Après avoir été pendant des décennies sous Avis technique, et avoir fait l'objet d'un cahier des prescriptions techniques (CPT) du CSTB et d'un guide RAGE en 2014, le plancher à poutrelles et entrevous rejoint le domaine traditionnel avec la publication du NF DTU 23.5 à l'été 2019. Ce procédé permet de réaliser des structures horizontales porteuses, grâce à des poutrelles en béton armé ou précontraint, reposant sur deux points d'appui, entre lesquelles sont intercalés des entrevous (ou hourdis). Dans les cas les plus fréquents, l'ensemble poutrelles et entrevous est recouvert d'une dalle de compression en béton armé. Les entrevous font office de coffrages et, selon leur matériau constitutif, peuvent être pris en compte dans la résistance du plancher.
Le domaine d'application du NF DTU 23.5 couvre les ouvrages courants, en maison individuelle et dans les bâtiments collectifs, tertiaires ou industriels, hors chargement exceptionnel. Toutes les règles pour une bonne mise en oeuvre sont bien entendu formalisées. On retiendra notamment que les poutrelles doivent être séparées par un entraxe de 75 cm au maximum, et que l'épaisseur de la dalle de compression varie en fonction de la nature des entrevous : quand ces derniers sont résistants (par exemple en béton ou terre cuite), la dalle doit être de 4 cm au minimum?; quand ils sont des coffrages simples (par exemple en poly-styrène expansé ou en fibres de bois compressées), la dalle doit être de 5 cm au minimum. Attention, le NF DTU 23.5 ne prend pas en compte les systèmes avec rupteurs de ponts thermiques. Étant donné le retour d'expérience insuffisant, notamment en zone sismique, ces derniers restent sous Avis technique. Leur document de référence est le guide pratique Planchers et rupteurs de ponts thermiques de juin 2013 publié par le CSTB.
Le nouveau texte accorde par ailleurs une place importante à l'incorporation des réseaux techniques dans les planchers. Le développement des planchers chauffants hydrauliques, qui s'ajoutent aux gaines électriques, a pour résultat de réduire l'espace consacré aux armatures et au béton, dont les épaisseurs insuffisantes sont source de fissuration. C'est pour prévenir de tels désordres que le NF DTU 23.5 décrit un ensemble de dispositions techniques. Ainsi, lorsque l'épaisseur de la dalle de compression est inférieure ou égale à 5 cm, toute incorporation de gaines (électrique, eau, chauffage) est interdite. De plus, toutes les incorporations non prévues à l'étude sont également interdites. Les gaines doivent être positionnées sous la nappe de treillis soudé, et une distance horizontale doit être respectée entre chaque gaine, égale à l'épaisseur de la gaine et au minimum de 5 cm. Sur le plan vertical, l'enrobage en béton qui recouvre la gaine doit être au minimum égal au diamètre de la plus grosse gaine du plancher, en respectant un garde-fou : l'épaisseur doit être de 4 cm au minimum quand le plancher utilise des entrevous résistants, et de 5 cm au minimum en cas d'entrevous de coffrages simples. Ce principe de mise en oeuvre implique une bonne gestion des interfaces avec l'électricien et le chauffagiste, qui doivent fournir un plan détaillé de leurs réseaux en amont du chantier. Le fournisseur de plancher pourra ainsi les intégrer dans ses plans de préconisation et de pose, en utilisant au besoin des entrevous surbaissés pour les cheminements, et l'entreprise, respecter les dispositions du nouveau NF DTU 23.5.