Le plancher à prédalles se compose d'une juxtaposition de prédalles les unes à côté des autres, entre lesquelles apparaît parfois un jour étroit qu'il faut boucher par un joint réalisé après leur pose. Si cette phase de mise en œuvre n'a pas d'incidence sur la résistance mécanique de l'ouvrage, les joints entre prédalles peuvent être source de désordres esthétiques, en générant une fissuration qui oblige à une reprise des travaux de finition, notamment de peinture, réalisés postérieurement.
Ces désordres sont d'autant plus dommageables qu'ils ont dissuadé certains utilisateurs, maîtres d'ouvrage ou entreprises, d'avoir recours au procédé des prédalles, les amenant ainsi à renoncer aux avantages de la préfabrication - notamment une réduction des opérations de coulage en place, et donc des délais de chantier.
Si les causes de telles fissurations sont multiples, elles semblent dues en premier lieu à la légère déformation - par ailleurs normale - du plancher au moment de son chargement, en particulier lors de la réalisation des cloisonnements ou de la pose de certains équipements lourds à laquelle les joints ne résistent pas toujours. Tel est le premier enseignement de l'étude qui a été menée par le Cerib 1, à la demande des industriels de la prédalle, pour identifier les principaux paramètres à prendre en compte pour éviter la fissuration des joints de prédalles dans les ouvrages de logement.
Utiliser le bon produit au bon moment
L'étude rappelle tout d'abord qu'il n'existe pas de norme ou de spécification propre aux produits destinés aux joints de prédalles. Elle note aussi que, pour la réalisation de ces joints, les entreprises utilisent majoritairement des produits à base de ciment, et dans une moindre mesure des produits à base organique, mais il semble qu'aucun produit ne soit suffisant à lui seul pour prévenir la fissuration. D'autre part, les entreprises qui traitent les joints après le cloisonnement ne rencontrent peu ou pas de désordres, ce qui apparaît comme un paramètre de toute première importance. Sur la base de ces retours d'expérience, l'étude a consisté à caractériser la performance des produits, en réalisant deux types d'essais. D'une part, un effort de flexion a été appliqué sur une éprouvette armée représentant deux prédalles, sur laquelle a été traité le joint, pour connaître la déformation maximale d'un mortier de joint avant la première fissuration. Deuxième type d'essai, des échantillons de mortier de joint ont été observés en conditions de séchage, pour constater une éventuelle fissuration des produits.
Ces expérimentations font apparaître qu'il existe des produits « rigides » à base cimentaire qui fissurent pour des déplacements très inférieurs à 0,3 mm, et des produits « souples » à base de liant organique, qui fissurent pour des déplacements nettement supérieurs à 0,3 mm. D'autre part, les teneurs en eau des produits de joint peuvent être très différentes selon les produits, et certains d'entre eux (même organiques) fissurent par retrait de séchage (avant sollicitation mécanique). En conclusion, les auteurs de l'étude estiment que les produits à base organique peuvent supporter des déformations plus importantes des planchers et peuvent être mis en œuvre avant leur chargement. Attention, ces produits peuvent avoir un séchage plus lent, à prendre en compte dans le calendrier du chantier. Quant aux produits à base de ciment, ils ont un séchage beaucoup plus rapide, mais doivent être mis en œuvre après les déformations d'usage du plancher, pour une bonne prévention du risque de fissuration.
Pour permettre de choisir le joint approprié, l'étude du Cerib comporte une qualification des différents produits du marché en fonction de leur capacité de déformation et de leur durée de séchage. Les recommandations issues de l'étude seront intégrées aux révisions prochaines du guide Qualiprédal et du Calepin de chantier sur la mise en œuvre des prédalles.
(1) Centre d'études et de recherches de l'industrie du béton, www.cerib.com
