès de ses Unions et Syndicats de métier, ayant au moins une épreuve représentée aux Mondiaux, a ainsi été lancé. Son but : mettre en place un appui complémentaire au soutien des jeunes artisans.
Celui-ci s’est concrétisé, par exemple, par l’organisation de préparations techniques personnalisées selon les besoins des métiers, l’achat de matériels spécifiques pour les compétiteurs, ou encore le financement de cours d’anglais. En outre, un vaste plan de communication – site Internet dédié, boutique officielle de l’Équipe de France du BTP proposant différents goodies, temps forts des concurrents filmés et relayés sur les réseaux sociaux… – a été bâti en vue de renforcer la notoriété de l’événement.
Pendant les six jours de la manifestation, impossible de ne pas identifier la présence de la FFB, toujours à la manœuvre quand il s’agit de promouvoir les métiers.
Elle était, tout d’abord, incontournable, avec son stand estampillé « Équipe de France du BTP », un espace de 30 m2 situé au cœur des épreuves du pôle Construction. Ce stand, qu’elle a partagé avec ses partenaires, la SMABTP, la FNTP, WorldSkills France et l’entreprise Vicat, a connu une affluence record. S’y sont retrouvés pêle-mêle des adhérents, des partenaires, des institutionnels ainsi qu’une cohorte de visiteurs de tout âge.
Ensuite, il était possible de retrouver la Fédération au pavillon France, où était mis en lumière le bâtiment du futur, avec ses innovations technologiques et sa contribution au respect de l’environnement. Et puisque la dynamique de la compétition ne s’arrête jamais, la 48e édition est déjà entrée en phase active. Après les compétitions régionales qui s’achèveront début 2025, place à la compétition nationale à Marseille du 16 au 18 octobre 2025, avant le graal des Mondiaux en Chine, à Shanghai en 2026.
Entre-temps, le cycle de la 47e édition n’est pas complètement achevé, puisque la compétition européenne EuroSkills prendra ses quartiers au Danemark du 8 au 14 septembre 2025. L’occasion de continuer à montrer que les Tricolores peuvent faire rayonner leurs compétences et leur passion pour les métiers, au-delà des frontières !
Cela faisait deux ans que je m’entraînais sans relâche, sept jours sur sept, mais tous ces sacrifices se sont effacés avec ma médaille d’or.
David Clémencin, médaillé d’or dans la catégorie Charpente.
Le coaching de Christophe Urios sur l’art de bien maîtriser son mental était la cerise sur le gâteau.
Ruben Johan, médaillé d’or en Construction digitale.
WorldSkills Shanghai 2026 - En avant pour la 48e édition des WorldSkills
À l’issue des compétitions régionales de la 48e édition qui se tiennent jusqu’à début 2025 dans toute la France, les champions de chaque métier intégreront ensuite leur équipe régionale pour participer à la compétition nationale, organisée du 16 au 18 octobre 2025 au Parc Chanot de Marseille. Cet événement permettra de constituer les deux équipes nationales qui concourront soit aux Mondiaux à Shanghai (Chine) en 2026, soit à la finale européenne (EuroSkills), qui se déroulera, elle, à Düsseldorf (Allemagne) en 2027.
En savoir plus
Pour mieux connaître les seize forces vives de l’Équipe de France du BTP, de leur préparation à leur palmarès, rendez-vous sur le site equipedefrance-btp.fr où se trouve, entre autres, la série exclusive « Bâtir son rêve » qui plonge dans l’aventure des WorldSkills. Voir également les portraits des membres de l’équipe de France du BTP
Contenu réservé aux adhérents FFB
- Profitez aussi de conseils et de soutien
Des services de qualité, de proximité, avec des experts du Bâtiment qui connaissent vos enjeux métier et vous accompagnent dans votre quotidien d'entrepreneur.
- Intégrez un réseau de 50 000 entreprises
La FFB est fière de représenter toutes les entreprises du bâtiment, les 2/3 de nos adhérent(e)s sont des entreprises artisanales.
- Bénéficiez des dernières informations
Recevez Bâtiment actualité 2 fois par mois pour anticiper et formez-vous aux évolutions des métiers ou de la législation.