Dès 2020, le bâtiment à énergie positive deviendra la norme. C'est le sens de la future réglementation thermique (dite Réglementation environnementale « RE2018 »). Tous les bâtiments neufs devront produire plus d'énergie qu'ils n'en consomment et être faiblement émetteurs de gaz à effet de serre sur l'ensemble de leur cycle de vie. La réponse photovoltaïque devient l'une des plus pertinentes.
Énergie propre, circuit court et exemplarité. La ressource solaire est inépuisable et la production est propre (ni bruit, ni rejet, ni consommation de combustible). Certes, la fabrication des panneaux et des systèmes a un impact environnemental, mais celui-ci diminue avec l'évolution technologique et l'optimisation de la production. Actuellement, on estime qu'il faut 2,5 ans pour qu'une installation produise autant d'énergie qu'il en a fallu pour la fabriquer. La production photovoltaïque a également l'avantage de pouvoir être positionnée au plus près du point de consommation. Enfin, n'oublions pas la dimension d'image. La présence de panneaux solaires sur un bâtiment public affirme, mieux qu'un long discours, l'engagement d'une collectivité dans la transition énergétique.
Des besoins électriques accrus. Chauffage, refroidissement, mobilité et vie connectée font grimper les besoins en électricité. La multiplication des épisodes de canicule, par exemple, favorise le développement du refroidissement dans des régions qui s'en souciaient peu jusqu'alors. Dans le même temps, les moyens de transport individuels électriques explosent (+5 % pour les voitures, +15 % pour les vélos et +177 % pour les motos et scooters pour l'année 2016 par rapport à 2015). La production électrique doit suivre, sans recours accru au nucléaire, dont la part doit être réduite dans le mix énergétique français.
Un bilan économique prévisible avec un haut degré de certitude. L'électricité photovoltaïque est produite à un coût fixe qui peut facilement être anticipé (contrairement au tarif réseau soumis à des hausses annuelles). Il est très simple de calculer l'économie d'énergie réalisée et, éventuellement, le complément de revenu généré. Le photovoltaïque a également un impact positif sur la valeur du bâtiment à la revente. C'est la notion de « valeur verte », calculée par les notaires et publiée par l'association Dinamic.
Revendre sa production, intégralement, un peu ou pas du tout. Les modalités de revente de l'électricité produite peuvent être adaptées à la taille de l'installation, à la consommation ou à la typologie du client. Pour les petites toitures des particuliers, la revente de l'intégralité de la production est, dans la plupart des cas, la solution la plus rentable. En revanche, pour les moyennes et grandes toitures, la situation doit être étudiée au cas par cas. Les bâtiments ayant une forte affluence en journée (bureaux, centres commerciaux) sont les grands gagnants de l'autoconsommation photovoltaïque, leurs pics de consommation coïncidant avec les pics de production.
Intégrer le photovoltaïque au bâti, pas seulement en toiture. Pergola, garde-corps, ombrière de parking... de nombreuses structures inertes peuvent recevoir une installation photovoltaïque et générer économies et/ou revenus complémentaires. En toiture, le traditionnel panneau n'est plus l'unique option. Les ardoises, tuiles, membranes d'étanchéité et bacs de couverture existent aussi en version photovoltaïque. Reste la question du stockage électrique, qualifié parfois de « chaînon manquant du photovoltaïque ». Pour l'instant, les batteries domestiques sont encore trop onéreuses. Il est cependant possible de valoriser le surplus d'électricité produit. Cette électricité peut venir, par exemple, alimenter la résistance du ballon d'eau chaude ou participer à la recharge d'un véhicule électrique. En attendant, il est important que le client trouve des entreprises qualifiées, capables de l'accompagner sur ces nouveaux marchés. À défaut, les acteurs nationaux dont les offres sont déjà structurées s'empareront bien vite du terrain...
Une technique qui reste non traditionnelle. L'intérêt indéniable du photovoltaïque ne doit cependant pas occulter le fait que cette technique et ses usages sont en constante évolution et restent donc des techniques non traditionnelles qui doivent passer par les Avis techniques ou des ATEx du CSTB afin de maîtriser la sinistralité.
Association de compétences en Normandie
Didier Tabourel (Avnor)(à gauche) et Christophe Ollier (Altigard) sont reconnus pour leurs savoir-faire respectifs. Altigard sécurise les grandes toitures non accessibles au public (industries, centres commerciaux) et Avnor conçoit, installe et entretient des systèmes de production d'électricité « verte » (issue de l'éolien et du solaire). Les deux entrepreneurs se sont rencontrés autour d'un objectif commun : proposer aux clients de transformer leurs équipements inertes (notamment garde-corps et ombrières de parking) en sources de profit.
« Je suis convaincu de la nécessité d'intégrer les EnR (énergies renouvelables) sur les bâtiments », explique Christophe Ollier. La réglementation thermique 2018-2020, qui se prépare, favorisera ces solutions. Dans le cas de la sécurisation des toitures, qui est une obligation légale, plutôt que d'avoir un produit uniquement métallique, autant le rendre producteur d'électricité pour améliorer le bilan énergétique du client et valoriser le bâtiment. »
Côté Avnor, on perçoit également très bien la complémentarité des activités. « La présence d'Altigard sur les toitures de clients industriels ou collectivités locales nous intéresse. Aujourd'hui, les clients veulent devenir autonomes mais ce n'est pas encore possible, ou alors à un coût déraisonnable. En revanche, nous pouvons leur proposer de faire un premier pas vers l'indépendance », confirme Didier Tabourel. Intégrer le photovoltaïque au bâtiment, en profitant des structures inertes, est une voie d'avenir, pour les bâtiments tertiaires comme pour le résidentiel. Elle ouvre des perspectives de nouveaux marchés pour les entreprises du bâtiment.