Un nombre croissant de solutions conformes à la réglementation incendie

Beaucoup de chemin a été parcouru ces dernières années pour l'élaboration de solutions bois maîtrisées vis-à-vis du risque de propagation du feu par les façades. En réponse à la demande des pouvoirs publics de revoir la réglementation en vigueur, définie dans l'Instruction technique 249 (IT 249), le Codifab a financé à partir de 2012 une importante campagne d'essais (Lepir), réalisée par le CSTB et le FCBA, qui a validé un ensemble de solutions constructives fiabilisées en matière de maîtrise de la propagation du feu en façade, et applicables dans certains ERP et bâtiments d'habitation des 3^e et 4^e familles. Agissant sur différents paramètres de la façade - ajout d'un isolant incombustible sur le panneau de contreventement, de bandes intumescentes pour fermer la lame d'air, de bavettes métalliques en débord ou de déflecteurs métalliques latéraux - ces solutions ont été réunies dans le guide d'application Bois construction et propagation du feu par les façades en application de l'Instruction technique 249 version 2010, édité en février 2017, et téléchargeable sur le site du Codifab¹. Le guide contient aussi des solutions qui garantissent la non-propagation du feu à la jonction entre le plancher et la façade.

Cependant, après avoir constaté que les solutions élaborées se révélaient beaucoup plus coûteuses que celles présentes initialement dans l'IT 249, et que le débordement des déflecteurs métalliques était un obstacle à leur mise en oeuvre par certains architectes, la filière s'est mise en quête d'autres solutions moins coûteuses et moins pénalisantes au plan esthétique. C'est ainsi qu'ont vu le jour un ensemble de solutions nouvelles correspondant au concept de bardage « fusible », qui consistent à mettre en oeuvre le bardage le moins épais possible, créant une masse combustible très faible, rapidement consumée et contenue par un déflecteur bois renforcé, ce qui ne permet pas au feu de se propager au niveau R+2, et répond de ce fait aux exigences de la réglementation en vigueur. Étant donné que le bardage « fusible » doit avoir une épaisseur comprise entre 18 et 22 mm, et que le NF DTU 41.2 « Bardage bois » autorise une épaisseur minimale de 18 mm, le bardage « fusible » parvient à assurer la fonction de protection de l'ouvrage, tout en apportant une réponse compétitive à la contrainte de non-propagation du feu. Ces solutions nouvelles, validées par une récente campagne d'essais au feu qui s'est achevée en 2018, ont été intégrées au guide début 2019.

La filière bois ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Pour accompagner le développement des bardages en terre cuite (tuile) sur des murs à ossature bois, pour lesquels il n'existait pas de règles de l'art, le CSTB et le FBCA se sont rapprochés du centre technique de la filière terre cuite, le CTMNC, pour écrire des règles professionnelles. Actuellement en cours de validation par la Commission Prévention Produits (C2P) de l'AQC, elles ont fait l'objet d'essais Lepir afin de valider leur conformité aux exigences de non-propagation du feu par les façades.

Enfin, une démarche similaire a été engagée afin de définir des règles de l'art pour la mise en oeuvre de systèmes d'isolation thermique des façades par l'extérieur (Etics) - composés d'un polystyrène et d'un enduit mince - sur les murs à ossature bois, à la faveur d'un rapprochement avec le SNMI² et le SIPEV³. Les différentes solutions sont en cours de test pour valider leur imperméabilité à l'air et leur étanchéité à l'eau. Elles feront à leur tour l'objet d'essais au feu pour s'assurer de leur conformité avec la réglementation en vigueur?; les résultats seront connus en 2019.

Les professionnels de la construction bois auront ainsi à leur disposition un ensemble de solutions validées par des essais mutualisés et réunies sous la forme de règles professionnelles et guides d'application de l'IT 249, ce qui lèvera tout obstacle à leur mise en oeuvre vis-à-vis des maîtres d'ouvrage et des contrôleurs techniques. Bien entendu, les constructeurs bois restent libres d'imaginer des solutions techniques innovantes situées hors du périmètre de ces guides d'application, à condition d'obtenir une appréciation de laboratoire qui garantit leur conformité avec les exigences réglementaires, notamment de propagation au feu.