Étant donné le développement récent de l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) et le faible retour d'expérience disponible, la version actuelle du NF DTU 36.5 de 2010 comporte très peu d'indications relatives à ce procédé et s'en tient à des généralités. Or, les menuisiers interviennent de plus en plus sur des façades appelées à recevoir une ITE. Quelles dispositions doivent-ils prendre lors de la mise en oeuvre ? Afin de combler ce décalage, une commission de révision a été mise en place pour compléter le texte normatif en vigueur, en s'inspirant de deux documents disponibles : le Guide Rage 2012 Menuiseries extérieures et ITE neuf et rénovation, et le Cahier no 3709 du CSTB.
L'un des grands principes à respecter est que « la mise en oeuvre de l'ITE ne doit pas perturber le bon fonctionnement des fenêtres, en particulier leur drainage par le positionnement des bavettes ». Autrement dit, le retour d'isolant ne doit en aucun cas gêner l'évacuation de l'eau de pluie ni la diriger vers l'isolant de façade, ce qui est une source de sinistralité. La solution de larmiers métalliques, envisageable quand il n'y a pas d'ITE, est exclue en sa présence pour éviter la création de ponts thermiques. Dans ce contexte, la commission s'est inspirée du Guide Rage pour intégrer au NF DTU une nouvelle exigence : la protection du calfeutrement en partie haute par une membrane d'étanchéité. « Dans le cadre de la pose en applique extérieure, si de l'eau peut stagner sur le calfeutrement entre le bâti dormant et le gros oeuvre, alors ce calfeutrement doit être protégé par une membrane d'étanchéité », dispose le nouveau texte. Cette membrane doit, soit dépasser de 100 mm de chaque côté, soit descendre de 100 mm au minimum sur les tableaux. Le nouveau texte prend en compte quatre modalités d'intégration des menuiseries sur un gros oeuvre destiné ensuite à recevoir une ITE : en applique extérieure, en tunnel, en applique intérieure et, enfin, sur précadre.
Autre disposition nouvelle intégrée au NF DTU, en cas de bloc-baie (coffre de volet roulant) sur le dormant de la menuiserie, l'isolation thermique par l'extérieur ne devra en aucun cas appuyer sur le lambrequin du bloc-baie, qui gênerait la descente du tablier. Une disposition qui soulève la question de la gestion des interfaces entre les deux métiers. En effet, le lot menuiserie ne peut pas dicter au lot ITE ce qu'il doit mettre en oeuvre. Pour résoudre le problème, la commission de révision a décidé d'étoffer le cahier des clauses spéciales types (CCS) du NF DTU.
Le chapitre « Coordination » précisera les informations qui doivent être transmises au menuisier par le maître d'ouvrage et vice versa. Ainsi, en cas de pose en applique extérieure, le menuisier doit savoir quel retour d'isolant est prévu, pour pouvoir choisir des fenêtres avec un bâti dormant suffisamment large pour le recevoir. Autre exemple, le menuisier doit indiquer la présence éventuelle d'un lambrequin de coffre à volet roulant, pour que le maître d'ouvrage prévoie un dispositif évitant que l'isolant ne prenne appui dessus lors de la mise en oeuvre d'une ITE. Ce chapitre comportera une autre précision importante : « Le temps entre la pose de la membrane d'étanchéité à nu et le recouvrement de cette dernière par le lot ITE doit être inférieur à six mois. »
Du point de vue du menuisier, le nouveau NF DTU 36.5 apportera finalement peu de dispositions techniques nouvelles, mais constituera un grand pas en avant dans la gestion des interfaces avec le lot ITE et les échanges d'informations entre les deux acteurs via la maîtrise d'ouvrage, échanges qui restent la clé pour une bonne prévention de la sinistralité.