En raison d'une trop grande sinistralité, liée à des problèmes d'accroche et de fissuration, les acrotères - ces murets situés en bordure de toiture, dans le prolongement des murs de façade, qui permettent la réalisation du relevé d'étanchéité de la toiture tout en prévenant les chutes - réalisées en maçonnerie creuse ont été exclues du NF DTU 20.12 « Ouvrages en maçonnerie destinés à recevoir une étanchéité ».
En conséquence, les entreprises de gros œuvre étaient obligées jusqu'à présent de les réaliser en béton armé, une contrainte de nature à compliquer le phasage du chantier. « Pour les nombreux bâtiments que nous construisons en blocs béton, il n'est pas très logique d'amener des coffrages sur le chantier uniquement pour réaliser les acrotères, explique Philippe Couloumiès, directeur d'activités chez Fayat Bâtiment. Il faut non seulement coffrer, mettre en place les aciers, puis couler le béton, ce qui demande du temps, mais aussi prévoir une sécurité collective spécifique pour réaliser toutes ces opérations en hauteur. »
Pour contourner cette contrainte, certains maçons avaient pris l'habitude de passer outre et de réaliser des acrotères en blocs à bancher, avec le risque de subir un avis défavorable des bureaux d'études et des contrôleurs techniques, qui se montraient plus ou moins accommodants selon les cas.
C'est pour apporter une solution à cette problématique que la profession, à l'initiative de l'UMGO-FFB, s'est mobilisée pour établir des règles professionnelles pour la conception et l'exécution des acrotères en blocs et briques à bancher(1). Issues d'un groupe de travail qui a réuni toutes les parties prenantes - maçons, façadiers, étancheurs, industriels, bureaux d'études, contrôleurs techniques... - ces règles font désormais consensus sur tout le territoire.
Des règles complètes de mise en œuvre
Ce document d'une trentaine de pages précise le domaine d'application des règles professionnelles : les acrotères en blocs et briques à bancher peuvent être réalisés sur les habitations, les bâtiments industriels, les ERP, les locaux tertiaires et agricoles, avec toiture inaccessible, technique ou végétalisée et dans les conditions de conception du NF DTU 20.12. Le procédé couvert est celui des blocs à bancher de granulats courants empilés à sec (ou des briques de terre cuite à bancher montées à joint de mortier), qui, dans les deux cas, se composent de blocs creux, renforcés par des aciers, qui font office de coffrages dans lesquels on coule du béton. Les acrotères doivent bénéficier soit d'une ITE, soit d'une ITI, et d'une étanchéité. Les règles comprennent aussi un ensemble de dispositions techniques comme une hauteur maximum de 1,30 m pour les acrotères hauts (complexe isolant et étanchéité compris), et une épaisseur minimale des blocs (15 cm avec un noyau de 10 cm pour les acrotères bas, et 20 cm d'épaisseur avec un noyau de 12 cm pour les acrotères hauts), les produits à la marque NF étant obligatoires. Sont également définis dans le texte la méthode de dimensionnement et le positionnement des aciers dans les blocs, avec des dispositions constructives particulières à appliquer dans les angles. Un enrobage de 15 mm minimum doit être respecté autour des aciers, pour prévenir tout phénomène de corrosion. Les tolérances de planéité sont celles du NF DTU 20.1 « Ouvrages en maçonnerie de petits éléments ». Enfin, le texte définit des règles de dimensionnement à l'Eurocode 2 simplifiées pour pouvoir construire les acrotères en zone aussi bien sismique que non sismique.
Une attention particulière aux interfaces
Les règles professionnelles précisent également les enduits qui peuvent être mis en œuvre : conformes au NF DTU 26.1, ils doivent notamment être de type OC1, OC2 ou OC3, classés RT3 pour les blocs à bancher de granulats courants et RT2 ou RT3 pour les briques à bancher. D'autre part, les retours d'expérience ont montré que la sinistralité pour les acrotères en maçonnerie était fortement liée à une mauvaise gestion des interfaces. Pour y remédier, les règles professionnelles incluent, dans une annexe A, des fiches d'acceptation de support de relevé qui doivent être remplies et signées sur le chantier par le maçon, l'enduiseur et l'étancheur, et par la maîtrise d'œuvre quand il en existe une sur le projet, ce qui est un grand pas en avant dans le sens de la qualité.
« Ces règles professionnelles ont le grand mérite de donner un cadre aux maçons, qui peuvent désormais réaliser des acrotères en blocs de coffrage, conformément à des règles de l'art uniformément reconnues par les bureaux de contrôle », conclut Philippe Couloumiès. Grâce à leur reconnaissance par la Commission Prévention Produits (C2P) de l'AQC, elles bénéficient de l'assurabilité accordée aux techniques courantes.
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Pour se procurer ces règles professionnelles, rendez-vous sur www.umgo.ffbatiment.fr
Philippe Couloumiès
Directeur d'activités chez Fayat Bâtiment
« Ces règles professionnelles ont le grand mérite de donner un cadre aux maçons, qui peuvent désormais réaliser des acrotères en blocs de coffrage. »
Pour en savoir plus
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UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59, www.umgo.ffbatiment.fr
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EGF.BTP (Entreprises générales de France.BTP), tél. : 01 40 69 52 78, www.egfbtp.com