À l'issue d'un chantier de près de dix années, patiemment investies pour parvenir à un nécessaire consensus de toutes les parties, la version révisée du NF DTU 31.1 « Charpente en bois » a été publiée le 30 juin 2017. Premier point important, cette révision a permis de clairement délimiter son domaine d'application, à savoir les structures bois de type poteaux-poutres, les solivages, le pan de bois, le colombage et le beffroi. À ce titre, la distinction est clairement établie avec le NF DTU 31.2 « Ossature bois », qui s'applique précisément aux structures composées de montants à espaces réguliers, séparés par 60 cm de vide au maximum et contreventés par un panneau. La frontière est tout aussi claire avec, d'une part, le NF DTU 51.4 « Platelage bois », qui ne s'applique qu'aux lames du platelage et aux lambourdes (la structure éventuelle sous le platelage est bien couverte par le NF DTU 31.1 si cette dernière est en bois), et d'autre part, avec le NF DTU 36.3, exclusivement consacré à l'escalier en bois, qui est désormais traité séparément.
La révision effectuée est une actualisation portant à la fois sur la forme — il s'agit d'un NF DTU composé de trois parties : Cahier des clauses techniques types (CCT), Critères généraux de choix des matériaux (CGM), Cahier des clauses administratives spéciales types (CCS) — et sur le fond. La version révisée fait référence à l'ensemble des nouvelles normes européennes produits. Elle intègre également une nouvelle norme française pour les charpentes taillées, en laissant au charpentier la double possibilité de fabriquer lui-même sa charpente conformément à la norme — dans le cadre d'un contrat de louage d'ouvrage — ou de mettre en œuvre une charpente fabriquée par un tiers, à condition qu'elle soit conforme à la norme française.
En phase avec les modes de fabrication actuels
Autre nouveauté importante, le NF DTU 31.1 révisé fait désormais référence à l'Eurocode 5, la norme de calcul qui est communément appliquée pour les structures en bois et requise dans l'exécution des marchés publics. D'autre part, le texte intègre des tolérances de dimensionnement plus précises par rapport à l'ancienne version. « Ces deux évolutions correspondent à une adaptation aux nouveaux modes de conception et de fabrication adoptés par les charpentiers bois depuis une décennie, commente Régis Maddalon, co-gérant de Maddalon Frères, une entreprise qui emploie une cinquantaine de salariés à Vandières (Meurthe-et-Moselle). La majorité des charpentes sont aujourd'hui calculées à l'Eurocode 5, puis dessinées et exécutées en utilisant des logiciels en 3D connectés à des robots de coupe à commande numérique, ce qui permet d'atteindre une précision au millimètre. » Cependant, la commission de révision a tenu à maintenir la référence aux règles CB71. Pour les charpentiers qui le souhaitent, il est donc toujours possible de les utiliser pour les marchés privés, dans les zones exemptes d'impositions sismiques - puisque la réglementation sismique impose l'application de l'Eurocode 8 et par voie de conséquence de l'Eurocode 5 - et à condition qu'il soit fait référence aux règles CB71 dans les pièces de marché.
Recommandations et procédures de contrôle
Le NF DTU révisé fait référence aux nouveaux matériaux bois apparus ces dernières années sur le marché : aux côtés du bois massif et du lamellé-collé, figurent le BMA (bois massif abouté), le BMR (bois massif reconstitué) et autre LVL (lamibois), avec un renvoi aux normes européennes correspondantes.
Par ailleurs, le nouveau texte tient compte des principes contenus dans le FD P20 651, le texte de référence sur la durabilité des éléments et ouvrages en bois, qui recommande notamment de traiter la question de l'écoulement de l'eau. Dans cette optique, le texte mentionne les qualités de bois recommandées pour les charpentes extérieures et propose des « conceptions drainantes », dont le but est d'éviter les « pièges à eau » qui sont source de sinistralité. « Les charpentes extérieures, de plus en plus fréquentes — pergolas, extensions bois — ont exigé des solutions spécifiques pour l'écoulement de l'eau, comme des inclinaisons minimales de 15° pour les toitures. Ces solutions ont été intégrées au nouveau NF DTU », commente Régis Maddalon.
Par la même occasion, la règle jusqu'à présent orale qui consistait à prévoir un espace de 15 cm entre la base des éléments en bois et le sol, pour prévenir les remontées d'humidité, a été inscrite noir sur blanc.
Le nouveau texte prévoit enfin un ensemble de contrôles à effectuer, au-delà du simple marquage CE, sur les approvisionnements : des contrôles utiles à la production du dossier d'exécution, à commencer par les tolérances dimensionnelles de la charpente — identiques à celles de la norme produit. Un chapitre important est consacré aux taux admissibles d'humidité du matériau, variables selon la classe de destination : 12 à 15 % maximum pour les structures intérieures en milieu sec, 18 % pour les charpentes abritées soumises à variations hygrométriques (la majorité des charpentes de combles) et en revanche 25 % minimum si le bois est en extérieur. Précision importante, une annexe normative prévoit des taux d'humidité admissibles plus élevés pour les bois de grosses sections (très difficiles à sécher) qui sont utilisés notamment dans la restauration des monuments historiques, afin de les intégrer au domaine d'application du NF DTU. L'annexe définit les règles de dimensionnement qui intègrent le retrait de ces bois et la fissuration qui peut en résulter.
Enfin, la partie Critères de choix des matériaux contient une nouvelle annexe informative intitulée « Conseils pour la commande des bois de structure », pour aider l'entreprise à ne rien oublier lors de la formulation de sa commande — essence de bois, classe mécanique, humidité moyenne... — et lors de sa réception. Son application permet de s'assurer que les bois utilisés présentent les caractéristiques définies dans l'étude technique et sont conformes aux prescriptions du NF DTU.
Comme il en est déjà question dans son avant-propos particulier, le texte sera complété ultérieurement par une norme portant sur les « ouvrages complémentaires d'interfaces localisées », qui définira les tolérances à respecter, voire les ouvrages à réaliser - chape de ragréage, massif maçonné - pour assurer l'interface entre la charpente bois et son support en respectant l'ensemble des exigences constructives.