En évolution constante, le plancher chauffant rafraîchissant basse température équipe une maison neuve sur deux 1, et sa part de marché ne cesse de croître dans les bâtiments tertiaires. Avec un marché de la construction désormais dans le vert et synonyme de performances thermiques des bâtiments sans cesse améliorées, ces émetteurs invisibles rencontrent un véritable engouement. « Les clients apprécient le confort des planchers chauffants et le fait qu'ils libèrent les murs des radiateurs », témoigne Sophie Laforge, à la tête de l'entreprise Sols Parquets Entretien, dans le IXe arrondissement de Paris. Seul souci : « la normalisation restreint l'application de parquets sur sols chauffants ». En effet, hors Avis technique, seuls les parquets massifs en pose collée sont visés par le NF DTU 51.2 « Parquets - Pose de parquets à coller pour une mise en œuvre avec plancher chauffant ». Ne sont admis que les parquets massifs jusqu'à 90 mm de largeur. Pour pouvoir atteindre 130 mm, le parquet doit être en chêne et d'une épaisseur inférieure ou égale à 14 mm. La pose en massif et contrecollé, et en pose collée ou flottante, doit être visée par des Avis techniques qui deviennent extrêmement rares lorsqu'il s'agit de les mettre en œuvre sur planchers réversibles (chauffants et rafraîchissants). Conséquence : ce marché échappe aux parqueteurs au profit d'autres revêtements. « Étant donné qu'il s'agit d'une mise en oeuvre hors NF DTU et qui demande certains protocoles, lorsque nous sommes consultés pour la pose de parquet sur plancher réversible, nous ne donnons pas suite », déplore Sophie Laforge. Une époque qui devrait être bientôt révolue.
MISE EN ŒUVRE COMPATIBLE SUR PLANCHERS RÉVERSIBLES
Mandaté par les professions de la seconde transformation du bois, dont l'Union des métiers du bois (UMB-FFB), le Codifab a financé des travaux de recherche pendant presque quatre ans. Ils ont été confiés au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et à l'Institut technologique pour les filières forêt, bois, construction et ameublement (FCBA). Ces travaux ont fait l'objet d'un rapport en décembre 2016, publié en mars dernier, qui met en évidence les compatibilités des parquets sur sols chauffants et/ou rafraîchissants en prenant en compte leurs évolutions récentes (sol chauffant, sol rafraîchissant, régulations, types de chape). L'étude introduit plusieurs nouveautés : la possibilité d'utiliser des parquets contrecollés (une avancée notable car leur niveau de ventes atteint aujourd'hui celui des parquets massifs), de nouvelles essences, de nouvelles largeurs de lame, de nouvelles épaisseurs, une nouvelle mise en œuvre avec la pose flottante, ou encore la compatibilité avec les sols rafraîchissants donc réversibles. « Cette étude nous ouvre des perspectives vers de nouveaux marchés. C'est un atout de taille pour nous, menuisiers-parqueteurs, d'autant que les solutions de planchers chauffants et réversibles ont considérablement évolué », note avec enthousiasme Sophie Laforge. Charge maintenant aux industriels de faire valider l'étude par l'Agence Qualité Construction (AQC) et par la Coprec (Confédération des organismes indépendants, tierce partie de prévention, de contrôle et d'inspection). Sachant qu'elle est déjà intégrée dans la prochaine révision du NF DTU 51.2 « Parquets - Pose de parquets à coller », dont l'enquête publique est prévue pour cet été.
UNE POSE SOUS CONTRAINTES
En attendant, « le NF DTU étant la référence, nous ne posons pas de parquets hors de ce cadre ou de celui des Avis techniques », rappelle Sophie Laforge. Experte de ce type de mise en œuvre, elle tient à souligner : « Il faut vraiment être menuisier-parqueteur pour poser ce revêtement sur plancher chauffant. » N'ayant heureusement jamais connu de sinistre, elle ajoute : « Nous sommes tout de même sous garantie décennale. Par conséquent, lorsqu'un client me demande de poser le parquet d'un fabricant avec qui je n'ai pas l'habitude de travailler, je le consulte d'abord. Si je n'ai pas son aval, je n'applique pas le revêtement sur plancher chauffant. De plus, nous accompagnons toujours nos devis de la procédure à suivre lors de la mise en œuvre de parquet sur plancher chauffant. » Selon Sophie Laforge, un soin particulier doit être apporté notamment « au contrôle de l'humidité dans la chape. Qu'elle soit en mortier ciment ou en béton, nous réalisons systématiquement les tests à la bombe à carbure. S'il s'agit de chapes anhydrites, nous vérifions aussi qu'elles ont été parfaitement préparées avant notre intervention. Nous sommes également très vigilants sur la mise en route par pallier du plancher chauffant ». Des précautions qui resteront incontournables, même si la pose élargie de parquet sur planchers chauffants et/ou rafraîchissants (réversibles) devrait bientôt être promise à une technicité traditionnelle.
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Chiffres 2015, source : Syndicat national des fabricants de composants et de systèmes intégrés de chauffage, rafraîchissement et sanitaires (Cochebat).
Sophie Laforge
Entreprise Sols Parquets Entretien, Paris
« Cette étude nous ouvre des perspectives vers de nouveaux marchés. C'est un atout de taille pour nous, menuisiers-parqueteurs, d'autant que les solutions de planchers chauffants et réversibles ont considérablement évolué »