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Restauration des bétons de la tour Perret - Les défis d’un chantier historique
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Le choix de la technique du béton projeté
La première étape – en cours – du chantier consiste à reconstruire les faces externes des huit piliers principaux de la tour, après avoir décroché les morceaux de béton armé endommagés. Une opération qui recense de nombreux défis, démultipliés par l’architecture complexe de la tour. Un chantier « test » a dû être mis en place en 2019-2020, afin d’étudier différentes techniques de restauration directement sur l’édifice.
C’est ce qui a permis de choisir celle du béton projeté par voie sèche pour la réparation des piliers, préférée à celle du coulage du béton dans un coffrage, utilisée lors de la construction. « Les tests ont montré que le béton projeté par voie sèche donnait de meilleurs résultats en matière d’adhérence au support existant que le béton coulé. Cette technique garantit la pérennité de la réparation sans compromettre l’esthétique », souligne Adrien Errigo, chef d’agence Bâtiment chez Freyssinet France, qui a participé par ailleurs à la restauration du palais d’Iéna à Paris. Pour répondre aux exigences esthétiques, l’entreprise est notamment chargée de presser des planches de bois sur le béton fraîchement projeté pour obtenir un veinage végétal.
Le défi de la formulation des bétons
Les tests préparatoires ont également servi à déterminer la formulation des bétons utilisés lors de la construction en révélant leurs caractéristiques physiques, chimiques et colorimétriques, avant de mettre au point ceux utilisés pour la restauration. Une étape cruciale pour la réussite du chantier. « Nous avons dû formuler plusieurs bétons en fonction de leur usage, du micro-béton qui sera coulé dans des coffrages sur les éléments minces jusqu’au béton projeté par voie sèche sur les colonnes.
L’objectif, c’est que la couleur, la forme et la taille des matériaux s’approchent au maximum de celles utilisées il y a cent ans, pour obtenir la plus grande harmonie possible.
L’objectif, c’est que la couleur, la forme et la taille des matériaux s’approchent au maximum de celles utilisées il y a cent ans, pour obtenir la plus grande harmonie possible », indique Adrien Errigo. Avec toujours l’impérieuse nécessité de rendre les interventions invisibles. « À partir du moment où on a suffisamment d’informations, on essaye de tendre vers une restauration la plus proche possible de l’aspect originel.
Demain, il ne faudra pas voir la différence entre le béton sain qu’il n’était pas nécessaire de réparer et celui qui a été restauré », ajoute Loïc Goareguer, directeur régional de l’entreprise Jacquet à Estrablin (Isère). Pour atteindre cet objectif, Jacquet et Comte interviendront en phase finale en appliquant des patines et des badigeons afin d’obtenir exactement la même teinte qu’à l’époque.
Les constructions initiales en béton ne sont pas compliquées, mais les opérations de restauration le sont beaucoup plus.
La formulation des bétons doit permettre de relever d’autres défis techniques. « Avec le temps, un phénomène de gonflement des granulats appelé “alcali-réaction” peut se produire à l’intérieur du béton, ce qui entraîne des fissures. Nous avons donc soumis tous les granulats à des tests en laboratoire pour être sûrs qu’ils ne comportent pas ce risque à long terme », poursuit Adrien Errigo. Toujours sur un plan structurel, Freyssinet France va réaliser un traitement préventif de la corrosion des armatures existantes dans les bétons d’époque non fissurés.
Le choix s’est porté sur une protection cathodique par courant imposé depuis une armoire électrique qui restera installée dans la tour en permanence. L’achèvement du chantier béton est prévu fin 2025, pour une réouverture de la tour Perret au public envisagée courant 2026.
La conservation-restauration du béton, un domaine d’avenir
La conservation-restauration du béton n’en est encore qu’à ses débuts, mais elle devrait bientôt représenter une part du marché du BTP bien plus importante qu’à l’heure actuelle. « Cela fait très longtemps qu’on restaure la pierre de taille de Viollet-le-Duc, mais le béton, c’est beaucoup plus récent. Comme l’essor du béton armé a eu lieu au début du xxe siècle, les premiers gros chantiers de restauration arrivent seulement maintenant, et l’expertise se construit au fur et à mesure.
Les constructions initiales en béton ne sont pas compliquées, mais les opérations de restauration le sont beaucoup plus », explique Loïc Goareguer, directeur régional de l’entreprise Jacquet. Le chantier de la tour Perret est intégré dans un programme international qui réunit des laboratoires afin d’évaluer les performances techniques des réparations sur les structures historiques en béton. Une question devenue cruciale pour l’un des matériaux de construction les plus utilisés dans le monde.
Restauration de la tour Perret, fiche technique
● Maîtrise d’ouvrage : Ville de Grenoble
● Architecte du patrimoine mandataire de la maîtrise d’œuvre : François Botton – Sud/Sud-Est Architectures
● BET Structures et Fluides : BETREC IG
● Communication : Agence 14 Septembre
● Groupement d’entreprises en charge du lot structure :
○ Freyssinet France (mandataire)
○ Cireme
○ Comte
○ Jacquet
● Coût prévisionnel global du projet : 14,8 millions d’euros
● Partenaires financiers : DRAC AURA, Département de l’Isère, Fondation du patrimoine
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