Pour Bernard Baré, à la tête de Concept Carrelage à Fienvillers (Somme), « il n'est pas question d'envisager de coller un revêtement carrelé en sols intérieurs sans avoir vérifié le support. Il faut s'assurer de sa planéité, de son état de surface, de son adhérence… Ce qui revient à se demander en priorité à quel support on a affaire ». Car tous les supports ne sont pas aptes à recevoir un revêtement carrelé, à l'instar des sols où un revêtement a déjà été collé sur le revêtement initial, ou des planchers rayonnants électriques (PRE), conformément au Cahier des prescriptions techniques d'exécution CPT sols P3 - Rénovation1. Si certains supports peuvent être abordés plus facilement, « tel un ancien carrelage dont on aura vérifié s'il est cohésif, d'autres sont plus compliqués à travailler, comme les planchers bois qui ne sont admissibles que dans des locaux secs ou humides à usage privatif sans siphon de sol, précise l'entrepreneur. De même, face à un support qui présente trop de fissures filantes, je préfère proposer au maître d'ouvrage de remettre le support à neuf. Si on ne prend pas conscience de l'importance de la qualité du support sur lequel on va réaliser notre ouvrage, on se met en danger car, derrière, la garantie décennale court. »
Pas de rénovation sans étude préalable
Résultat : « Quel que soit l'ancien support rencontré - carrelage, PVC, peinture de sol, sol en résine coulée, plancher bois ou ancien support mis à nu - je réalise toujours une étude préalable, qui de toute façon est obligatoire et incontournable en rénovation », poursuit Bernard Baré. L'étude permettra ainsi de vérifier la planéité du support existant; de définir les zones de l'ancien sol à conserver, à déposer ou à ragréer; de repérer les fissures et joints de fractionnement à traiter; ou encore de déterminer la nature des chapes. Elle est de la responsabilité du maître d'œuvre ou de l'entreprise en son absence. « Je me déplace à chaque chantier de rénovation pour réaliser cette étude préalable et je propose un diagnostic, appuie l'entrepreneur. Bien sûr, les clients sont réfractaires à l'ajout de travaux sur un devis. Malheureusement, ils se renseignent de plus en plus sur Internet, lisent des blogs, ou même consultent certains distributeurs qui ne leur donnent pas forcément les bonnes informations. Or, ce n'est pas le conseilleur qui est payeur, et en tant qu'hommes de l'art, nous, carreleurs, devons délivrer le bon message à nos clients. »
Attention aux très grands formats
D'où un autre point de vigilance à ne pas négliger en rénovation des sols intérieurs : « Tous les formats ne peuvent pas être collés sur un ancien support », reprend Bernard Baré, qui constate une demande de plus en plus importante pour des formats 75 x 75 cm et même 80 x 80 cm. Si les règles de l'art ont intégré cette prédilection pour les grandes dimensions, « le CPT les limite au 60 x 60 cm et donne une taille maximale selon le type de carreaux et de support ». En effet, les carreaux céramiques et en pierre naturelle ne doivent pas excéder 3 600 cm2 sur la plupart des supports, sauf sur plancher à ossature bois, où ils sont limités à 1 200 cm2, ou sur chape asphalte, où ils n’excèdent pas 2 200 cm2. Les carreaux qui présentent une absorption supérieure à 6 % ne doivent pas dépasser pour leur part 900 cm2. « En outre, si le client insiste pour poser des formats de 75 x 75 ou 80 x 80 cm, il faut impérativement refaire le support à neuf, conseille le carreleur, et en profiter pour préconiser une isolation thermique si c'est nécessaire et possible. De plus en plus de particuliers y sont sensibilisés : ils veulent aussi améliorer la performance énergétique de leur logement. » RGE oblige, les mentalités commencent à évoluer.