Le BIM (Building Information Modeling), on en entend beaucoup parler, on s'y prépare et soudain, cela devient une réalité. C'est l'expérience qu'a vécue Alain Petit, directeur commercial de CMEG. Créée en 1950, cette société coopérative ouvrière de production (SCOP) spécialisée dans les projets en entreprise générale compte aujourd'hui 200 salariés. « En mai 2016, nous avons répondu à une consultation sur un projet en conception-réalisation en BIM et nous avons remporté le marché », raconte-t-il. Le projet en question, situé au Mesnil-Esnard près de Rouen, concerne la construction de 22 logements et la création de 800 m2 de cabinets médiaux pour le compte de Habitat 76, le premier bailleur social de Seine-Maritime avec un parc d'environ 30 000 logements sur 191 communes. Pour répondre à cet appel d'offres d'un type nouveau, CMEG a élaboré et joint au dossier, en collaboration avec l'architecte, une maquette numérique du projet ainsi qu'une visite virtuelle du bâtiment réalisée à partir de cette maquette 3D, depuis les cabinets médicaux situés au rez-de-chaussée jusqu'à l'intérieur des logements. « C'est une petite révolution, reconnaît Alain Petit. En donnant une vision très fidèle de la réalité, beaucoup plus parlante que les plans en 2D, ces nouveaux outils sont pour le bailleur social une aide précieuse à la décision. »
Pour une entreprise innovante comme CMEG, le BIM donne l'occasion de mettre en avant les procédés constructifs qu'elle a mis au point depuis de nombreuses années et leurs avantages concurrentiels. CMEG mise en particulier sur la préfabrication avec le développement du P2P, un panneau sandwich composé d'un isolant de 14 cm intégré entre un voile porteur intérieur de 20 cm et un parement extérieur de 7 cm. « Ce procédé sous Avis technique permet d'atteindre les exigences de la RT 2012 et même au-delà, tout en intégrant de nombreuses possibilités décoratives pour la façade extérieure, argumente Alain Petit. La maquette numérique montre mieux que tout ces différentes propriétés. » En optant pour un développement de la préfabrication, CMEG s'est aussi sans le savoir rapprochée du fonctionnement du BIM : au fil des années, elle a en effet intégré à ses panneaux de façade toutes les réservations des corps d'état secondaires, des plots électriques aux passages de câbles, des canalisations du plombier aux menuiseries extérieures, sous la forme de plans venant compléter une maquette en 3D. « En voyant arriver le BIM, dont tout le monde parlait, nous avons formé plusieurs de nos projeteurs et métreurs aux logiciels 3D, ajoute le directeur commercial. Pour fonctionner en mode BIM, il nous reste maintenant à passer de l'échange de données avec chaque corps d'état technique à une maquette unique partagée par tous les acteurs du projet. Les investissements réalisés en formation et en logiciels se révèlent aujourd'hui judicieux. »
Le projet du Mesnil-Esnard est désormais sur les rails, avec la définition d'un protocole BIM, qui permettra à chaque entreprise intervenante d'intégrer ses plans à la maquette du projet, sous la supervision du maître d'ouvrage qui endossera le rôle de BIM manager. Pour le bailleur social, ce fonctionnement est un gage de progrès dans la détection précoce d'erreurs de conception, ainsi qu'un gage de qualité, donc de durabilité du bâti. En créant une bibliothèque des composants mis en œuvre, le BIM offre également une connaissance précise de chaque détail du bâtiment pour une maintenance optimisée. Habitat 76 a d'ailleurs engagé une généralisation de la maquette numérique pour l'ensemble de son parc locatif.