La réglementation en matière de protection des immeubles d'habitation contre l'incendie évolue. Basée jusqu'à présent sur le « dire d'expert », l'Instruction technique (IT) 249 du ministère de l'Intérieur décrit les dispositions constructives à respecter pour les établissements recevant du public (ERP) du premier groupe, les bâtiments d'habitation et les immeubles de grande hauteur (IGH). Elle fera place dans l'avenir à une nouvelle réglementation basée sur les recommandations des professionnels et des solutions validées par des essais de type Lepir 2 (laboratoire expérimental par incendie réel à deux niveaux).
Comme d'autres branches concernées par l'IT 249, notamment les installateurs de systèmes d'isolation thermique par l'extérieur (ITE), la filière bois s'est saisie du sujet et a mené, en collaboration avec le ministère du Logement (DHUP), une première campagne d'essais. Réalisée entre 2012 et 2015, cette série de six essais visait à définir les solutions constructives des parois en ossature bois avec bardage en bois brut (classe de réaction au feu D) permettant d'empêcher qu'un sinistre se propage par la façade et que les flammes atteignent deux niveaux au-dessus du point de départ de l'incendie. Plusieurs maquettes mises au point avec l'aide d'un professionnel ont été testées (voir encadré), et les configurations retenues sont décrites dans un guide publié par le CSTB début 2016 1. Ces dispositions vont de pair avec une augmentation de coût et de complexité des systèmes, mais elles ont l'avantage, pour les constructeurs, d'élargir l'éventail des variantes constructives très limité de l'IT 249 existante.
De nouvelles campagnes d'essais du même type sont prévues pour les systèmes de bardage en bois ignifugé et en panneaux de bois haute densité ou recouverts d'enduit (classe B ou A2) ; elles donneront également lieu à la publication de guides.
Des spécifications à conjuguer
Dans une construction à paroi en ossature bois avec bardage, la priorité est d'empêcher l'accès des flammes à la lame d'air située entre le bardage et la paroi, où l'« effet cheminée » (appel d'air) augmente la puissance du feu. Les essais des systèmes de bardage en bois brut (qui ne représentent qu'une petite part des bardages mis en œuvre par les constructeurs) ont permis de préciser les spécifications qui devront se conjuguer pour répondre aux exigences réglementaires, soit :
- le classement de réaction au feu, l'épaisseur des lames et la masse volumique moyenne minimale des lames de bardage ;
- la présence (ou non) et la nature d'un écran thermique de protection de la paroi en ossature bois (plaques de plâtre ou de gypse, panneaux ciment ou laine de roche — cette dernière ayant l'avantage de conjuguer les fonctions d'écran et d'isolant thermique) ;
- la présence, la nature, la géométrie, les dimensions et le positionnement des déflecteurs destinés à éloigner les flammes du nu extérieur de la façade (leur saillie en façade pourra atteindre jusqu'à 250 mm) ;
- la présence, la nature, la géométrie et le positionnement d'un système Fire Stop à l'intérieur de la lame d'air (boudin de mousse comprimée qui se dilate et bloque le passage de l'air en cas d'incendie) ;
- la mise en place de renforts (écran thermique, habillage métallique) au pourtour des fenêtres ;
- le traitement de l'étanchéité entre le plancher et la façade (mise en place d'une épaisseur de laine de roche de 40 kg/m3 contre 70 kg/m3 dans l'IT existante).
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Ce guide sera diffusé aux adhérents de l'UMB-FFB et sera mis à disposition pour téléchargement sur les sites du CSTB, du Codifab (www.codifab.fr/actions-collectives/bois) et du Gouvernement (www.developpement-durable.gouv.fr/Bois,13394.html).
« S’impliquer dans les évolutions réglementaires »
FRANÇOIS HIBERT, RESPONSABLE DE L’ENTREPRISE ANGEVINE DE CONSTRUCTION BOIS (MAINE-ET-LOIRE)
« Je trouve qu'il est important que les professionnels s'impliquent dans les évolutions réglementaires qui les concernent. Et à titre personnel, il était motivant pour moi de participer à cette démarche de recherche-développement que nous contribuons à financer par nos cotisations au Codifab 1. J'ai pu apporter mon expérience dans la définition des maquettes d'essais, en veillant à la faisabilité des systèmes testés, notamment pour l'intégration des menuiseries. Au terme de la démarche, c'est une satisfaction de déboucher sur des préconisations qui vont être mises à la disposition des concepteurs et orienter la vision des bureaux de contrôle. »
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Comité professionnel de développement des industries françaises de l'ameublement et du bois.