La pose de terrasse en bois s'est beaucoup développée ces dernières années, mais non sans quelques déconvenues du côté des clients. Lames qui changent de couleur, s'écartent, vrillent, autres singularités qui apparaissent après réception de l'ouvrage... Il s'agit parfois des évolutions normales d'un bois qui travaille, et parfois de vraies malfaçons. Dans tous les cas, les litiges sont nombreux. « C'est en suivant une journée de formation sur la sinistralité sur les terrasses en bois, concernant notamment ce qui pouvait les rendre impropres à leur usage, que je me suis rendu compte combien ces ouvrages, qui semblent souvent abordables à n'importe qui, nécessitent en réalité un savoir-faire et des connaissances assez poussées », témoigne Guy-Pierre Blanc, dirigeant de l'Atelier du bois, entreprise spécialisée en menuiserie à Puygouzon dans le Tarn.
En effet, les professionnels qui posent des platelages en bois sont d'origines diverses : paysagistes, menuisiers, maçons, charpentiers... Quand ils ne sont pas spécialisés dans ces ouvrages, il arrive qu'ils ne maîtrisent pas certaines prescriptions. On constate alors l'emploi de bois inadaptés, de bois mal séchés, de visserie non conforme..., qui peuvent donner lieu à de nombreux désordres. Face à cet état de fait, une seule solution : se former aux exigences des platelages bois définies dans le NF DTU 51.4 « Platelages extérieurs en bois » dont la révision vient d'être achevée (voir encadré) et, dans le cas d'emploi de matériaux non couverts par le NF DTU 51.4 (produits dits « non traditionnels » tels que les platelages en bois acétylés ou en bois polymère, par exemple), bien se référer aux Avis techniques et aux recommandations des fabricants. En matière de terrasses en bois, le professionnel a un véritable devoir de conseil à endosser. Le bois est un matériau vivant qui nécessite de l'entretien. Il va donc évoluer avec le temps. Mal entretenu, l'ouvrage peut devenir inesthétique, voire dangereux. « Il est essentiel de bien informer le client de l'évolution probable de sa terrasse, et ce dès le devis, précise Guy-Pierre Blanc. Pour ma part, je prends soin de lui expliquer que le bois va ternir et griser avec le temps, que certaines irrégularités dans l'espacement des lames ou un léger désaffleur sont normaux, que sa terrasse va nécessiter un entretien et une maintenance (nettoyage à l'eau douce et sans jet à haute pression, vérification des échardes...). Et je consigne le tout par écrit. Cela reprend une synthèse des préconisations et des marges acceptées par le NF DTU 51.4. Par exemple, l'écartement des lames peut varier de 3 à 6 mm et, si moins de 3 à 6 % de lames défectueuses apparaissent, elles sont du ressort du client et non de l'entreprise. Ainsi informé, le client peut alors faire un achat éclairé. »
Par ailleurs, la réglementation est particulièrement complexe au regard des questions de garantie décennale ou biennale. Il est conseillé de prendre l'avis de son assureur au moment du devis, pour savoir si l'assurance va considérer l'ouvrage comme du bâti ou non, et quels types de désordres sont couverts. Quand les litiges se déclarent, la justice regarde notamment si l'ouvrage est devenu impropre à sa destination. Mais l'évaluation est assez variable dans la jurisprudence. Dans tous les cas, il est primordial d'établir avec le maître d'ouvrage le procès-verbal de réception, sans lequel l'assurance de l'entreprise de travaux ne peut s'appliquer.
NF DTU 51.4 : la révision apporte des clarifications
La révision du NF DTU 51.4, dont la parution est prévue fin décembre 2018, consiste essentiellement à mieux distinguer les différents types d'ouvrage. La version 2010 définissait deux types de conception : l'une classique, piégeante pour l'eau, et une autre, drainante, conférant une plus grande durabilité au regard des phénomènes de dégradation biologique (via notamment l'ajout de patins entre les lambourdes et les lames pour éviter les contacts bois/bois). La nouvelle version opère une distinction supplémentaire selon l'usage auquel est destinée la terrasse : elle définit des prescriptions différentes selon qu'il s'agit de la terrasse d'un particulier ou d'une terrasse accueillant du public (qui va donc subir une charge plus importante). Par ailleurs, la nouvelle version clarifie la frontière d'une part, entre les ouvrages qui relèvent d'une structure extérieure en bois et dépendent du NF DTU 31.1 « Charpente », et d'autre part, ceux qui relèvent d'un ouvrage d'étanchéité (terrasses en bois sur un toit par exemple) et ceux qui sont réellement de simples platelages bois couverts par le NF DTU 51.4. Notons que ce dernier ne vise pas les platelages bois sur plots mis en oeuvre comme protection de toitures-terrasses et balcons étanchés, encadrés par des règles professionnelles spécifiques.
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