Depuis la création du titre en 1925, ce concours représente une prestigieuse prime à l’excellence professionnelle. Ainsi, comme le veut la tradition, tous les trois ans, à l’issue du concours, le président de la République accueille les lauréats à l’Élysée, après que le ministre de l’Éducation nationale a remis le diplôme et la médaille aux nouveaux Meilleurs Ouvriers de France, communément appelés par leur acronyme « MOF ». Pour Jean-Luc Chabanne, secrétaire général du COET-MOF (Comité d’organisation des expositions du travail et du concours « Un des Meilleurs Ouvriers de France »), l’association qui coordonne, au titre de la certification, le rôle des organisations professionnelles et, au titre du diplôme, les prérogatives de l’État, « le concours ne valorise pas seulement les lauréats, pris individuellement, mais aussi le bien commun d’une filière ».
De par leur aura unique, les MOF participent en effet à la valorisation des parcours par la voie professionnelle dans près de cent quatre-vingts métiers – dont ceux du bâtiment, en quête d’une visibilité plus forte. Les professionnels du bâtiment âgés de 23 ans au moins à la date de clôture des inscriptions peuvent donc s’inscrire au concours, sachant que la moyenne d’âge des candidats se situe autour de 35 ans, tous métiers confondus.
Sans dénaturer l’esprit des MOF, le concours a connu depuis 2019 plusieurs changements importants afin d’être au plus près des évolutions de chaque filière. Outre le financement, les modalités de l’épreuve ont changé : jusque-là, les professionnels devaient présenter un modèle libre et un modèle imposé. Dorénavant, la branche professionnelle ou l’organisation représentative de la filière doit choisir entre un sujet libre ou imposé. Le système de notation a également été revu. Auparavant, une note et un coefficient étaient attribués aux œuvres réalisées. À ce système un peu académique se sont substitués des indicateurs de compétence et de savoir-faire établis par les professionnels eux-mêmes. Autre nouveauté, la commission qui définit les sujets d’épreuve pour chaque métier se distingue désormais de celle qui constitue le jury d’évaluation, en vue d’éviter tout litige. « Surtout, les branches professionnelles sont engagées plus que jamais à garantir la qualité des sujets du concours en situation de travail, tout en respectant le niveau d’excellence attendu », observe le secrétaire général du COET-MOF.
La prochaine édition, la 27e, fédère cent quarante-sept métiers, parmi lesquels dix-sept sont issus du bâtiment. Son calendrier a été bousculé par la crise sanitaire. Les épreuves qualificatives démarrent fin 2021 pour s’achever, en principe, en juin 2022. Et ce sont les professionnels du bâtiment qui ouvrent le bal. Ils devront, selon le métier, soit réaliser une mise en situation pour vérifier les prérequis nécessaires au parcours d’excellence professionnelle (le sujet est dévoilé le jour de l’épreuve), soit constituer un dossier sur la base d’une expérience et/ou d’un parcours professionnel sur le lieu de leur choix. Ensuite, ils présenteront leur dossier au jury lors d’une soutenance orale.
S’agissant des épreuves finales, elles sont prévues de septembre 2022 à janvier 2023. Les métiers du bâtiment sont appelés à y dévoiler une œuvre qui doit correspondre à une production réelle avec un dossier de réalisation individuel, accompagné d’une planification. Par ailleurs, cette 27e édition marque une rupture : il est demandé à tous les candidats d’être présents pour défendre leur projet et mettre en situation leur savoir-faire devant le jury. Enfin, l’égalité des chances est renforcée par l’adoption d’un code éthique et déontologique afin de rappeler que l’organisateur des MOF et les professionnels s’attachent à faire découvrir des talents au grand public.
Alors que le bâtiment doit faire face à de forts besoins de recrutement, le titre « Un des Meilleurs Ouvriers de France » constitue clairement un atout pour faire briller tant les lauréats que toute la filière.