L'Hermione, une flamboyante vitrine pour les métiers de la charpente

Avec ses 44,20 m de longueur de coque et son déplacement de 1 250 t, L’Hermione, actuellement en cale sèche dans le port de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), impressionne les visiteurs. Mais elle n’est pas encore prête à reprendre la mer.
10:1605/03/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Bâtimétiers
Bâtimétiers Numéro 78 | mars 2025

Construit par l’association Hermione–La Fayette à partir de 1997 dans l’ancien arsenal de Rochefort (Charente-Maritime), ce navire est le fruit d’un défi un peu fou : créer une réplique identique de la frégate Hermione, en service dans la marine de guerre française de 1779 à 1793, connue pour avoir traversé l’Atlantique avec à son bord le marquis de La Fayette, apportant le soutien de la France aux insurgés américains en lutte pour leur indépendance. Construite en croisant les tableaux de chiffres de son concepteur, le maître charpentier de marine Chevillard Aîné, et les plans d’un navire similaire, la Concorde, retrouvés dans les archives de l’arsenal de Greenwich (Angleterre), L’Hermione est le plus grand bateau navigant en bois qui a été construit au xxie siècle.

 

Hélas, quelques années après sa mise à flot en 2014, et son périple vers les États-Unis en hommage à La Fayette en 2015, on découvre lors d’un carénage que la coque est attaquée par des champignons qui menacent la vie du bâtiment.

 

En effet, les épaisseurs de bois sont telles – jusqu’à 3,80 m de chêne massif à la proue et à la poupe – qu’il est presque impossible de les assécher en cas d’infiltration d’eau, faisant le lit de moisissures diverses. « Une fois ce diagnostic établi, nous avons défini une méthode de restauration consistant à remplacer les pièces de bois endommagées par des éléments en chêne lamellé-collé, un matériau qui résistera à long terme à la putréfaction », explique François Asselin, dirigeant d’Asselin SAS (Thouars, Deux-Sèvres), spécialisée dans la restauration des charpentes en monuments historiques.

 

Coconstructrice du navire avec les Chantiers du Guip (Brest, Finistère), cette entreprise dirige aujourd’hui sa restauration. En complément, le percement d’anguillers, des canaux de drainage, permettra de ventiler et de sécher les zones inaccessibles de la coque. Mais les études et les travaux coûtent cher : après une première tranche déjà réalisée à hauteur de cinq millions d’euros, le maître d’ouvrage a ouvert une souscription afin de recueillir les cinq millions encore nécessaires pour mener la restauration à son terme. Pour y parvenir, le chantier propose des visites guidées au public, et bénéficie du soutien des centres de formation et des entreprises, qui en ont fait un formidable outil pour valoriser et faire vivre les métiers de la charpente bois.

 

Partenaires et mécènes permettront bientôt de remettre en place ses trois mâts, culminant à 56,50 m, et de hisser ses 2.200 m2 de voilure pour reprendre la mer.

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