Étant donné qu'aucune obligation réglementaire n'est faite au maître d'ouvrage, bon nombre de maisons individuelles - ou de constructions « simples » - continuent d'être réalisées sans étude de sol. Au risque évident de concevoir une structure inadaptée aux caractéristiques du sol. Un risque avéré, si l'on considère les chiffres fournis par Sycodès, l'observatoire de la qualité de la construction de l'AQC. Sur la période 1995-2014, en travaux neufs de maisons individuelles, les désordres liés aux fondations superficielles ne sont certes pas les plus nombreux : ils représentent environ 10 % du total (et seulement 5 % tous bâtiments confondus). Ils sont en revanche les plus coûteux, pesant près de 35 % du montant de réparation des désordres, en raison de travaux généralement complexes (injections, reprises en sous-œuvre...). Résultat : une facture moyenne de réparation de 22 000 euros et jusqu'à plus de 34 000 euros pour des fondations sur sols argileux. Les causes techniques des désordres ne sont pas surprenantes. Il s'agit majoritairement de fondations sur sol hétérogène (générant des tassements différentiels) ou sur sols argileux, auxquelles s'ajoutent des principes de fondation inadaptés ou une insuffisance de profondeur.
Une solution : l'étude de sol
Pour les entreprises de maçonnerie et de gros œuvre, l'enjeu est important. Car la puissance publique, en n'établissant pas clairement les règles du jeu s'agissant d'une obligation de l'étude de sol, transfère indirectement le risque aux entreprises. De sorte que celles-ci, tant pour se protéger que pour faire reculer la sinistralité, ont un rôle essentiel de conseil à jouer auprès du maître d'ouvrage. La position d'anciennes carrières, la délimitation des zones inondables ou encore la présence de terrains argileux - sensibles aux phénomènes de retrait-gonflement - sont aujourd'hui assez aisées à détecter. S'agissant par exemple de la localisation des zones argileuses, un détour par le site www.georisques.com permettra rapidement de lever les doutes.Il faut savoir qu'en France, les missions d'ingénierie géotechnique sont parfaitement définies dans la norme NF P 94 500. C'est le document de référence établissant le cadre réglementaire du travail du géotechnicien. Les missions géotechniques diffèrent selon le niveau d'avancement du projet et de la finalité recherchée. On distingue la G1 (étude géotechnique préalable), G2 (étude géotechnique de conception), G3 (étude et suivi géotechniques d'exécution), G4 (supervision géotechnique d'exécution) et G5 (diagnostic géotechnique). Pour un projet de maison individuelle, une mission de type G2 en avant-projet peut être intéressante. Elle comprend un programme d'investigations (mesures géophysiques, sondages...), l'étude des principes constructifs envisageables en fonction du projet, ainsi qu'une ébauche dimensionnelle. Ce qui permet pour l'entreprise d'avoir une première approche des quantités et d'optimiser les fondations. Le coût de ce type d'étude?? Il dépend du contexte géologique, hydrogéologique, géotechnique et topographique du site. Toutefois, une enveloppe de l'ordre de 3 000 euros semble communément admise