Les règles de l'art de la salle de bains

La mise en œuvre des appareils sanitaires en salle de bains est source de nombreux questionnements auprès de notre Union. Normes, réglementation, bonnes pratiques ? Il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver dans la masse des référentiels. Nous vous présentons ici, sous forme de foire aux questions, les principales dispositions applicables en salle de bains selon les exigences réglementaires et les règles de l’art.
10:0121/06/2022
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Les DTU 60.1 et 60.11 encadrent la réalisation, la conception et le dimensionnement des installations de plomberie sanitaire. La mise en œuvre des appareils sanitaire est désormais visée avec notamment les règles de supportage, d’encastrement et de mise en place des joints d’étanchéité. D’autres référentiels visent les mises en place des protections à l’eau des parois et du sol en salle de bains.

La réglementation relative à l’accessibilité des bâtiments impose aux bâtiments neufs d’habitation l’existence de logements comportant une salle d’eau accessible possédant a minima une douche et son espace d’usage sans ressaut, ainsi qu’un espace de manœuvre permettant l’accès en fauteuil roulant ou à une personne munie de cannes.

Concernant la sécurité d’utilisation, le respect d’une température maximale d’eau chaude sanitaire de 50°C ainsi que la prise en compte des volumes de protection électrique dans les salles de bains sont également des exigences réglementaires. Dans ce dernier cas, l’application de la NF C15-100 permet de respecter la réglementation.

Quels sont les points de vigilance pour la pose des receveurs de douche et des baignoires ?

Depuis décembre 2012, le NF DTU 60.1 « Plomberie sanitaire pour bâtiments », précise dans sa partie 3 du cahier des clauses technique les dispositions relatives à la mise en œuvre des appareils et à leurs raccordement (alimentation et évacuation).

Concernant les receveurs de douches, en céramique ou en acrylique, il convient de ménager un espace libre d’au moins 5 mm entre le bord du receveur et la paroi afin d’assurer les mouvements relatifs. Un mastic sanitaire d’étanchéité est mis en œuvre à la liaison et est complété par le mastic sanitaire de finition réalisé sans interruption.

Par ailleurs, dans le cas de receveurs en acrylique, l’appareil doit être supporté en périphérie sur tous les côtés (voir figure 1).

Pour les bords côté paroi verticale, on peut utiliser des profilés imputrescibles fixés à la paroi en intercalant un joint d’appui en mousse entre le support et le receveur. Pour les bords libres, on peut utiliser des éléments de maçonnerie hydrofuge (carreau de plâtre hydrofuge, béton cellulaire…).

Pour les baignoires en acrylique, des dispositions similaires ont été intégrées pour le supportage périphérique et les mouvements relatifs.

Les spécificités liées à la pose des baignoires avec systèmes de brassage d’eau sont également traitées dans le NF DTU 60.1. En particulier, il est prévu un essai de fonctionnement avant la mise en place de l’habillage, la mise en place de trappes de visites pour l’accès à la robinetterie, au vidage et pour toute intervention ou dépose des équipements intégrés : pompe, turbine, coffret électrique. Enfin, il est demandé que l’habillage puisse permettre une circulation d’air aux niveaux des équipements électriques.

Quelles sont les conditions de pose des bâti-supports ?

Les bâti-supports sont destinés à recevoir un appareil sanitaire suspendu. Ils peuvent être de type autoportant ou adossé à une paroi, à l’exception des parois en plaques de plâtre ou en carreaux de plâtre alvéolaires.

La qualité de l’habillage ne doit pas permettre le poinçonnement par l’appareil. L’utilisation d’une plaque type BA13 hydrofuge carrelée ou d’un panneau médium de 16 mm répond à cette exigence. De plus, les raccords d’alimentation ou d’évacuation de l’appareil supporté doivent être accessibles lorsqu’ils sont démontables. Il est en général prévu une trappe d’accès pour l’entretien et le réglage des organes de commandes (robinets de chasse d’eau par exemple).

Les différentes possibilités (ou impossibilités) de fixation des appareils suspendus, lavabos, bidets et cuvettes, en fonction de la nature des supports et du mode de fixation (par cheville ou avec utilisation d’un bâti-support) sont précisées dans le tableau ci-dessous.

Quelles sont les règles de conception des salles d’eau accessibles ?

Une salle d’eau accessible contient au minimum un espace douche et son espace d’usage, ainsi qu’un espace de manœuvre.

Publié au Journal Officiel le 17 septembre, l’arrêté du 11 septembre 2020, modifiant l'arrêté du 24 décembre 2015 relatif à l'accessibilité aux personnes handicapées des bâtiments d'habitation collectifs et des maisons individuelles lors de leur construction, rend obligatoire la mise en œuvre d’une douche sans ressaut dans les salles d’eau situées au niveau d'accès du logement pour les logements en rez-de-chaussée ou en étages desservis par ascenseur. Cette obligation a été échelonnée dans le temps.

