Pour les carreleurs, les normes se suivent et… ne se ressemblent pas forcément ! Pour bien comprendre les conséquences de la succession dans le temps des textes normatifs sur la glissance des revêtements de sol, il faut faire un bref retour historique.
Avant 2005, il n’existait aucune norme spécifique nationale en matière de glissance.
De fait, les fabricants de revêtements de sol, et tout particulièrement de carreaux de céramique, se référaient aux normes allemandes DIN 51 130 et DIN 51 097. La publication en 2005 de la norme expérimentale française XP P 05-011 changea la donne, en introduisant notamment une nouvelle terminologie avec les classements « PC » (pieds chaussés) et « PN » (pieds nus), en remplacement des classements R et A, B, C des normes allemandes. « Ces nouveaux classements obligeaient les professionnels à une certaine gymnastique pour trouver les correspondances entre les normes françaises et allemandes. Mais les méthodes d’essais se ressemblaient beaucoup car basées sur des essais sur un plan incliné. Globalement, il y avait de nombreuses similitudes entre elles », commente Nathan Perez, président de la section professionnelle Carrelage-Revêtements de sols de la Fédération BTP de Moselle.
NF P 05-011 « Revêtements de sol – classement des locaux en fonction de leur résistance à la glissance
Le vrai bouleversement est arrivé près de quinze ans plus tard, en août 2019, avec la publication de la norme NF P 05-011 « Revêtements de sol – classement des locaux en fonction de leur résistance à la glissance », qui vise principalement les revêtements de sol en céramique, les revêtements de sols coulés, les peintures de sol, ainsi que les revêtements de sol résilients et stratifiés. Cette nouvelle norme annule et remplace la norme expérimentale XP P 05-011 de 2005. Elle introduit non seulement de nouveaux classements, mais modifie aussi les méthodes d’évaluation sur certaines exigences et sur certains types de locaux. Ainsi, l’exigence de classement « PC » pour les locaux de fabrication de produits alimentaires (par exemple les cuisines collectives) est remplacée par la nouvelle exigence de coefficient de frottement « μd » (prononcer « mu D »). Le coefficient μd est déduit de l’essai de glissance qui utilise un tribomètre « à roue freinée », suivant la norme NF P 05-012. « Aucune équivalence n’est possible entre le coefficient μd et les classements PN et PC car les méthodes d’essai sont totalement différentes (essai à la roue freinée vs essai sur plan incliné) », observe Nathan Perez. L’impossibilité de comparer les essais entre la nouvelle et les anciennes normes porte à conséquence du côté des fournisseurs. « Peu de fabricants ont déjà réalisé les essais produits suivant la nouvelle norme, si bien que les fiches techniques ne mentionnent que rarement le coefficient μd », poursuit Nathan Perez. Le carreleur, qui doit répondre à un marché se référant contractuellement à la norme NF P 05-011, n’a que peu d’options. Soit il fait appel aux fabricants dont les fiches techniques sont à jour, soit il choisit ses produits en se référant aux recommandations de la Carsat « Liste des revêtements de sol dans les locaux de fabrication de produits alimentaires » de juillet 2018, qui intègrent le coefficient μd.
Outre cette évolution, la nouvelle norme détaille le classement des locaux à usage privatif. En fonction des dispositions permettant de contenir les projections d’eau, on distingue désormais cinq types de salles d’eau, là où il n’y en avait qu’un dans l’ancienne norme.
En savoir plus
UNECP-FFB (Union nationale des entrepreneurs carreleurs, chapistes et projeteurs de polyuréthane), tél. : 01 40 69 58 20, www.unecb.ffbatiment.fr