La norme NF EN 1090-2 porte sur l'exécution des structures en acier. Elle est de plus en plus incontournable pour les entreprises de charpente métallique et les métalliers qui mettent en œuvre des éléments de structure métallique. En effet, il peut y avoir un vrai intérêt stratégique à maîtriser la norme, car les donneurs d'ordre peuvent imposer son application dans leurs pièces de marché. Mais pour les entreprises, elle implique une réorganisation de l'ensemble de l'activité, depuis les commandes de matières, la préparation du chantier et la fabrication en atelier jusqu'à l'assemblage de l'ouvrage sur site. Cette norme européenne d'exécution, bâtie en complément de l'Eurocode 3 de calcul des structures en acier, introduit quatre classes d'exécution — de EXC1 à EXC4 — qui instaurent des exigences croissantes répondant aux contraintes d'exploitation des bâtiments. « Pour nous mettre en conformité avec la norme NF EN 1090-2, nous avons dû redéfinir et compléter l'ensemble de nos procédures, en instaurant par exemple une traçabilité de nos commandes fournisseurs et achats de matières, et en obtenant des certificats complémentaires pour notre poste soudure, confirme Benoît Reine, directeur général de Normacadre, constructeur métallique qui emploie 50 salariés à Neuville-aux-Bois (Loiret). Nous pouvons désormais répondre aux marchés correspondant à la classe EXC3, et nous visons pour bientôt la classe EXC4. »
Des adaptations importantes pour l'entreprise
À l'issue d'un processus de plusieurs mois, l'application de la norme implique que toutes les opérations réalisées dans l'entreprise soient tracées, mesurables et quantifiables pour pouvoir établir que la norme est bien respectée. Au sein de Blanchet SA (charpente métallique, métallerie, menuiserie alu/acier), implantée à Montbrison (Loire), l'intégration de la norme est en cours. « Les adaptations les plus importantes concernent le poste soudage, avec la mise en place de nouvelles procédures, la qualification de nos soudeurs et la désignation d'un coordinateur soudage, explique Rodrigue Nzaka, en charge du dossier dans l'entreprise. Nous avons aussi qualifié nos modes opératoires de coupage et perçage. Notre objectif est de maîtriser les classes d'exécution EXC1 et EXC2, et de passer à la classe EXC3 dans un deuxième temps. » Pour bien utiliser la norme, il est essentiel pour l'entreprise de savoir dans quelle classe d'exécution elle doit travailler, en le demandant au besoin au maître d'ouvrage 1. Attention cependant, cette norme ne s'applique pas pour un ouvrage non porteur — garde-corps, garage à vélos… Pour accompagner les entreprises dans la mise en œuvre de cette norme, la FFB Métallerie, le CTICM et la Capeb ont réalisé trois guides correspondant à la classe d'exécution EXC1 2, complétés de retours d'expériences et de recommandations. Le premier traite de tous les documents justificatifs exigés par la norme — par exemple pour les commandes et certificats matières — préalablement à la fabrication. Le deuxième aborde la fabrication en atelier, les tolérances de débit et de perçage jusqu'aux modes opératoires de soudage (Descriptif de mode opératoire de soudage ou DMOS ; Qualification de mode opératoire de soudage ou QMOS), les procédures de contrôle et les préparations de surface. Enfin, le troisième guide traite des exigences appliquées au chantier, de l'organisation aux tolérances de serrage et d'assemblage. Sans les décrire en détail, les guides indiquent aussi les prescriptions additionnelles qui permettent de respecter les exigences de la classe EXC2.
1
On pourra se référer utilement au guide Recommandations au choix de la classe d'exécution, consultable sur www.metal-pro.org ou www.cticm.com.
2
Ces trois guides sont consultables sur www.metal-pro.org, espace adhérents.