L’obligation de mise en œuvre d’une douche à ressaut nul concerne les maisons individuelles, à l'exception de celles construites pour le propre usage de leur propriétaire, ainsi que les logements situés en rez-de-chaussée de bâtiments d'habitation collectifs pour les demandes de permis de construire déposées depuis le 1er janvier 2021, puis pour les salles d’eau situées au niveau d'accès du logement pour tous les logements desservis par un ascenseur pour les demandes de permis de construire déposées depuis le 1er juillet 2021.

Gestion de l’espace de manœuvre

Conformément à l’arrêté du 24 décembre 2015 modifié, un espace de manœuvre permettant la manœuvre d’un fauteuil roulant mais aussi d'une personne avec une ou deux cannes doit être aménagé dans la salle d’eau. Le diamètre de cet espace est de 1,50 mètre.

Un chevauchement partiel d'au maximum 25 cm est possible entre l'espace permettant à un utilisateur de fauteuil roulant de faire demi-tour et l'espace de débattement de la porte. Un chevauchement de l'espace de manœuvre avec possibilité de demi-tour d'une largeur de 15 cm est autorisé sous la vasque du lave-mains ou du lavabo ou sous un évier. Un seul chevauchement peut être effectué sur un espace de manœuvre avec possibilité de demi-tour (voir figure 2).

Depuis l’arrêté du 11 septembre 2020, lorsque la zone de douche accessible est aménagée dès la livraison du logement, l'espace de manœuvre avec possibilité de demi-tour peut se superposer à cette zone de douche. Cela implique un gain de l’espace de manœuvre central et une possibilité d’optimiser la surface de la salle d’eau.

D'après l'annexe 2 de l'arrêté de décembre 2015, l'espace de manœuvre avec possibilité de demi-tour doit être plat et sans obstacle. Dans le cas spécifique où une douche sans ressaut est installée dès la construction, alors elle est considérée comme faisant partie du cheminement. Le projet peut donc prévoir que l'espace de manœuvre avec possibilité de demi-tour se superpose à l'espace de douche. Dans le cas où la salle d'eau est équipée à la construction d'une baignoire, d'une douche avec ressaut ou aucune des 2, l'aménagement ultérieur d'une douche sans ressaut doit être prévu dès la construction (positionnement des organes d'évacuation des eaux, traitements acoustiques et décaissé dans la dalle), cet espace de manœuvre avec possibilité de demi-tour peut alors empiéter sur l'espace de douche sans pour autant empiéter sur les équipements installés à la construction (baignoire ou douche) (voir figure 3).

Dans le cas contraire, c'est-à-dire si l'installation ultérieure d'une douche sans ressaut n'est pas prévue dès la construction, alors cet espace doit être positionné en dehors de l'espace dévolu à la douche.

Gestion de la zone de douche

Les salles d’eau concernées par l’obligation doivent être équipées d'une zone de douche accessible dont l'accès se fait sans ressaut ou d'une baignoire.

En cas d'installation d'une baignoire, l'aménagement ultérieur de cette zone de douche est nécessaire sans interventions sur le gros œuvre.

Afin de répondre aux exigences, une zone de douche accessible correspond à un volume d'une surface rectangulaire de dimensions minimales 0,90 m × 1,20 m et d'une hauteur minimale de 1,80 m. Cette zone est accessible sans ressaut par un espace d'usage parallèle, situé au droit de son côté le plus grand.

Lorsque la zone de douche accessible n'est pas installée dès l'origine, son aménagement ultérieur est possible sans modification du volume de la salle d'eau à l'exception de l'éventuelle réintégration des cabinets d'aisance.

Quelle est la différence entre SPEC, SÉL et SÉPI ?

En fonction de l'intensité et de la fréquence de la présence d'eau, de la nature et de la géométrie des supports, deux options existent pour se prémunir des effets de l'exposition à l'eau des parois et du sol.

Les Systèmes de Protection à l'Eau sous Carrelage (SPEC) sont constitués par l'application de produits liquides formant une membrane par séchage ou encore de nattes ou films. Un SPEC n'a pas vocation à assurer l'étanchéité d'un ouvrage.

On distingue deux types de SPEC : les SPEC résines composés de résines prêtes à l’emploi (Cahier des prescriptions techniques du CSTB n° 3756_V4 de février 2022) et les SPEC nattes se présentant en lés (Cahier des prescriptions techniques du CSTB n° 3788 d’août 2017). Les avis techniques des SPEC résines sont annulés depuis le 1er janvier 2020, du fait du caractère traditionnel de leur utilisation. Depuis 2017, la certification QB 11-05 pour les SPEC résines a été créée. En 2020, il a été décidé d’intégrer la mise en œuvre des SPEC résines dans le NF DTU 52.2 « Pose collée des revêtements céramiques et assimilés - Pierres naturelles ».

Dans l’attente de la publication du NF DTU 52.2 révisé, les assureurs prennent en compte le CPT n° 3756_V4 et les certificats QB 11-05 pour assurer la mise en œuvre des SPEC résines comme une technique courante. Les SPEC nattes restent sous Avis techniques délivrés par le CSTB.

