Le menuisier a un devoir de conseil auprès de son client. Il doit notamment (selon la réglementation thermique rénovation) « prescrire une solution capable d'assurer un renouvellement d'air suffisant ». En cas de désordre, sa responsabilité est engagée. La présence dans la pièce d'un appareil à gaz non étanche (qui utilise l'air de la pièce comme comburant) lui impose par conséquent une vigilance accrue.
Avant tout remplacement de fenêtre dans une pièce équipée d'un tel appareil à gaz, le diagnostic du système de ventilation s'impose. Les cas de figure les plus fréquemment rencontrés sont :
- absence de tout dispositif de ventilation, celle-ci se faisant uniquement par les défauts d'étanchéité et en particulier au pourtour des baies ;
- ventilation pièce par pièce, sous forme de grilles d'aération en partie basse (soufflage) et haute (tirage) ;
- ventilation générale et permanente (VGP) à tirage naturel : toute la maison est « balayée » par un flux d'air qui entre par les pièces sèches et sort par les pièces humides, le tirage étant uniquement naturel ;
- ventilation générale et permanente à tirage mécanique (dont VMC simple flux). Le principe est le même que pour la VGP à tirage naturel, mais le tirage est ici mécanisé, éventuellement modulable selon la différence de pression entre l'intérieur et l'extérieur (VMC autoréglable) ou le taux d'humidité relative de l'air intérieur (VMC hygroréglable) ;
- ventilation mécanique double flux. L'introduction et l'extraction de l'air sont assurées mécaniquement. Il n'y a aucune entrée d'air sur l'enveloppe.
Dans quel cas faire appel à un professionnel de la ventilation?
En présence d'une ventilation générale et permanente (mécanique ou à tirage naturel), le menuisier peut prescrire menuiseries et entrées d'air. En revanche, s'il n'y a pas de système de ventilation ou si la ventilation s'effectue pièce par pièce, il doit prendre l'avis préalable d'un professionnel de la ventilation. Le client est parfois tenté de demander au menuisier de passer outre cette consultation préalable. Si celui-ci accepte, il engage sa responsabilité civile, voire pénale, même s'il est en possession d'une décharge signée par le client. Pour passer cette étape en toute sérénité, le menuisier doit être prêt à répondre aux questions de son client et à argumenter face aux idées reçues. Le bon compromis entre ventilation et performance thermique existe.
Pierre Durieux
Dirigeant de Durieux Fermetures à Saint-Romain-Lachalm (Haute-Loire)
« Lors des échanges avec les clients autour de la ventilation et des entrées d'air, certains ne comprennent pas. Ils viennent de choisir une fenêtre neuve, étanche, sans déperdition énergétique et, dans le même temps, on leur explique qu'on va installer une entrée d'air qui va laisser passer 20 ou 30 m3 d'air par heure. Nous devons expliquer les enjeux (sécurité de l'installation gaz, santé des habitants et pérennité du bâti) et parler plutôt d'une recherche d'équilibre entre qualité de l'air intérieur et performance thermique. On peut aussi présenter des solutions qualitatives, comme les entrées d'air acoustiques ou hygroréglables. Il est important de convaincre sinon le client bouchera les ventilations dès que nous aurons quitté le chantier. J'aimerais que nous soyons capables d'accompagner le client de A à Z, y compris sur le conseil en ventilation. Il faudrait pour cela que nous soyons habilités. La réflexion est en cours. »