À compter de début 2018, les entreprises de maçonnerie et de gros œuvre disposeront du nouveau NF DTU 23.5 « Planchers à poutrelles et entrevous ». Après presque 40 ans sous Avis technique, la profession a estimé que ces procédés, qui sont très couramment mis en œuvre, notamment par les entreprises artisanales sur le marché de la maison individuelle, peuvent désormais faire partie des techniques courantes. « Ce nouveau texte présente l'avantage de réunir les règles précises de mise en œuvre pour les différents types d'entrevous existant sur le marché - polypropylène, béton, copeaux de bois compressés, polystyrène expansé... -, qui avaient auparavant chacun leur Avis technique, estime Mathieu Klotz, directeur général de Klotz Construction, une entreprise de gros œuvre implantée à Sundhouse (Bas-Rhin). Il décrit notamment les dispositions à respecter concernant les appuis et les portées, et les mesures à prendre en cas d'appuis insuffisants. »
Le NF DTU 23.5 décrit tout aussi précisément les dispositions à respecter pour la manutention, le stockage et le transport des poutrelles et entrevous.
En effet, un chapitre spécifique est consacré aux échanges d'informations entre le fabricant et l'entreprise utilisatrice : il précise d'un côté les informations structurelles que l'entreprise doit fournir au fabricant pour qu'il puisse réaliser l'étude du plancher, et de l'autre, les informations techniques et les instructions de pose que le fabricant doit envoyer à l'entreprise pour qu'elle puisse mettre en œuvre le plancher.
Mais l'une des avancées majeures concerne sans aucun doute la question des incorporations dans les planchers, qui a fini par empoisonner la vie des maçons. « Au lieu d'incorporer les gaines du plombier et du chauffagiste dans une chape, on a pris la mauvaise habitude de les incorporer directement dans la dalle de compression qui vient recouvrir les poutrelles et entrevous, pour faire l'économie de la chape de ravoirage, explique le chef d'entreprise. Résultat, les gaines empêchent un bon positionnement des armatures et des treillis soudés, qui ne sont alors plus suffisamment enrobés, ce qui est source de désordres et de fissurations. » Pour mettre fin à une sinistralité dont le maçon est rendu responsable, le NF DTU décrit un ensemble d'exigences à respecter. Parmi elles : faire passer les incorporations dans des cheminements réalisés à l'aide d'entrevous surbaissés sous la nappe de treillis ; exclure le passage de gaines dans tous les points sensibles du plancher comme les nœuds ou chaînages ; ou encore, respecter un enrobage des gaines de 4 cm minimum. Toute incorporation est tout simplement interdite si la dalle de compression est d'une épaisseur inférieure à 5 cm. En prenant en compte cette problématique dès la conception du plancher, le nouveau texte devient ainsi le « juge de paix » entre le maçon et les corps d'état techniques concernés.
Largement inspiré d'un guide publié en 2014 dans le cadre du programme RAGE, dont il reprend et complète une grande partie des schémas techniques, le NF DTU 23.5 a fait le choix de ne pas intégrer les planchers à rupteurs thermiques qui, en raison d'un retour d'expérience insuffisant, notamment pour ce qui est de leur dimensionnement en zone sismique, restent sous Avis technique. Toute entreprise désireuse de mettre en œuvre ce type de plancher devra donc pour l'instant sortir du domaine d'application du NF DTU.
Jusqu'à présent, il n'existait que des procédés sous Avis techniques et un Cahier des prescriptions techniques (CPT) à l'usage des industriels. À sa sortie début 2018, le NF DTU 23.5 sera accompagné d'une norme de calcul harmonisée avec les Eurocodes, ce qui offrira un corpus normatif complet pour les fabricants des planchers et pour les entreprises de mise en œuvre.
Mathieu Klotz, Directeur général de l'entreprise de gros œuvre Klotz Construction à Sundhouse (Bas-Rhin) : « Ce nouveau texte présente l’avantage de réunir les règles précises de mise en œuvre pour les différents types d’entrevous existant sur le marché. »