Avec 102 600 immatriculations en Europe en 2016, 149 000 en 2017, soit +45 % en un an, la voiture électrique commence à trouver sa place sur les routes. En France, le contexte est particulièrement positif. Tout d'abord, le nombre d'immatriculations a pratiquement atteint les 31 000 en 2017, et tous les constructeurs automobiles annoncent des stratégies de développement à moyen terme - d'ici 2025 - basées sur la motorisation électrique ou hybride. Ainsi, l'autonomie minimale de 450 km théorique (soit 250 km sur autoroute) constitue pour tous une base de conception fondamentale pour le début des années 2020. Ensuite, le contexte réglementaire a franchi ces derniers mois de nombreux caps. Au volontarisme de la fin des années 2000 — comme l'annonce de 400 000 bornes de recharge à l'horizon 2020 — a succédé un environnement réglementaire complet. La directive européenne sur les carburants alternatifs du 28 octobre 2014 (2014/94/UE) pose les bases de la mobilité électrique. Dans ses articles 24 à 26, ce texte demande aux États membres de renforcer les infrastructures de recharge des véhicules, de prendre en compte l'évolution technologique (la recharge sans fil...) et il définit le lexique relatif aux points de recharge ou de ravitaillement. La directive désigne les types de bornes et les modes de recharge, fixant la recharge normale dans la tranche de puissance de 3,7 à 22 kW, et la recharge rapide, au-delà de 22 kW.
Une réglementation précise
Certains de ces éléments ont été repris dans le décret et l'arrêté du 13 juillet 2016 (n° 2016-968, paru au Journal officiel n° 164 du 16 juillet 2016), applicables depuis le 1er janvier 2017. Le décret fixe le taux de desserte des parkings existants ou neufs selon leur capacité et leur type (résidentiel, tertiaire, industriel, public ou centre commercial), et précise les installations électriques à implanter. L'arrêté paru le même jour indique les premières modalités de dimensionnement électrique du tableau général basse tension, fixe une puissance minimale unitaire (7,4 kW) et précise les réservations pour les passages de câbles. Le décret du 12 janvier 2017 (n° 2017-26, paru au Journal officiel du 13 janvier 2017) complète ce dispositif en transposant dans le droit français la directive européenne. Ce texte reprend le vocabulaire professionnel (infrastructure, station, borne, point de recharge) et fixe l'organisation du maillage de station par une géolocalisation. Son titre V couvre le domaine de l'installation et de la maintenance des infrastructures. À noter qu'il ne concerne pas les petites installations des habitations privées non accessibles au public d'une puissance inférieure à 3,7 kW. La construction d'un cadre réglementaire se poursuit avec le projet de loi Hulot sur les hydrocarbures, adopté par l'Assemblée nationale en lecture définitive en décembre dernier. La loi instaure une prime à la conversion pour l'abandon d'un véhicule à moteur thermique et l'acquisition d'un modèle électrique, ce qui devrait accélérer l'augmentation du parc au cours de l'année 2018.
Des solutions déjà évoluées
L'ensemble de la filière s'aligne pour proposer un réseau adapté et évolutif. Pour sa part, le distributeur Enedis a établi une formule de calcul simplifié pour aider les professionnels à dimensionner les infrastructures en tenant compte du foisonnement : la PIRVE, ou puissance des installations de recharge pour véhicules électriques, sachant que PIRVE = 0,4 x N x A x Pdc où 0,4 est la valeur minimale du coefficient de foisonnement naturel (Cfn) retenu ; N, le nombre de places de stationnement ; A, le taux de réservation minimal réglementaire IRVE ; et Pdc, la puissance unitaire au point de charge (par exemple 7,4 kVA monophasé en résidentiel). Pour sa part, l'article 22 du décret de janvier 2017 précise très clairement le cadre retenu pour les installateurs et les mainteneurs. Depuis le 14 janvier 2018, les IRVE doivent être posées par des entreprises qualifiées sur la base du module de formation agréé par Qualifelec — installations électriques, éclairage public, branchement et réseaux, solaire photovoltaïque — et portant la mention IRVE. Aux connaissances de base des installateurs, sont associées des références de chantiers. Qualifelec en demande deux datant de moins de 4 ans, et accompagnées des schémas unifilaires et des notes de calcul correspondants, en joignant également, au choix : les attestations de conformité visées par Consuel 1 ; les attestations de bonne exécution signées par le client ; les rapports de bureau de contrôle sans réserve.
Cette mention est valable 4 ans.
La réglementation et la qualification étant nouvelles, les entreprises peuvent se munir :
- d'une qualification avec mention probatoire IRVE : le détenteur a 2 ans pour fournir les pièces justificatives - formation, chantiers - et obtenir sa mention IRVE définitive ;
- d'une qualification probatoire avec mention probatoire IRVE : quatre qualifications sont éligibles lors de la demande de mention probatoire IRVE, et la qualification probatoire est valable 24 mois, et non renouvelable.
Se former à l'installation
Depuis 2017, des formations ont été conçues pour permettre aux entreprises de s'approprier les savoir-faire. Depuis mi-janvier 2018, toutes doivent être agréées par Qualifelec. Trois niveaux ont été retenus :
- La formation de base, d'une durée d'au moins une journée, porte essentiellement sur la présentation des équipements, la mise en service, le test et la recette de l'installation.
- Accessible aux certifiés du niveau 1 et durant au minimum deux jours, la formation Expert permet de maîtriser la conception d'un site sur la base du besoin du client, le choix des composants, le câblage d'alimentation et de communication, ainsi que le paramétrage des bornes.
- Le module Charge rapide de plus de 22 kW, de deux jours minimum, vise les électriciens passés par le niveau Expert et qui se destinent aux chantiers de stations-service sur la voie publique, en milieu tertiaire, industriel, ou sur les réseaux.
Le programme permet de répondre au besoin du client, de concevoir l'installation et de maîtriser tous les aspects du chantier. Il comprend une étude de cas. Fin 2017, Qualifelec affichait sur son site internet six entreprises agréées pour dispenser ces formations : Blue2BGreen, le LCIE, les centres de formation de Legrand, Hager, Nexans et Schneider Electric. Il est ouvert à d'autres propositions.
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Comité national pour la sécurité des usagers de l’électricité.