Construction numérique - Un atout majeur pour les chantiers complexes

Une réplique numérique du bâtiment réel

À Paris, l’un des principaux défis techniques a consisté à transformer les anciennes chambres de service des 7^e et 8^e étages en trois luxueux duplex de 150 m², avec notamment l’installation de placards et meubles sur mesure et d’une ventilation double flux. Dans les étages inférieurs, les appartements existants ont dû être complètement remodelés selon les usages modernes, évidemment très différents de ceux d’il y a cent ans.

Il a, par exemple, fallu condamner les portes de service, réunir salon et salle à manger, installer des cuisines ouvertes ou encore créer des pièces d’eau et des WC supplémentaires, ce qui a nécessité de revoir le passage des canalisations et de créer de nouvelles descentes d’eaux usées. La maquette numérique a joué un rôle déterminant pour la réussite de ce chantier particulièrement complexe à mettre en œuvre dans des bâtiments existants.

Bien plus que la simple représentation d’un espace, cette maquette qui contient toutes les informations du projet est une véritable réplique numérique du bâtiment réel. « La maquette numérique a été réalisée avant le démarrage des travaux à partir des plans existants et des mesures effectuées sur place, ce qui est rare dans l’ancien. C’était plus simple de partir d’un bâtiment déjà modélisé : cela permet d’avoir une vue en 3D de toute la structure métallique et de la structure porteuse de l’immeuble, de l’emplacement des différents réseaux…

Par exemple, pour résoudre une problématique de passage de tuyaux, il suffit de zoomer sur la maquette numérique : la vue en 3D nous aide à faire des plans d’exécution très précis. Sans cet outil, il aurait notamment été très difficile d’intégrer la VMC double flux dans le projet, explique Brice Montani, gérant de la société Sotib (La Verrière, Yvelines) et directeur des travaux.

Nous avons décidé de conserver une grande hauteur sous plafond dans toutes les pièces ; les entreprises ont donc dû trouver des solutions pour passer les réseaux en perdant le moins de hauteur possible. La modélisation 3D a permis de voir où étaient les poutres et d’anticiper le passage des tuyaux pour optimiser les volumes. »

Un outil collaboratif

Le BIM a aussi facilité la coordination entre les différents corps de métier intervenant sur le chantier au niveau architectural et technique, et aidé à gagner en clarté sur les détails du projet en visualisant plus facilement les options de conception.

« Le BIM, c’est un processus collaboratif qui s’accompagne d’une plateforme partagée avec tous les documents liés au chantier et les photos d’état des lieux. Lors des réunions de chantier avec les ingénieurs et l’architecte, tout se passe sur un écran connecté, ce qui a facilité la direction du chantier par un jeune ingénieur sourd, du groupe AIP. Au lieu de faire des hypothèses sur l’endroit où passe une colonne, il n’y a plus de débat.

Avoir tous les éléments en 3D permet d’échanger de façon beaucoup plus fluide et de limiter au maximum les interprétations, qui sont fréquentes quand on travaille avec un plan classique », indique le BIM Manager Mickael Bitan. Au-delà de la mission de rénovation, l’objectif était d’atteindre une forme d’excellence sur des sujets vertueux comme l’amélioration du bâti, la performance énergétique ou la décarbonation.

Les travaux ont permis d’atteindre la classe B du DPE contre D initialement, et de réaliser des économies d’énergie de près de 55 %. Là encore, le BIM s’est révélé indispensable : l’étude thermique effectuée en BIM à partir de la maquette au format IFC (format d’échange de données ouvert, équivalent du PDF) a permis de faciliter la saisie des données, de limiter les hypothèses et donc d’augmenter la précision des résultats. La livraison des chantiers de Paris et de Bourg-la-Reine est prévue en décembre 2024.