Les solutions des métalliers

Les ouvrages de métallerie que sont les balcons, coursives, escaliers de secours ou brise-soleil ne font pas à proprement parler partie de l'enveloppe des bâtiments. Ils influent pourtant sur leur performance thermique par la manière dont ils y sont rapportés - notamment dans le cas des bâtiments isolés par l'extérieur - en contribuant plus ou moins aux déperditions liées aux ponts thermiques. Pour diminuer celles-ci, conformément aux exigences de la RT 2012, les métalliers installateurs sont donc tenus de mettre en place des rupteurs thermiques. Il y a encore quelques mois, ils devaient soit mettre en œuvre des produits industriels sous Avis technique, soit développer leurs propres systèmes en justifiant leurs performances et leur conformité en termes de stabilité structurale et d'isolation acoustique.

NOUVELLES RESSOURCES DE MISE EN ŒUVRE

Depuis février 2016, les professionnels affiliés à l'Union des métalliers ont une alternative à cette démarche souvent longue et coûteuse. Ils peuvent s'appuyer, en guise de procès-verbal d'essais partagés, sur l'Étude sur des rupteurs thermiques pour les structures métalliques rapportées du Centre technique industriel de la construction métallique (CTICM)¹. Cette étude présente les résultats d'évaluation des performances thermiques et mécaniques de deux systèmes de rupteurs thermiques (par sabot porteur et par platine d'about) testés pour des structures métalliques rapportées sur ouvrage béton. Les simulations numériques effectuées sur les deux dispositifs montrent que, selon la configuration choisie, ils permettent de réduire de 20 à 65 % le pont thermique par rapport à un assemblage sans rupteur. De plus, 58 fiches-solutions sont proposées aux métalliers, qui n'ont plus que l'embarras du choix...

INITIATIVE PRIVÉE

L'entreprise alsacienne de serrurerie et de métallerie SIT-AB, établie à Diemeringen (Bas-Rhin), a pour sa part pris dès 2011 l'initiative de développer son propre système de rupteur thermique « ponctuel »². Le projet a donné lieu à la création d'une entité dédiée, IT-Fixing, qui s'est appuyée au départ sur le savoir-faire de SIT-AB en fabrication de consoles en acier ou en inox. « La recherche a porté sur le matériau, qui devait allier résistance mécanique et capacité isolante ; nous l'avons menée en partenariat avec le CRITT Matériaux³ et l'Insa⁴ de Strasbourg », indique Benoit Cheramy, ingénieur chez IT-Fixing.Le produit développé et aussitôt breveté se compose d'une entretoise (polyester chargé de fibres de verre), d'une tige filetée et d'un écrou (époxy chargé de fibres de verre), associés à une cheville dont le matériau diffère en fonction de celui du support. Par rapport à l'acier, ce produit permet de réduire jusqu'à 99 % le pont thermique. Il se distingue aussi par sa simplicité de mise en œuvre, qui était une exigence de départ, et permet d'importants gains de productivité. « Notre produit se met en place en une seule fois après carottage du complexe isolant, alors que les produits classiques doivent être installés en deux étapes, une partie avant l'exécution de l'isolation et l'autre après », précise Benoit Cheramy. Vendu et mis en œuvre dès 2013, le produit a bénéficié d'une Atex (Appréciation technique d'expérimentation) du CSTB en 2015. À la suite du premier système, destiné au liaisonnement d'éléments structurels, IT-Fixing a développé trois autres produits et enregistré d'importantes références, tel l'hôtel Novotel de la porte de Vanves, à Paris, dont il a fourni l'intégralité des fixations des brise-soleil.

« Aujourd'hui, conclut Benoit Cheramy, IT-Fixing commercialise en moyenne entre 20 000 et 50 000 pièces chaque année, et nous continuons à développer des produits répondant à de nouvelles applications. »