Transmettre ou céder son entreprise : l'été, un temps propice à la réflexion

L'activité repart, les perspectives d'avenir sont plus sereines que ces dernières années. Vous aurez peut-être moins d'inquiétudes à envisager la transmission de votre entreprise. Mettez à profit la coupure estivale pour prendre le temps de la réflexion et préparer cette étape importante de la vie d'une entreprise. Anticiper est le maître mot !
11:0011/07/2018
Rédigé par FFB Nationale
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Retrouvez ce dossier dans notre revue Batiment Actualité
Batiment Actualité Numéro 12 | Juillet 2018

Même si cela vous paraît encore lointain, vous approchez peu à peu de l'âge de la retraite.

De temps en temps, vous pensez à votre future vie et faites des projets personnels.

Et l'entreprise?? Savez-vous déjà qui en reprendra les rênes? Êtes-vous à la recherche d'un successeur?

Quelle que soit votre situation personnelle et familiale, quels que soient vos projets (reprise familiale, par un salarié ou par un tiers extérieur), il est important de vous poser les bonnes questions suffisamment à l'avance et de mettre en place la démarche qui permettra de réussir sa transmission.

Si vous songez à une cession à titre onéreux, les hypothèses peuvent être différentes. Selon votre mode d'exploitation, vous ne vendrez pas les mêmes éléments.

 

Si vous êtes dirigeant d'une entreprise individuelle

vous exploitez un fonds de commerce ou artisanal. L'individu et le chef d'entreprise sont une seule et même personne juridique.

Vous signez en votre nom tous les engagements et possédez un seul patrimoine : l'entreprise et vos biens personnels.

Votre responsabilité s'étend à l'ensemble de ces biens, même si la loi protège de vos créanciers certains biens, comme votre maison d'habitation.

 

Si vous exploitez une société (SARL, EURL, SA, SAS, SASU...),

vous êtes propriétaire des titres de la société qui exploite le fonds de commerce.

Vous et la société formez deux entités juridiques distinctes, ayant la capacité juridique.

La société souscrit les engagements professionnels, car elle en a la capacité et elle possède son patrimoine propre. Votre responsabilité est, en principe, limitée à vos apports.

 

Selon votre mode d'exploitation, les éléments vendus ne sont pas les mêmes...

En entreprise individuelle

Vous vendez les éléments qui constituent le fonds de commerce :matériel, outillage, clientèle, droit au bail, enseigne, nom commercial et, éventuellement, marques, brevets, dessins, etc. Ce sont des éléments d'actifs.

Le passif, les dettes, la trésorerie, les contrats (sauf exceptions, telles que les contrats de travail) ne font pas partie du fonds.

 

En société

Le plus souvent, vous vendez des titres sociaux (actions ou parts sociales) : ceux-ci représentent une quote-part de la valeur globale de la société comprenant son actif et son passif.

La société englobe le fonds, comme tout ce qui se trouve au bilan (immobilisations, garanties, capitaux propres, engagements, dettes...). C'est une entité plus vaste que le fonds de commerce.

Il est aussi possible que la société vende le fonds de commerce qu'elle exploite. La société continuera à exister. Le produit de la vente sera porté à son bilan.

Si vous souhaitez cesser toute activité, vous devrez liquider la société et distribuer le boni de liquidation aux associés.

Vous pouvez aussi, le cas échéant, vous servir de cette coquille juridique vidée de son outil de travail pour exploiter une autre activité.

 

... la portée de la vente diffère...

En entreprise individuelle

Vous vendez les éléments d'actifs précités. Mais alors, que deviennent les contrats que vous avez signés avec les clients, la banque, les fournisseurs?? Il n'y a pas de transfert automatique, car c'est vous qui les avez souscrits et non l'entreprise.

Cependant, pour protéger le personnel, et l'activité, certains contrats ont acquis une « protection » par la loi : contrat de travail, bail, assurances sont considérés comme transmis avec le fonds.

Dans ce cadre, tout le personnel devient salarié du repreneur.

Les marchés, en revanche, doivent faire l'objet d'un avenant de transfert signé avec le maître d'ouvrage pour bénéficier à l'acquéreur.

 

En société

Vous vendez des titres. Tous les engagements souscrits par la société sont maintenus, puisque la société survit au rachat : seuls les propriétaires des titres vont changer d'identité.

Aux yeux des tiers (maîtres d'ouvrage, fournisseurs...), rien ne change : le cocontractant, à savoir la société, reste le même.


... et les garanties sont distinctes...

En entreprise individuelle

Le repreneur est protégé. Il ne récupère que des éléments d'actif. Les éléments de passif restent à votre charge. La loi lui permet d'agir en garantie contre vous. De même, si, au moment de la vente, vos clients n'ont pas encore payé vos travaux, ces sommes vous reviennent.

Pour éviter les litiges, un état des comptes ainsi qu'un constat d'état des lieux des chantiers en cours, contradictoires, doivent être dressés au moment de la transaction.


En société

L'acquéreur achète, au contraire, l'actif et le passif de la société.

Et si surviennent des dettes qui étaient inconnues lors de la vente??Les avocats et autres conseils du repreneur proposent de faire signer au vendeur une clause de garantie de passif 1. À défaut, l'acquéreur ne pourra rien vous réclamer.

Vous pourrez aussi être contraint de garantir votre passif par une caution, une assurance, etc. Cette clause de garantie doit être négociée avec le plus grand soin pour éviter tout engagement excessif.


... et en tout état de cause, attention aux engagements personnels !

Quel que soit le mode de cession, les engagements de caution, par exemple, que vous avez pu souscrire professionnellement devront être résiliés : la vente à un tiers ne suffit pas à elle seule pour y mettre un terme automatiquement. Une démarche particulière sera nécessaire.

Pour anticiper cette étape et la préparer au mieux, parlez-en avec votre fédération. Elle peut vous proposer des rendez-vous confidentiels avec des experts.

  1. Face au manque de protection légale, cette clause protège l'acheteur de titres sociaux, de toute augmentation de passif imputable au vendeur (ex. : redressement fiscal, réclamation d'un client, condamnation en justice...) ou diminution des actifs de référence, ayant servi à évaluer la société, qui se révèle après la cession, mais dont l'origine se situe avant. La négociation de cette clause a un impact direct sur le prix de cession.

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