Laboratoires pharmaceutiques, fabrication de composants électroniques... Certaines activités industrielles exigent de maîtriser un ensemble de paramètres, dans une atmosphère contrôlée, obtenus dans des locaux appelés « salles blanches ». Parmi ces paramètres, figure le plus souvent une exigence de propreté et d'hygiène très élevée, résultant notamment d'un nettoyage et d'une désinfection des sols très encadrés. Grâce à leur application en continu sans joint, les revêtements de sol coulés à base de résine forment un système à la fois imperméable, non poreux et d'une planéité parfaite, qui répond exactement à cette première exigence.
Autre problématique : la fabrication de certaines solutions médicamenteuses ou de produits utilisant des solvants ou des poudres volatiles peut créer une atmosphère « explosive », avec le risque que la moindre étincelle provoque une explosion mettant en péril les salariés et/ou les produits fabriqués, quand il s'agit, par exemple, de microcomposants. L'ajout de carbure de silicium lors du mélange des composants du système de revêtement, ainsi que le raccordement du revêtement fini à la terre permettent d'obtenir un sol à propriétés électriques, répondant aux exigences de la norme NF EN 61340-4-1. Grâce à ce type de revêtement, toute décharge électrique émanant d'un opérateur, d'un équipement ou d'un produit est automatiquement dissipée par le sol, selon le principe du paratonnerre.
UN SYSTÈME POUR CHAQUE PROBLÉMATIQUE
Comme l'explique Damien Bouteiller, dirigeant de l'entreprise de revêtement de sols coulés en résine CTIN (Seine-Maritime), deux types de systèmes différents - à base de résines époxydiques ou polyuréthanes - peuvent être mis en œuvre pour répondre à ces deux problématiques de la salle blanche. Ils possèdent des étapes de mise en œuvre communes. Même si les revêtements à propriétés électriques ne sont pas visés dans le NF DTU 54.1 « Revêtements de sols coulés à base de résine de synthèse », actuellement en révision pour intégrer les travaux en rénovation, il peut être utile de s'y référer pour les travaux de préparation des supports neufs, ainsi qu'au CPT 3716 « Exécution de revêtements de sol à base de résine de synthèse » pour les travaux en rénovation.
LES ÉTAPES CLÉS
Le chantier doit commencer avec une préparation du support. Dans le neuf, on est le plus souvent sur un support béton ; en rénovation, on peut être face à un revêtement coulé en résine ou à un carrelage. Après ponçage mécanique ou grenaillage, on procède au traitement des points singuliers et fissures, par pontage ou masticage, afin d'obtenir un support propre, sans poussière, dont les tolérances de planimétrie autorisent l'application des revêtements considérés. L'étape suivante est l'application d'un primaire d'accrochage.
Plusieurs phases de la mise en œuvre ne concernent que les revêtements à propriétés électriques. En premier lieu, l'ensemble de la zone doit être quadrillé de façon continue avec de la tresse de cuivre, en prévoyant différentes remontées en surface du sol, qui permettront à l'électricien de raccorder la tresse à la terre. Un nouveau primaire électro-conducteur, chargé en carbure de silicium, est coulé pour enrober la tresse de cuivre et créer ainsi la conductivité du sol. La couche de masse se compose d'un système de revêtement standard pour une simple fonction hygiénique, ou chargé en carbure de silicium pour les sols à propriétés électriques. Si le client désire un sol lisse, on laissera la couche de masse telle quelle. Si le local présente des exigences au niveau de la glissance, la couche de masse sera complétée par un saupoudrage de silice pour obtenir un revêtement antidérapant, avant d'y appliquer une couche de finition. Pour les sols à propriétés électriques, il est très important de veiller à ne pas sectionner la tresse de cuivre, qui garantit la conductivité du sol en tout point.
Les revêtements de sols coulés à base de résine de synthèse et les revêtements à propriétés électriques sont couverts par les qualifications Qualibat 6232 et 6273.
« Les sols à propriétés électriques pour salles blanches constituent un marché dynamique, où les exigences sont grandes, mais qui est aussi créateur de valeur ajoutée pour l'entreprise, conclut Damien Bouteiller. Ces chantiers de 15 à 100 m2 en rénovation et jusqu'à 500 m2 dans le neuf représentent 20 % de notre activité. »