Bertrand Génault, P-DG de la Serrurerie Rationnelle du Bâtiment (Seraba) à Ablis (Yvelines), tient d’abord à le rappeler : « L’Union des métalliers est inscrite dans une démarche environnement assez forte depuis plus de dix ans. » Et de citer le développement de fiches métiers pour qualifier les matériaux et les process en 2011, l’élaboration d’un guide ESQ (environnement, sécurité, qualité) pour les ateliers en 2014, ou encore deux ensembles de FDES (fiches de déclaration environnementale et sanitaire) qui qualifient certains ouvrages de métallerie. « Jusqu’ici, tous ces outils d’information et de conseil étaient à la disposition des adhérents de manière plutôt passive », observe le chef d’entreprise. Mais à l’aube de la RE 2020, l’aspect bas carbone, « novateur pour beaucoup », devient essentiel. « Jusqu’à 90 % de ce que nous mettons en œuvre est fabriqué dans nos ateliers », poursuit-il. D’où la nécessité de qualifier tant les produits fabriqués que les matériaux et les process de fabrication. C’est ce que va permettre l’outil bilan carbone développé par l’Union dans le cadre du Programme recherche développement métiers (PRDM) de la FFB.
Cet outil adapté aux spécificités des opérations de métallerie prend en compte toutes les caractéristiques de leur empreinte carbone. Tout d’abord, celles des matériaux. « Outre les métaux, nous incorporons aussi du verre, des matières synthétiques et même du bois dans nos ouvrages », précise Bertrand Génault. Autre impact : celui du process de fabrication, « consommateur d’énergie et producteur de déchets de toutes natures. Cette double prise en compte de la conception et de la fabrication pour des ouvrages non industrialisés est la principale spécificité de cet outil par rapport aux autres activités du bâtiment ». Viennent ensuite la phase transport et celle dédiée à la pose. « Pour cette dernière, nous nous appuyons sur BatiCarbone, l’outil déjà déployé par la FFB », ajoute le chef d’entreprise.
Pour son propre outil, l’Union des métalliers s’est appuyée sur les audits de trois entreprises. Elle a bénéficié aussi de l’expérience acquise lors de la mise en place du guide ESQ, « pour lequel nous avions collecté de nombreuses données factuelles, économiques et numériques durant trente jours d’audit », indique Bertrand Génault. Pour l’instant, « l’outil est encore en phase d’amélioration et devrait sortir fin 2021 ou début 2022, avec le mérite d’avoir défriché un terrain que personne n’a encore exploré », insiste-t-il. Avec un objectif sous-jacent : celui de simuler les coûts économiques associés aux différentes options de construction et à leur empreinte carbone.
« Par exemple, illustre l’entrepreneur, face à un architecte aux exigences assez pointues au niveau de la conception comme celles de sections d’acier assez lourdes pour réaliser des garde-corps, nous pouvons le conseiller sur l’impact carbone final de cet ouvrage et proposer quelque chose de plus adapté : en concevant les ouvrages différemment, avec des sections moins importantes, des phases de livraison moins nombreuses, etc. Fatalement, il y aura logiquement un bilan carbone moindre et une incidence économique réduite. »
Pour autant, Bertrand Génault indique : « Le but n’est pas d’orienter les clients vers les ouvrages les moins chers, même si depuis plusieurs années, la tendance est de tirer les prix vers le bas. D’autant que, d’un point de vue économique, les bases de travail de l’année 2020 sont complètement obsolètes en 2021, certains métaux ayant quasiment doublé en valeur. Mais la planète n’en peut plus et les finances de nos clients ne sont pas infinies. Pour une fois, nous avons une opportunité de conjuguer, pour une finalité commune, l’aspect économique et la réduction de l’impact carbone ! »