C'est un délai raisonnable pour la révision d'un NF DTU essentiel pour les entreprises de maçonnerie : dix ans après la version d'octobre 2008, la publication du nouveau NF DTU 20.1 « Maçonnerie de petits éléments - parois et murs » est attendue à la rentrée de septembre 2019. Cette nouvelle révision a été provoquée par un changement majeur intervenu en 2014 : l'entrée en vigueur de l'Eurocode 6 (NF EN 1996), la norme européenne de calcul et de dimensionnement des ouvrages en maçonnerie, qui prend en compte un grand nombre de familles de produits. Notamment les mortiers courants, à joints minces, allégés, et les maçonneries non armées, confinées, précontraintes et armées. De son côté, le NF DTU 20.1 est principalement une norme de mise en oeuvre et d'exécution plus que de conception, mais dont l'ancienne version comportait néanmoins une partie 4 « Règles de calcul et dispositions constructives minimales ». Les deux normes, de mise en oeuvre et de calcul, se recoupaient partiellement, puisque l'Eurocode 6 tenait compte des pratiques locales, et renvoyait dans son avant-propos vers le NF DTU 20.1 pour les dispositions constructives. En définitive, la nouvelle approche du dimensionnement de l'Eurocode 6 a rendu nécessaire la révision de la partie calcul du NF DTU 20.1 et modifié son architecture globale.
Un DTU en quatre parties, dont une à l'Eurocode 6 pour le calcul
À l'issue de la révision, le NF DTU 20.1, qui comportait cinq parties dans sa version précédente, conserve les trois premières, avec des modifications à la marge : P1-1 Cahier des clauses techniques types, P1-2 Critères généraux de choix des matériaux, et P2 Cahier des clauses administratives types. Les deux dernières parties en revanche - P3 Guide pour les choix des murs de façade et P4 Règles de calcul et dispositions constructives minimales - sont regroupées au sein d'un seul et même document : « P3 Règles de conception et dispositions constructives minimales ». Cette nouvelle partie a la particularité de reprendre les principes de calcul de l'Eurocode 6, notamment sur la notion de « résistance caractéristique », mais sans avoir à passer par ses formules de calculs sophistiquées. « La partie 3 du nouveau NF DTU permet de dimensionner et de vérifier les ouvrages en maçonnerie conformément à l'Eurocode 6, en faisant appel à des valeurs forfaitaires ou moyennes qui simplifient la conception, commente Christophe Possémé, dirigeant de l'entreprise de gros oeuvre Le Bâtiment associé, qui emploie 180 salariés à Muizon (Marne). Les PME du secteur, même sans moyens d'études importants, peuvent donc appliquer l'Eurocode 6 : c'est le progrès principal apporté par le nouveau DTU. » Pour effectuer les calculs à « l'Eurocode 6 simplifié », il suffira de connaître le chargement, l'épaisseur du mur, la résistance déclarée de l'élément de maçonnerie et le mode de montage à joints minces ou épais.
Des joints semi-épais aux coupures de capillarité
La version révisée intègre par ailleurs un ensemble de dispositions nouvelles, utiles à connaître pour une utilisation optimale du nouveau texte. Elle traite notamment d'un nouveau procédé de montage à joints semi-épais : une nouvelle catégorie qui s'intercale entre les joints épais (supérieurs à 1 cm) et les joints minces (de 0,1 à 0,3 cm). Attention, pour ce type de montage, seules les maçonneries apparentes non porteuses sont visées dans le document, notamment les cloisons et murs de refend. Les spécifications requises pour les joints semi-épais - résistance à la compression, rétention d'eau, etc. - sont indiquées dans la partie 1-2 de la nouvelle norme.
Christophe Possémé, dirigeant du Bâtiment associé à Muizon (51).
Les PME du secteur, même sans moyens d’études importants, peuvent appliquer l’Eurocode 6 : c’est le progrès principal apporté par le nouveau DTU.
Mieux prévenir les infiltrations d'eau
Il y a aussi du changement pour les protections contre les remontées d'humidité : pour la réalisation des balcons ou loggias avec forme de pente, sans possibilité de rétention d'eau à la base du mur, le décrochement à réaliser passe de 2 à 3 cm minimum, afin de mieux prévenir la sinistralité liée aux infiltrations d'eau. Il n'y a pas de changement en revanche pour les murs de soubassement de catégories 2 et 3 : le chaînage en béton armé au niveau du plancher bas du rez-de-chaussée doit être disposé au minimum à 5 cm au-dessus du sol extérieur fini et sur toute l'épaisseur de la paroi. Si ces dispositions ne sont pas respectées, une coupure de capillarité doit être réalisée au minimum à 15 cm au-dessus du niveau le plus haut du sol définitif extérieur. Autre changement à signaler, l'appellation des briques. Les briques de terre cuite, autrefois dénommées « LD » pour les briques creuses et « HD » pour les briques pleines ou perforées, sont désormais appelées respectivement « P » et « U ».
Enfin, dans sa partie 3, le nouveau NF DTU 20.1 mentionne que, dans tous les cas, la structure doit être contreventée par un élément faisant office de diaphragme et reprenant les efforts horizontaux, et précise pour la première fois que ce rôle peut être rempli par la charpente. Un élément important à prendre en compte par les entreprises de maçonnerie dans le dimensionnement global des bâtiments à construire.
