« Pour monter, prendrez-vous les escaliers, la plateforme de transport ou l'ascenseur de chantier?? » Pour accéder aux étages d'un ouvrage en construction, personnels de chantier et matériaux peuvent emprunter différents moyens d'élévation verticale. À chaque chantier correspondent des besoins et des contraintes de site qui peuvent être résolus par une solution adaptée. Parmi les nombreux types de matériels de levage motorisés, figure l'ascenseur de chantier. Ce système est constitué d'une « grande cabine guidée par un ou deux mâts capables de transporter rapidement (jusqu'à 150 m par minute) jusqu'à 3,5 t de matériaux1 ou une trentaine de personnes en un trajet », décrit synthétiquement Brice Cordin, PDG de Alimak Hek France, entreprise spécialisée dans la commercialisation de systèmes d'accès et d'élévation.
Dimensionné pour les transports de colis volumineux, comme les palettes de plaques de plâtre ou les blocs de façades, un ascenseur de chantier simplifie les flux logistiques, particulièrement durant les phases de second œuvre. Sa rapidité et sa forte capacité de charge génère d'importants gains de productivité et de temps sur les sites où il est installé. Si bien que « sur une opération type d'une dizaine d'étages, employant 50 compagnons, l'ascenseur est déjà payé par le gain du temps non passé par les compagnons dans les escaliers ! », affirme Brice Cordin. Si l'argument de la rentabilité est l'un des premiers avancés, les bénéfices en termes de pénibilité des tâches (transport manuel de charges lourdes) et de sécurité des compagnons sont évidemment au rendez-vous.
Mais malgré ses nombreux atouts, l'ascenseur de chantier est encore relativement peu utilisé en France, à l'exception des projets de grande ampleur, pour lesquels il est désormais courant. « Le parc des loueurs a certes été doublé depuis dix ans, mais il atteint à peine le millier d'unités, déplore Brice Cordin. Les chantiers classiques hexagonaux sont nettement moins équipés que ceux de nos voisins européens, le marché britannique étant par exemple dix fois supérieur au nôtre. » C'est que, d'après l'expert, il subsisterait en France un certain nombre de freins au développement des ascenseurs de chantier. Le premier d'entre eux semble culturel. « Souvent, les chantiers français utilisent une grue à tour. Si celle-ci est démontée à la fin de la phase gros œuvre, cela crée une difficulté de manutention pour les entreprises intervenant en seconde phase du projet. Ces entreprises de second œuvre doivent alors se contenter des moyens mis à leur disposition, qui ne sont pas forcément adaptés à leur propres besoins logistiques », analyse Brice Cordin. Un autre frein, technique cette fois, est lié à l'encombrement de l'ascenseur. Certains considèrent qu'il peut constituer une entrave aux travaux de façade et compliquer la mise hors d'eau et hors d'air des étages, et de ce fait leur livraison. « Mais dans 90 % des cas, il suffit de prendre des dispositions constructives pour écarter davantage l'ascenseur de la façade et éviter ce type de désagréments », rassure Brice Cordin.
Dans tous les cas, selon l'expert, la levée de ces blocages passe essentiellement par la mobilisation des donneurs d'ordre. « Les maîtres d'ouvrage pourraient davantage valoriser en amont la prise en compte des flux logistiques en imposant dans leurs marchés des lots « 0 », dédiés à la mise en commun des moyens d'élévation. Cela permettrait à l'ensemble des corps d'état de disposer de moyens adaptés à leurs métiers. » Et Brice Cordin de citer la recommandation R477 (voir encadré) du Comité technique national du BTP d'avril 2015 et le Guide pour la mise en commun des moyens édité par le réseau des préventeurs 2, deux documents de référence pour la mise en place de telles démarches. La valorisation des ascenseurs de chantier passe aussi par une collaboration étroite entre le SFECE-FFB 3 et les préventeurs, dont l'OPPBTP et les Carsat, qui se traduit par l'édition régulière de livrets pratiques. « Les préventeurs ont à cœur de mettre en lumière ce matériel qui impacte très favorablement la santé des compagnons sur les chantiers », commente et conclut Brice Cordin.
1
Chiffre extrait de la recommandation R477.
2
Constitué des organismes paritaires CNAMTS, Cramif, Carsat, CGSS.
3
Syndicat français de l'échafaudage, du coffrage et de l'étaiement.
Fortement recommandé au-delà du R+7
La recommandation R477 préconise, pour le transport et la manutention, l'utilisation de l'ascenseur de chantier ou d'une plateforme de transport entre les niveaux R+5 et R+7. Au-delà du R+7, l'ascenseur de chantier est l'unique moyen qu'elle recommande. À noter que les recommandations ne constituent pas une réglementation, mais leur non-respect peut entraîner des conséquences juridiques, par exemple pour qualifier une faute inexcusable.