Contrairement au SPEC, les SÉL et les SÉPI sont destinés à assurer l'étanchéité d'un ouvrage. Les Systèmes d'Étanchéité Liquide (SÉL) sont constitués par l'application de produits liquides ou pâteux formant par séchage ou polymérisation un revêtement d’étanchéité. Les Systèmes d'Étanchéité de Planchers Intermédiaires (SÉPI) sont constitués par des nattes manufacturées en matériaux de synthèse. Usuellement, les SPEC sont utilisés en protection de supports verticaux, les SÉL et les SÉPI en étanchéité horizontale au sol.

Seuls les SÉL et les SÉPI permettent d’assurer une étanchéité au niveau du sol. La mise en œuvre des SÉL relève des « Règles Professionnelles concernant les travaux d’étanchéité à l’eau réalisés par application de Systèmes d’Étanchéité Liquide sur planchers intermédiaires et parois verticales de locaux intérieurs humides » de mars 2010.

Quelles sont les règles de sécurité électriques pour les locaux contenant une baignoire ou une douche ?

L’humidité au sein d’un local est préjudiciable aux appareillages électriques et augmente fortement le risque d’électrisation du fait de la réduction de la résistance électrique du corps humain lorsque celui-ci est mouillé ou immergé.

Le Titre 7 « Règles pour les installations et emplacements spéciaux » de la norme NF C 15-100 « Installations électriques à basse tension » précise les exigences relatives à la sécurité électrique des locaux contenant une baignoire ou une douche. Pour rappel, les règles de la NF C 15-100 sont basées sur les deux principes suivants :

  • risques liés au matériel électrique situé à proximité de la baignoire ou de la douche ;
  • égalisation des potentiels de tous les éléments conducteurs et masses simultanément accessibles.

La norme NF C 15-100 prévoit des volumes de sécurité à respecter dans la salle de bains. Les appareillages électriques peuvent alors être caractérisés et positionnés. Les différents volumes sont définis en fonction :

  • d’un point de référence qui dépend des caractéristiques de la douche (position du flexible ou de la douchette par exemple) ;
  • des éléments délimitant la zone de douche (présence d’un receveur ou non par exemple) ;
  • des parois de la douche (fixes et pérennes ou non).

Les définitions des volumes de protection ont évolué avec l’amendement A5 de juin 2015 qui a notamment simplifié les règles de mise en œuvre des installations électriques dans les locaux contenant une baignoire ou une douche.

Ainsi les chauffe-eau instantanés peuvent être installés dans les volumes 1 et 2 lorsqu’ils sont protégés électriquement et alimenté directement sans boite de connexion.

En revanche, les chaudières et les chauffe-eau à accumulation doivent être installés hors volume. Il est cependant admis pour un chauffe-eau à accumulation qu’il soit installé en volume 1 ou 2 si les dimensions de la pièce ne permettent pas de faire autrement et sous réserve de la mise en place des protections électriques conforme à la NF C15-100 (voir figure 4).

 

Quelle est la température maximale de l’eau chaude sanitaire pour les pièces destinées à la toilette ?

La température de l’eau chaude est définie par l’arrêté du 30 novembre 2005 modifiant l’arrêté du 23 juin 1978 relatif aux installations fixes destinées au chauffage et à l’alimentation en eau chaude sanitaire des bâtiments d’habitation, des locaux de travail ou des locaux recevant du public.

Dans les réseaux d’eau chaude sanitaire, afin de limiter le risque de brûlure, la température maximale de l’eau chaude sanitaire est fixée à 50°C aux points de puisage dans les pièces destinées à la toilette. Or, dans les boucles d’eau chaude sanitaire, l’eau doit circuler à une température supérieure à 50°C. Ces dispositions nécessitent l’emploi de systèmes de limitation de température. La mise en œuvre de robinetteries thermostatiques permet de répondre aux exigences notamment au niveau des douches et des baignoires.

En complément, d’un point de vue réglementaire, la température de l’eau froide doit-être inférieure à 25°C (référence de qualité mentionnée dans l’arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites et aux références de la qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine).

Quelle est la pression de distribution minimale et maximale au point de soutirage ?

Au-delà d’une pression statique de 4 bar au point de soutirage, il convient de mettre en place un réducteur de pression. Un réducteur de pression permet de réduire la pression de l’eau distribuée et de maintenir le débit à une valeur réglée et constante avec ou en l’absence d’écoulement.

En revanche, si la pression du réseau est insuffisante, il convient d’installer une pompe ou un surpresseur dont le rôle est d’augmenter la pression en entrée du bâtiment ou à l’arrivée générale d’eau. Réglementairement, le code de la santé publique (Article R1321-58) impose une pression minimale de 0,3 bar au point le plus défavorisé de l’installation. Le NF DTU 60.11 « Règles de calcul des installations de plomberie sanitaire et d'eaux pluviales » définit quant à lui une pression minimale de 1 bar à l’entrée des appartements.

Mais certains équipements tels que les baignoires à brassage d’eau nécessitent des pressions de fonctionnement supérieures. L’installation d’un chauffe-eau gaz instantané nécessite une pression minimale de 2 bar.

Il convient de vérifier auprès du gestionnaire de réseau, la pression minimale de service délivrée au compteur.

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