Bien concevoir une chaufferie bois

Énergie renouvelable adossée à une filière de production dynamique, le bois énergie ne séduit pas seulement les « éco-citoyens ». Les PME, collectivités locales et industriels s'y intéressent également pour son coût compétitif et son bilan carbone neutre.
11:0008/06/2017
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Bâtimétiers Numéro 47 | Juin 2017

Pour l'installateur, la conception d'une chaufferie bois ne présente aucune difficulté particulière, à condition d'adopter, en amont, une vision globale. En effet, des paramètres connexes s'avèrent essentiels : les filières locales d'approvisionnement, la livraison du combustible, son stockage, sans oublier de cadrer avec précision les modalités de l'entretien courant.

 

Face à un projet de chaufferie bois, le combustible est le premier élément à considérer. En découleront les choix technologiques (type de chaudière et puissance), mais aussi la conception et le dimensionnement de la zone de stockage. Il existe différents types de combustibles bois (écorces, sciures, plaquettes, broyats, copeaux et granulés) et le concepteur de la chaufferie doit être capable d'évaluer l'envergure et la nature des filières d'approvisionnement présentes sur le territoire. L'objectif étant de travailler en circuit court.

 

Afin de bien conseiller son client, le professionnel peut être amené à rédiger, une fois les équipements choisis, un « cahier des charges d'approvisionnement en combustible ». Celui-ci définit les caractéristiques du combustible adapté à l'installation, en fixant une zone de tolérance. Les principaux critères à considérer sont : l'essence de bois, la granulométrie (mesure de la taille des particules) et le taux d'humidité.

Les dimensions et la configuration du silo de stockage sont des choix essentiels. Les dimensions sont appréciées en fonction de la topographie du site, de l'autonomie voulue pour l'installation, ainsi que du mode de livraison. La configuration du silo (plain-pied, enterré, conteneur métallique) détermine le mode de livraison (par exemple par gravité ou soufflage). Le concepteur de la chaufferie cherchera à faciliter la livraison du combustible. Plus la durée de livraison est courte, plus les coûts sont optimisés.

 

Pour maximiser la durée de vie de l'installation, un contrat d'entretien ou de maintenance est nécessaire. Des obligations réglementaires d'entretien s'imposent. Pour les installations de puissance inférieure à 400 kW, l'entretien annuel est obligatoire. Pour les installations de plus de 400 kW, un contrôle de la performance énergétique, par un organisme accrédité, est obligatoire tous les deux ans.

 

La régulation intervient à trois niveaux :- régulation du taux de charge : pour un rendement satisfaisant, on recherchera un fonctionnement régulier, par un maintien constant de la température de départ (en limitant par exemple les démarrages/arrêts) ;- régulation de la combustion : la teneur en oxygène sur fumées humides doit être maintenue constante en ajustant le mélange air comburant/combustible ;- régulation du débit d'extraction des fumées : elle évite le retour des fumées dans la chaufferie en maintenant un tirage constant. La plupart des fabricants préconisent un ventilateur d'extraction à vitesse variable.

 

Le local chaufferie doit être construit en matériaux classés M0 du point de vue de la réaction au feu. Le degré de résistance au feu des murs et de la couverture dépend de la distance par rapport aux bâtiments alentour. À moins de 10 m, l'ouvrage devra être coupe-feu deux heures a minima. Au-delà de 10 m, aucun degré coupe-feu n'est imposé. S'il existe un accès à la chaufferie depuis l'intérieur d'un bâtiment, il doit comporter soit un sas fermé par deux portes pare-flammes de degré une demi-heure, soit une porte coupe-feu de degré une heure munie d'un ferme-porte.

 

Les cendres peuvent être issues de la combustion du bois (collectées sous foyer) ou de la filtration des fumées. Selon la taille de l'installation, ces cendres sont soit mélangées, soit valorisées séparément. Dans tous les cas, le décendrage automatique est fortement recommandé. Par ailleurs, la combustion du bois rejette des poussières nocives (NoX) qui doivent être filtrées. Pour les installations supérieures à 2 MW, la réglementation fixe les valeurs limites de rejet. Pour les puissances inférieures à 2 MW, il n'y a pas, pour l'instant, de cadrage réglementaire. Pour traiter les fumées de ces chaufferies, les trois solutions les plus utilisées sont : le filtre multi-cyclonique, le filtre à manche et l'électrofiltre.

Jean-Michel GALLE,président de Galle SASà Romagné (Ille-et-Vilaine)

« Veiller à l’équilibre financier global du projet »

Entreprise familiale de 25 personnes intervenant en plomberie, chauffage, ventilation,couverture et bardage métallique, Galle SAS vient d’achever trois chaufferies bois pourdes clients au x attentes très différentes. Retour d’expérience sur ces trois chantiers.

 

Entreprise familiale de 25 personnes intervenant en plomberie, chauffage, ventilation, couverture et bardage métallique, Galle SAS vient d'achever trois chaufferies bois pour des clients aux attentes très différentes. Retour d'expérience sur ces trois chantiers.« Concevoir une chaufferie bois n'est pas complexe mais il faut toujours veiller à l'équilibre financier global du projet. Ainsi, l'implantation des silos ne doit pas générer de coûts de terrassement et génie civil disproportionnés. Il faut aussi être conscient que, comparativement à d'autres systèmes de chauffage, les chaufferies bois nécessitent davantage de surveillance et de maintenance. Chez le client, une présence régulière et une capacité d'intervention de premier niveau sont indispensables, pour vider les cendres ou débloquer la vis sans fin, par exemple. Certes, il y a le contrat de maintenance et toujours la possibilité de faire appel au dépannage mais si on cherche à maîtriser ses coûts, l'implication du client est nécessaire. »

Textes de référence

Les deux principaux textes réglementaires sont les arrêtés du 23 juin 1978 et du 25 juin 1980, ce dernier portant sur les établissements recevant du public (ERP). Ces deux textes s'appliquent aux chaufferies d'une puissance supérieure à 70 kW.

Concernant le rejet des fumées, on se référera à l'arrêté du 26 août 2013 modifié.

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