Matériaux biosourcés : dans le Sud-Ouest, le béton de chanvre à bonne école
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Quand biosourcé rime avec performance
Les parents d’élèves de l’école Ducau souhaitaient que leurs enfants puissent évoluer dans un bâtiment « sain ».
Leur demande, relayée auprès des élus de Castelsarrasin, a trouvé un écho auprès du maître d’œuvre, le cabinet MGS Architectes (implanté dans le département, à Montauban), qui a été sélectionné lors du concours en mettant en avant les atouts du béton de chanvre, dont :
- la capacité de régulation hygrothermique – très perspirant (perméable à la vapeur d’eau), il équilibre naturellement l’absorption et la libération de l’humidité, tout en améliorant la qualité de l’air intérieur ;
- l’isolation thermique – sa grande inertie provoque un déphasage thermique permettant d’absorber les pics de froid et de chaud, pour un confort optimal été comme hiver ;
- l’isolation phonique – liée à la loi des masses ;
- la stabilité et une faible réaction au feu ;
- un approvisionnement local – un mode de culture économe en eau et ne nécessitant pas de recourir aux produits phytosanitaires.
Pour plus d’agilité, nous avons préféré réaliser les cœurs de murs avec des blocs de chanvre préfabriqués, que nous avons complétés avec du béton de chanvre projeté.
Un impératif : le délai
Pour l’entreprise Burg, le principal défi du chantier de l’école maternelle était celui du délai : « Le premier coup de pelle a été donné fin juillet 2020, sachant que les enfants et enseignants devaient prendre possession des lieux à la rentrée de janvier 2021, illustre Sylvain Burg, fils du gérant, appelé à reprendre prochainement les rênes de l’entreprise familiale. Nous devions dans ce laps de temps mettre en œuvre plus de 600 m² de murs en béton de chanvre représentant 150 m³ de matériaux. » Ces délais serrés impliquaient que plusieurs corps d’état travaillent en coactivité. « Nos dates d’intervention étaient communes avec les plaquistes et les peintres, poursuit Sylvain Burg. Pour plus d’agilité, nous avons préféré réaliser les cœurs de murs avec des blocs de chanvre préfabriqués, que nous avons complétés avec du béton de chanvre projeté (voir encadré). Cela permettait de limiter le temps de séchage du matériau, en évitant la migration d’eau sur les quinze premiers centimètres, les blocs préfabriqués étant déjà “secs”. » Cette méthode optimisée a finalement permis la livraison du chantier à temps pour la rentrée de janvier dernier.
Des blocs préfabriqués complétés d’une projection par voie sèche
De l’intérieur du bâtiment vers l’extérieur, le principe constitutif des murs de l’école est le suivant : des plaques fibres-gypse sont tout d’abord posées afin d’assurer le contreventement des ossatures bois.
Le remplissage est ensuite effectué par des blocs de béton de chanvre de 15 cm d’épaisseur. Afin de garantir la régularité géométrique et la planéité de surface du mur, du béton de chanvre est ensuite projeté par voie sèche sur 12 cm.
Enfin, la face extérieure des murs est recouverte d’un enduit à la chaux. Au total, le complexe isolant en béton de chanvre possède une épaisseur de 27 cm.
Les matériaux biosourcés ne modifient pas fondamentalement notre métier et n’ont pas d’impact sur la productivité si on en maîtrise les règles de l’art.
Un chantier à titre d’exemple
« À travers l’exemple de ce chantier et d’autres que nous avons réalisés, nous souhaitons montrer à la filière que notre démarche, qui consiste à construire différemment tout en stockant du carbone, est totalement compatible avec les enjeux et contraintes d’une petite entreprise comme la nôtre, poursuit Dominique Burg. Les matériaux biosourcés ne modifient pas fondamentalement notre métier et n’ont pas d’impact sur la productivité si on en maîtrise les règles de l’art. » D’ailleurs, fait savoir l’entrepreneur, la construction chanvre est encadrée par des règles professionnelles, en cours de réécriture (voir encadré). De ce fait, les ouvrages sont facilement assurables.
Pour développer cette technique de construction alternative, l’entreprise Burg compte dans ses rangs un « responsable chanvre ». « Ce technicien dispose d’une formation initiale d’applicateur, qu’il a complétée d’une formation sur la mécanisation, si bien qu’il est devenu lui-même formateur agréé “Construire en chanvre”, détaille Dominique Burg. Il peut dispenser ses formations aussi bien en interne qu’en externe, notamment auprès des entreprises, des maîtres d’œuvre et des maîtres d’ouvrage intéressés par la technique. »
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