Recadrer un collaborateur : « Cette fois-ci ça dépasse les bornes ! »

Non-respect des délais, tenue inappropriée, propos déplacés, horaires fantaisistes, absences injustifiées, rendement plus que moyen… rien ne va plus ! Que faire face aux écarts de conduite d'un collaborateur ? Comment le remettre sur les rails ? Une chose est sûre : il faut réagir vite, mais pas à chaud.
11:0024/04/2019
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 7 | Avril 2019

auses à rallonge, usages intempestifs du smartphone (appels, SMS, tchat sur les réseaux sociaux…), oublis d'équipements, utilisation du matériel de l'entreprise à des fins personnelles, comportements inappropriés vis-à-vis d'un client… les griefs envers un salarié peuvent être nombreux, avec une importance variable pour la bonne marche de l'entreprise.

Faire comme si de rien n'était n'est pas une solution. À terme, cela risque de décrédibiliser votre position de manager.

 

Asseoir son autorité

Mais qu'est-ce que l'autorité ? Dans l'imaginaire collectif, elle renvoie aux relations parents-enfants ou au stéréotype du supérieur hiérarchique abusant de son pouvoir. Deux images peu flatteuses. Cela montre à quel point la notion d'autorité est confuse.

Il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme. Avoir de l'autorité ne signifie pas forcément mener ses troupes tel un dictateur, les contrôlant et les contraignant, ne leur laissant aucun espace de liberté.

C'est avoir le pouvoir de décider et/ou de commander. Étymologiquement, le mot autorité a la même racine latine qu'auteur : auctor, dérivé de augere (faire croître).

Avoir de l'autorité en tant que manager induit ainsi que vous êtes à l'origine de quelque chose.

C'est avant tout être reconnu, entendu, écouté et suivi

Si des collègues peuvent devenir amis au travail, ce qui, d'ailleurs, améliorera la productivité de l'équipe, la même relation entre le manager et ses équipes n'aura probablement pas les mêmes effets. Il ne faut pas pour autant être distant et froid, mais simplement encourager des interactions et des retours francs et directs sans mélange des genres.

Un leader sûr de lui sait quand il peut être relax avec ses équipes et quand il faut resserrer la vis.

En principe, l’autorité s’exerce sans forcer. Sa finalité n’est pas de contraindre, mais de convaincre.

Sans manifestation d'autorité, le rapport est, au mieux, déséquilibré et, au pire, inversé. Il est donc important de maintenir l'équilibre entre fermeté et souplesse.

Il s'agit de poser les limites à ne pas dépasser, de ce qui est négociable ou pas.

Les non-dits et les propos flous sont les pires ennemis de l'autorité. Vos collaborateurs doivent savoir précisément ce qu'ils encourent en cas de non-respect des règles.

Proximité, camaraderie, paternalisme ou bien distance respectueuse ? Quel comportement adopter vis-à-vis de vos salariés ? Existe-t-il une attitude idéale ?

L'important est d'avoir conscience du type de relation que vous voulez instaurer avec vos collaborateurs, puisqu'à partir de là va se poser une question fondamentale : comment poser des limites ?

Après des années à travailler ensemble, vous connaissez bien vos collaborateurs et vous craignez peut-être de ne plus être apprécié si vous recadrez l'un d'eux. En cas de dysfonctionnement, la tentation est alors grande de ne rien dire: " Après tout, cela finira par passer…" Mais en ne disant rien, vous courez le risque que le reste de l'équipe adopte le même comportement.

Certains comportements vous gênent, vous avez détecté un problème ? Ne restez pas passif, n'attendez pas pour agir, sinon vous risquez d'accumuler les frustrations et de vous exposer au stress.

Assumer votre rôle et vos responsabilités de manager, c'est prendre des décisions parfois difficiles, c'est oser dire clairement les choses, même quand elles ne sont pas agréables à entendre. Exprimer son désaccord sans entrer dans les jeux de pouvoir, sans être offensif ni culpabilisant, en ayant comme objectif d'entrer dans une dynamique de progrès est une méthode qui peut être appliquée simplement.

 

Face à des situations conflictuelles, garder la maîtrise

Par nature, l'être humain est hostile au conflit. Certains ont ainsi pour habitude de remettre toute explication à plus tard.

Nous avons tous tendance à penser que pour être apprécié, il nous faut être sympathique, compréhensif, pacifique, etc.

Le manager qui doit effectuer un recadrage est dès lors confronté à deux difficultés : il ne sait pas toujours comment faire et il est impliqué émotionnellement.

Par ailleurs, l'idée d'avoir à recadrer peut être génératrice d'agacement (« depuis toutes les années qu'il travaille ici, Il devrait comprendre tout seul que cela ne se fait pas?! ») et de peur (de s'énerver, de passer pour le méchant, notamment lorsqu'on est plutôt cool…).

Aucun manager ne peut se permettre de laisser un de ses collaborateurs remettre en cause son autorité, sous peine de voir la cohésion de son équipe menacée, voire détruite.

