Installations électriques en Single Pair Ethernet : dans les pas du Power over Ethernet

Interview de Philippe Ceschia, membre du conseil d’administration et du pôle technique et technologique de la FFIE-FFB
20:0001/06/2021
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Bâtimétiers Numéro 63 | Juin 2021

On entend de plus en plus parler du PoE. Qu’en est-il, ainsi que du Single Pair Ethernet ?

Philippe Ceschia : Nos clients s’intéressent de plus en plus au PoE [Power over Ethernet], qui permet la distribution simultanée de puissance et de données sur un même réseau de communication. Les raisons de cet intérêt sont évidentes : optimisation du câblage, simplification des tableaux électriques, bâtiment immédiatement porté à l’ère du numérique, pilotage étendu des usages, gestion technique du bâtiment [GTB] réalisable plus aisément en vue des impositions réglementaires de 2025, etc. Les professionnels s’approprient le PoE dans des horizons dépassant largement les domaines traditionnels (vidéoprotection, etc.) pour couvrir de nombreux usages du bâtiment : éclairage, capteurs, GTB, régulation thermique… On retrouve aussi le PoE dans la désinfection des locaux par des installations d’éclairage UV-C, sujet en vogue en ce moment dans la lutte contre la Covid-19. Le Single Pair Ethernet [SPE] est un des bras armés du PoE. Il permet une distribution de puissance et de données, non plus sur un câble 4 paires comme pour le PoE, mais sur une seule paire de câbles Ethernet entre la source et l’équipement à alimenter. Des chaînages sont également possibles. Pour ces installations alimentées en SPE, on parle de Power over Data Line [PoDL], soit « puissance sur circuit de données ». Et les puissances pouvant circuler sur une seule paire de câbles de communication ne cessent de croître. La portée du signal et les capacités de transmission distinguent le SPE des installations dites « traditionnelles ». En bref, de belles perspectives pour cette technologie.

Quelles applications en SPE pour le bâtiment ?

P. C. : Jusqu’alors réservé à des applications industrielles, le SPE intéresse le bâtiment pour l’alimentation et le pilotage de circuit terminaux, tels les luminaires ou les capteurs ne nécessitant pas d’être raccordés à un câble 4 paires. On ne réalisera pas pour autant une infrastructure complète de bâtiment en SPE. Ce dernier est dédié aux seules applications terminales. Il n’est pas envisageable à ce jour de réaliser des installations natives en SPE. L’infrastructure réseau doit continuer à être conçue selon la norme XP C 90-483, la référence pour les réseaux de communication domestiques, ou la NF EN 50-174 pour les autres types de bâtiments, avec les conditions propres au PoE (câbles catégorie 6a minimum, par exemple).

Quel est le cadre normatif pour le SPE ?

P. C. : On veillera à déployer un câble 1 paire conforme à la norme IEC 61156-11 entre la source et l’équipement, les connecteurs utilisés devant être conformes à la norme NF EN IEC 63171-6. Selon l’environnement, le degré de protection sera choisi entre IP20 et IP67. Enfin, chaque câble sera de jauge AWG26, sans halogène et d’Euroclasse Cca-s1-d1-a1. Pour le reste, le cadre normatif s’étoffe peu à peu avec des travaux sur la norme IEC 61556- 13, auxquels nous restons attentifs.


SPE, nouvelle norme de la communication intelligente de réseau

Le SPE permet la communication IP continue et l’alimentation, même dans les utilisations industrielles complexes ou dans les solutions d’Internet des objets (IoT). Le système de connecteur normalisé SPE autorise presque toutes les possibilités de câblage efficace et compact des installations.

Le câblage de type SPE permet des distances de transmission jusqu’à 1 000 m avec des débits de 10 Mbit/s à 1 Gbit/s. Ainsi, le SPE est adapté aux domaines de la construction des machines ou des installations, et à l’infrastructure des bâtiments.

Autre avantage : l’environnement du SPE est neutre. Cela facilite l’intégration des appareillages de terrain, capteurs et actionneurs dans l’environnement Ethernet en place dans l’entreprise, sans passerelles ni interfaces supplémentaires. Contrairement aux protocoles de bus de terrain, l’Ethernet pénètre dans tous les niveaux d’automatisation.

Il est plus continu, plus efficace et plus économique que les systèmes de bus de terrain.

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