Le BIM est une révolution dans l'acte de construire. Fini le séquentiel, place au collaboratif. Autour d'une maquette numérique, s'organise une base de données qui centralise toutes les informations techniques sur le bâtiment, tout au long de son cycle de vie. En échange d'une contribution de chacun, cette continuité numérique assure à tous des gains de performance. « Même s'il existe beaucoup d'écrits sur le BIM, le secteur manquait de vision globale pour une opération courante traitée en lots séparés en BIM de niveau 2, de la conception à la déconstruction. De plus, les nombreuses expérimentations en cours prendront encore un certain temps. D'où l'idée de réaliser un programme virtuellement. Pour gagner du temps et nous affranchir des longues phases de conception et de construction, nous nous sommes appuyés sur un bâtiment existant que nous avons « rebimisé » : un immeuble de 30 logements sociaux de l'OPH de La Rochelle », précise Christian Herreria, président de la commission Marché bâtiment à la FIB (Fédération des industries du béton) et pilote du projet ABV. Le projet a ainsi permis de comparer approche BIM et approche traditionnelle, de simuler des process et des scénarios, de mettre en évidence des bénéfices et des freins, de proposer des réflexions sur l'organisation et, enfin, de fournir des contributions thématiques. C'est un pas de géant dans la compréhension du BIM collaboratif. « Même si les outils sont encore perfectibles, notamment en termes d'interopérabilité, nous savons aujourd'hui surmonter les quelques problèmes qui se présentent. Il n'y a pas eu de difficulté majeure en phase de conception, et les entreprises ont su s'adapter et exploiter positivement le BIM en phase de réalisation, confie Christian Herreria. Les vraies difficultés rencontrées relèvent plutôt des processus et de l'organisation du travail collaboratif autour de la maquette. Il faut préalablement que les objectifs et les règles du jeu BIM soient correctement définis. Il est important aussi de prévoir un management du BIM pour mettre en place les outils collaboratifs, former les acteurs et suivre la convention BIM. »
Le projet ABV a, entre autres, mis en évidence des conditions préalables indispensables au succès du BIM collaboratif, comme :
- établir le cahier des charges BIM de l'opération, précis et synthétique ;
- définir des protocoles adaptés à la maturité BIM des acteurs (ce qui passe par l'établissement d'une ou plusieurs conventions BIM) ;
- fixer les règles du : qui fait quoi ? comment ? avec quoi ? et pourquoi ? ;
- garantir l'application du ou des protocoles via un « management du BIM ».
Ainsi, la Convention BIM apparaît comme un élément central, véritable protocole d'échanges entre les acteurs. Elle pose les objectifs du maître d'ouvrage, définit le niveau de BIM, la ou les solutions logicielles, le format, le niveau de détail des livrables attendus ; elle fixe l'organisation des données dans la maquette et prévoit les modalités de résolution d'éventuels conflits. La volonté de tous est que le BIM se développe. Les contributions du projet ABV fournissent un précieux point de repère.
Qu’est-ce que le bim de niveau 2 ?
En matière de BIM, le champ des informations numériques échangées ou partagées peut varier. C'est pourquoi on distingue 4 niveaux de collaboration (0, 1, 2, 3), du moins au plus avancé :
- Niveau 0 : les plans restent distincts des pièces écrites (CCTP, fiches techniques). Les échanges portent sur des dossiers 2D et des textes. C'est la maquette DAO ;
- Niveau 1 : autour d'une maquette CAO, on entre des informations strictement internes. Les échanges avec les autres acteurs sont limités et portent sur des dossiers 2D ou 3D ou des textes. On parle de « BIM tout seul » ;
- Niveau 2 : c'est le BIM collaboratif. Il y a partage et échange de données structurées entre les intervenants, chacun gardant sa propre base de données. Les transferts de données sont définis par une convention BIM qui précise le rôle des acteurs, ainsi que les modalités et le standard de l'échange. C'est le niveau retenu pour le projet ABV ;
- Niveau 3 : on parle alors de BIM intégré, et il n’en est encore qu’à ses balbutiements. La base de données est unique et intégrée. Chaque acteur interagit en temps réel sur le projet.