Mais le recadrage est nécessaire. Sinon, un sentiment d'injustice chez les autres pourrait naître, ils pourraient légitimement se poser des questions : le chef ne voit rien, il s'en moque, il a ses chouchous, etc. Quelle que soit la conclusion des collaborateurs, elle met en cause la solidité du cadre et l'aptitude du chef à manager.

10 règles d'or pour réussir l'entretien de recadrage

  1. Rencontrer rapidement le collaborateur individuellement, en l'absence de tiers.
  2. Distinguer l'erreur et le collaborateur.
  3. Proscrire toute agressivité à l'égard de la personne.
  4. Se focaliser sur des faits en disant, par exemple : « J'ai constaté que… »
  5. Montrer les conséquences de l'erreur.
  6. Vérifier l'accord du collaborateur sur les faits désignés.
  7. Exprimer un ressenti personnel en tant que manager : « Je suis inquiet car » ou « Je suis en colère car… »
  8. Inviter à la mise en place d'un plan d'action que le collaborateur pourra lui-même proposer et formaliser ensuite.
  9. Obtenir l'engagement du collaborateur à respecter ce plan.
  10. Conclure en rassurant le collaborateur sur l'estime qu'on lui porte : « J'ai confiance en toi. J'apprécie ton travail. Je sais que tu feras en sorte que les choses rentrent dans l'ordre. »

Comment dire au collaborateur que cela ne va pas ?

Il est impossible de modifier une personnalité, du moins à l'âge adulte. En revanche, il est possible d'amener quelqu'un à comprendre qu'il n'a pas la bonne attitude et l'inciter à en changer.

 

Voici quelques conseils lorsqu'un rappel à l'ordre est nécessaire.

 

Ne pas réagir à chaud. Sauf si la situation l'impose. Auquel cas il est nécessaire d'appliquer quelques règles de base : respirez, ne vous emportez pas, relatez les faits de manière objective et faites valider ce constat par la personne, impliquez le fautif dans la réparation de l'incident, puis définissez une rencontre à froid pour faire le point plus sereinement.

 

Préparer soigneusement le recadrage. Pas de place à l'improvisation. Un recadrage étant difficile et chargé d'émotions, vous devez prendre le temps pour faire le point et penser à ce que vous allez dire et comment.

Listez vos arguments et les exemples concrets permettant d'appuyer vos propos. Il est possible que vous ayez en face de vous quelqu'un dans le déni ou la contestation.

Ensuite, il vous faudra organiser l'entretien avec votre collaborateur, que vous aurez pris soin de prévenir. Rien de pire que d'être mis au pied du mur?!

Assurez-vous de n'être pas dérangé et prévoyez le temps nécessaire.

 

Être clair sur ce que vous reprochez. Pesez vos mots - il est inutile de rabaisser la personne - et énoncez très explicitement à votre collaborateur en quoi son comportement vous dérange.

Ne prêtez pas d'intention. Évitez la formule de type : « Quand tu arrives en retard, tu te fiches du monde. » Dites plutôt : « Quand tu arrives en retard, nous sommes quatre personnes à t'attendre » Exprimez clairement ce que vous attendez de sa part à l'avenir. Restez constructif.

J'ai pu constater que les choses se passaient ainsi. Pourrait-on envisager qu'elles puissent se passer autrement? Que faudrait-il faire pour que la situation évolue?

En fonction du contexte, de l'objet de l'entretien, du comportement du collaborateur, de l'historique de ce dernier, vous adapterez votre stratégie, soit en proposant la solution (souhaitable lors d'un entretien de recadrage)?; soit en demandant la solution au collaborateur (possible lors d'un entretien de cadrage et variable selon l'autonomie du collaborateur)?; soit en élaborant un plan d'action?; soit en fixant un ultimatum.


Ne pas recadrer la personne en tant que telle, mais son comportement. Ce qui est en cause relève du verbe faire et non du verbe être. Abstenez-vous de tout jugement de valeur sur ce qu'il est.

Présenter les répercussions sur le travail de l'équipe, l'entreprise… Cela permet de mettre l'incident à sa juste place et de lui donner sa vraie mesure.

Pratiquer l'écoute active en laissant s'exprimer le fautif et en s'assurant qu'il est réceptif. Il est important que chacun puisse s'exprimer librement et entende ce que l'autre a à dire. Cela facilitera la suite de la relation et participera à la mise en place d'un climat de confiance.

S'assurer de la bonne assimilation de votre rappel à l'ordre. Vous devez être sûr que votre collaborateur a bien compris la situation, votre ressenti, vos besoins et vos attentes.

Pour cela, demandez-lui de reformuler ce que vous venez de dire, ainsi que les décisions prises d'un commun accord.

Et après le recadrage, contrôler. Après un entretien de recadrage, le collaborateur est censé ne plus avoir de problèmes. En cas de récidive, il n'est plus dans l'erreur, car il connaissait la règle : il commet une faute professionnelle, un hors-jeu?!

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