Le 12 septembre 2017, à l'occasion du congrès international Woodrise de Bordeaux, ont été annoncés les premiers lauréats du concours lancé en début d'année par le Puca(1) et ADIVbois(2). Treize groupements ont été sélectionnés par des jurys nationaux ou locaux pour construire un ou plusieurs immeubles à structure bois ou mixte bois-béton de moyenne et grande hauteur dans plusieurs grandes villes de France (Paris, Toulouse, Dijon...). Plus hauts encore, deux projets de tours - Sylva et Hyperion, de 50 et 57 m - ont été lancés à Bordeaux, indépendamment de ce concours. De tels projets envoient un signal fort à l'ensemble de la communauté de la construction : la filière bois joue désormais dans la cour des grands, celle des matériaux dits traditionnels, le béton et l'acier.
« Tous ces projets de grande ampleur démystifient l'image de l'immeuble en bois, analyse Sylvain Larrouy, directeur de Pyrénées Charpentes et président de Maître Cube, société lauréate du concours ADIVbois. Ils devraient convaincre les maîtres d'ouvrage qui en doutaient encore que la filière bois est mature, et favoriser le développement de notre cœur de marché. » À savoir les petits immeubles collectifs de logements, « typiquement des R+3 en périphérie urbaine », poursuit Sylvain Larrouy.
Cet effet de banalisation est justement ce que recherchent les acteurs de la filière bois. Car aujourd'hui, les feux sont au vert à tous les niveaux. Les derniers freins réglementaires, qui empêchaient la construction, ont été levés il y a plusieurs années. Techniquement, les systèmes constructifs sont robustes, durables et ouverts à la mixité avec d'autres matériaux. Ils se distinguent par leur simplicité, avec des structures poteaux-poutres, en lamellé-collé ou en CLT (bois lamellé-croisé), qui ont fait la preuve de leur pertinence. En termes d'acceptabilité, grâce à la préfabrication, la construction bois peut aussi jouer la carte de la furtivité : adaptée aux sites exigus, elle permet la mise en œuvre de chantiers rapides, propres et peu bruyants. Munie de tous ces atouts, « la réponse bois peut désormais être aussi compétitive que le béton ou l'acier, avec un impact positif sur l'environnement dans le cadre d'une stratégie bas carbone », argumente Sylvain Larrouy. Mais aujourd'hui, les parts de marché de la construction bois sont encore faibles : elles approchent 3 % dans le tertiaire, 4 % dans le logement collectif et 10 % dans la maison individuelle. C'est pourquoi les acteurs de la filière estiment qu'un doublement de leurs parts serait un objectif raisonnable à moyen terme. Parvenir à un tel objectif passe tout d'abord par une diffusion des référentiels et par l'accompagnement des maîtres d'ouvrage, des maîtres d'œuvre et des contrôleurs techniques. C'est d'ailleurs l'une des ambitions majeures du 3e Plan Bois que lance le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Mais pour parvenir à augmenter significativement leurs parts de marché, les quelque 2 000 entreprises de la filière se mobilisent aussi. Le plus souvent limitées jusqu'ici à la réalisation du lot charpente, certaines d'entre elles s'organisent pour acquérir les compétences de gestion d'un chantier complet. C'est justement le cas de Maître Cube, dont les huit actionnaires sont tous des PME de charpente bois. « Individuellement, nous n'avions pas la capacité financière de répondre à des projets au-delà de 4 ou 5 millions d'euros, détaille Sylvain Larrouy. Ensemble, nous y arrivons et nous répondons aux appels d'offres en tant qu'entreprise générale à partir du moment où les structures sont en bois. » L'initative a été couronnée de succès : Maître Cube est lauréate de trois des projets du concours ADIVbois. Un exemple à méditer et à suivre !
1
Plan urbanisme construction architecture.
2
Association pour le développement des Immeubles à Vivre Bois.
Sylvain LARROUY
Directeur de Pyrénées Charpentes et président de Maître Cube.
« Techniquement, les systèmes constructifs sont robustes, durables et ouverts à la mixité avec d’autres matériaux. »
