Léger et adapté à la rénovation en étage, sur support bois et sur des planchers qui ne supportent pas de charges importantes, le polyuréthane projeté connaît un engouement certain. Le principe : mélanger deux composants chimiques sur chantier et les appliquer à l'aide d'une unité mobile de projection, entre un support béton et une chape ou dalle flottante en mortier ou chape fluide, avec ou sans chauffage par le sol. La mousse de polyuréthane obtenue prend du volume, durcit et forme, selon le but recherché, une isolation thermique (conductivité de 0,022 à 0,028 W/mK selon les fabricants) ou un enrobage des canalisations. Autres atouts : compact et continu, ce procédé supprime les ponts thermiques, contribue à l'étanchéité à l'air du bâti et réduit les tassements ou fissurations de la chape et du carrelage. Sur un support non plan, le polyuréthane projeté rattrape la planéité, à condition que l'épaisseur minimale visée dans son Avis technique soit respectée. Enfin, ce procédé accroît la productivité sur les chantiers. Les autres corps de métier peuvent intervenir dès le lendemain de sa mise en oeuvre. À noter que les planchers collaborants ne sont pas visés dans les Avis techniques comme supports pour le polyuréthane projeté.
Avant de devenir applicateur de po-lyuréthane projeté, l'entreprise doit être agréée par le réseau qui distribue le produit, après avoir suivi une formation - incluant la sécurité, indispensable à sa bonne mise en oeuvre. Par exemple, la projection doit s'effectuer en plusieurs passes successives de 10 à 30 mm, pour une hauteur maximale de 200 mm (si l'Avis technique autorise cette épaisseur), et surtout pas en une seule passe. Exothermique, le produit doit descendre en température entre chaque passe, pour prévenir le risque que l'énergie dégagée provoque un incendie. Ses composants chimiques nécessitent le port de gants, d'une combinaison et d'un masque, ce qui complexifie la tâche pour l'applicateur. Et la cohabitation avec les occupants du logement ou avec d'autres corps de métier est interdite lors de l'application. Pour toutes ces raisons, et pour permettre l'assurabilité de l'ouvrage, les produits appliqués doivent faire l'objet d'un Document technique d'application (DTA) délivré par la CCFAT (Commission chargée de formuler les avis techniques). Les caractéristiques de ces produits liées à la mise en oeuvre sont suivies dans le cadre de la certification QB « Isolant en polyuréthane projeté in situ » (QB 23), délivrée par le CSTB.
Ce procédé modifie aussi quelques habitudes de pose. En neuf ou en rénovation, les réservations doivent être prises en compte en amont. S'il s'agit d'enrober des canalisations, contrairement à la mise en oeuvre d'un ravoirage ciment qui s'effectue à fleur avec l'élément noyé, il faut une épaisseur minimale de polyuréthane projeté de 30 mm au-dessus de la génératrice supérieure de la canalisation la plus haute. Autre modification dans les pratiques de pose : la position de la sous-couche acoustique mince (SCAM) vient en surface et non pas en sous-face de l'isolant en polyuréthane, car ce dernier doit être adhérent au support.
Dans le cas de plancher chauffant à fluide caloporteur, l'épaisseur minimale de l'isolant est portée à 30 mm pour fixer les cavaliers de fixation des tubes. Si l'application de sous-couche acoustique sous un plancher chauffant comportant des fixations traversantes est visée, les dénominations des SCAM concernées doivent apparaître dans l'Avis technique, à condition que leurs fabricants aient donné leur accord. En revanche, l'ajout d'une SCAM sur polyuréthane projeté s'effectue sans disposition particulière avec un plancher rayonnant électrique, qui ne le perce pas puisqu'il est collé au moyen d'une trame adhésive.
Enfin, conformément aux Avis techniques, avant réception du support, le polyuréthane projeté aura été poncé, nettoyé et aspiré, pour une livraison propre, dans les règles de l'art.